« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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15 novembre 2014
Au sommet de l’APEC à Beijing les 10 et 11 novembre, les dirigeants de la Chine et du Japon se sont rencontrés. Après d’intenses discussions préalables en coulisse, ils ont signé un accord historique prévoyant de relancer leurs échanges diplomatiques et leur coopération stratégique.
Si le Premier ministre Abe demandait depuis un certain temps une rencontre avec le président Xi Jinping, les Chinois avaient insisté sur certains préalables, les plus importants étant la reconnaissance par Tokyo de l’existence d’un problème de souveraineté sur les îles de Diaoyu/Senkaku disputées depuis longtemps, et l’abandon par Abe et les autres dirigeants japonais de leurs visites au sanctuaire Yasukuni-jinja, sanctuaire dédié aux Japonais morts à la guerre, dont plusieurs criminels de guerre de la Seconde Guerre mondiale.
Enfin, le 7 novembre, Shotaro Yachi, directeur du Conseil de sécurité nationale japonais, a rencontré le conseiller d’Etat Yang Jiechi à Beijing afin de négocier un accord en quatre points, qui offre une sortie diplomatique pour ces deux problèmes et souligne la nécessité de « relancer graduellement un dialogue politique, diplomatique et sécuritaire ».
En établissant des relations avec le Japon en 1972, Deng Xiaoping décida de remettre à plus tard la question de la souveraineté des îles disputées, afin de faire avancer les relations entre-temps. Le nouvel accord semble revenir à cette position.
Ce rapprochement, certes encore timide, entre Tokyo et Beijing n’est sans doute pas pour plaire à la Maison Blanche, car Barack Obama après sa déroute électorale, s’apprêtait à faire sa tournée en Asie. En effet, son principal allié dans la guerre contre la Chine, c’est-à-dire le Japon, vient de signer un accord visant à apaiser les tensions.
En outre, après l’annonce de l’accord, les ministres des Affaires étrangères et du Commerce des deux pays se sont rencontrés séparément le 7 novembre, en marge de l’APEC, pour discuter d’autres différends. Washington compte beaucoup sur Tokyo pour rejoindre son Partenariat trans-pacifique de libre-échange, qui est ouvertement anti-chinois, mais qui impliquerait d’éliminer les subventions à l’agriculture japonaise, ce qui est vivement rejeté dans le pays. A la place, les Japonais pourraient envisager de s’orienter vers la proposition chinoise de développer une « feuille de route » pour une future Zone de libre-échange de l’Asie-Pacifique.