« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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13 novembre 2015
Les Prévisions économiques européennes de l’automne 2015, publiées par la Commission européenne, sont instructives à bien des égards. Elles font ressortir un écart frappant entre les pays qui sont membres de la zone euro et ceux qui ont gardé leur propre monnaie et qui ne sont pas soumis à l’austérité imposée par Bruxelles. Cet écart s’exprime dans les chiffres du PIB, mais aussi de l’emploi chez les jeunes, de la consommation et des investissements.
Pour 2015, la croissance moyenne du PIB dans la zone euro est estimée à 1,6 %, celle des pays hors zone euro à 2,7 %, soit presque le double.
La moyenne des 19 membres de la zone euro serait bien pire, sans l’Irlande qui a enregistré une augmentation de 6 % du PIB et l’Etat de Malte dont l’économie est négligeable, avec une croissance de 4,3 %. L’Irlande a pu obtenir ce chiffre grâce à un faible taux d’impôt sur les sociétés, qui attire les investisseurs, ainsi qu’à un déficit de 3,9 % en 2014, en violation évidente des critères de Maastricht.
Sans l’Irlande et Malte, la croissance moyenne des pays de la zone euro passe en-dessous de la barre de 1,1 %. Pour les trois pays qui constituent les deux tiers de l’EU (Allemagne, France, Italie), la croissance moyenne n’est que de 1,2 %.
De toute évidence, les pays dotés de leur propre monnaie ont profité d’une flexibilité monétaire, d’une expansion du marché intérieur, de dépenses financées à crédit ainsi que d’investissements publics. Dans le cas de la République tchèque, qui prévoit une croissance du PIB de 4,3 % (quatre fois celle des principaux pays de la zone euro), l’emploi a augmenté de 1,4 % et le taux de chômage officiel a été ramené à 5 % en 2015. Le rapport reconnaît que ceci est principalement dû à « des investissements publics particulièrement forts », mais précise que ce n’est qu’un « facteur temporaire » puisque les fonds mis à disposition par l’UE seront réduits. Autrement dit : c’est une méthode qui marche, mais nous allons cesser de l’appliquer !
D’autres pays qui ne sont pas dans la zone euro, tels que la Pologne, la Roumanie et la Suède, ont bénéficié d’une expansion du marché intérieur et d’une hausse des investissements.
La Grèce est un cas particulier. En vertu de la politique meurtrière de Bruxelles, son PIB a chuté de manière brutale, tout comme ses exportations, ses importations, la consommation des ménages et les investissements. Au lieu de reconnaître cet échec, le rapport met la responsabilité sur le gouvernement grec. Il affirme que « la non conclusion du deuxième Programme d’ajustement, le référendum de juin 2015 et la fermeture des banques qui en a découlé, ainsi que l’introduction de contrôles de capitaux » ont compromis la croissance.