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Angela Merkel appelle à un super commissaire fiscal européen

24 octobre 2012

L’un des aspects frappants de la désintégration des économies nationales appartenant au système de l’euro est le rôle qui revient à Berlin. Alors que la « construction de l’Europe » implique la victimisation de toutes les nations souveraines, y compris l’Allemagne, la chancelière Merkel, en insistant coûte que coûte sur une austérité meurtrière et un contrôle politique des Etats membres, crée l’impression que Berlin reprend de vieux rêves de domination européenne. En réalité, tous les acteurs dans le drame européen qui se joue suivent un profil préétabli, et Merkel n’y échappe pas. Or ceux qui dénoncent les « mauvais » Allemands ne proposent pas de solution, sinon leur propre version de « plus d’Europe ». Les auteurs du script sont les mêmes élites oligarchiques supranationales qui ont façonné les deux guerres mondiales précédentes, en montant les nations européennes les unes contre les autres.

Considérons les commentaires de Merkel peu avant le sommet européen des chefs d’Etat et de gouvernement à Bruxelles le 18 octobre, où elle proposait qu’un commissaire européen à l’économie soit doté du pouvoir de mettre son veto au budget national des Etats membres. Elle a tout de même reconnu que certains d’entre eux n’étaient pas encore prêts à franchir le pas. Toutefois, a-t-elle ajouté, si on en était là, « nous en serions au point où nous aurions besoin de quelqu’un au sein de la Commission [européenne] ayant l’autorité de le faire », qui serait alors le commissaire à l’économie. Cela implique bien sûr un énorme transfert de souveraineté vers Bruxelles.

Cependant, ni Merkel ni son ministre des Finances Wolfgang Schäuble n’ont inventé cette idée. Peu après la signature du traité de Lisbonne en décembre 2007, le directeur du FMI de l’époque, Dominique Strauss-Kahn, avait proposé que le traité soit complété par la création d’un ministre européen des Finances. L’ancien Président de la Commission européenne Jacques Delors et bien d’autres ont fait des propositions similaires.

Comme Helga Zepp-LaRouche l’écrivait le 20 octobre : « Jamais depuis 1945 on n’a vu en Europe un tel écart entre l’impression qu’ont les populations des Etats périphériques et de plus en plus de nations dites ’du cœur’ à l’égard d’une politique, qu’elles ressentent comme une menace à leur existence même, et l’assurance avec laquelle Madame Merkel continue à appeler à ’plus d’Europe’, en dépit des conséquences de cette politique. ’Nous ne devons pas décevoir les marchés’ est un autre de ses thèmes favoris. De toute évidence, dans sa tête, ’Europe’ et ’marchés’ sont synonymes depuis bien longtemps. »

Dans une interview au programme de Daniel Estulin « Desde la sombra » sur la chaîne Russia Today en version espagnole, Zepp-LaRouche a appelé les téléspectateurs à ne pas « confondre l’Allemagne et Mme Merkel. Parce que fort heureusement ce sont deux choses différentes. »

Une part croissante de l’opinion populaire – en particulier les vieilles générations – partage le point de vue de Zepp-LaRouche. On le voit dans un article de Ludwig Poullain, ex dirigeant de WestLB et de l’Association des caisses d’épargnes allemandes, publié le 5 octobre dans le magazine Cicero. Poullain appelle à mettre un terme à la fois aux politiques de renflouement et au système de l’euro, et tire un parallèle avec la politique des années 1930. S’il s’était réjoui à l’époque de la levée des censures de la période nazie, il déplore le fait que même des gouvernements élus dans des Etats démocratiques tentent de prescrire à leurs sujets la manière dont il doivent penser. Il dénonce Mme Merkel et Schäuble, qui se plient volontiers aux diktats des marchés pour sauver leur « homonculus » euro, qui flotte au dessus de l’Espagne, l’Italie et la France comme un nuage.

Suivie par ses « soldats en terre cuite », Merkel ne s’arrêtera que lorsque l’Allemagne sera elle aussi écrasée, écrit Poullain.

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