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Le dilemme des banques centrales

27 janvier 2018

En 1995, Lyndon LaRouche publiait sa « triple courbe », appelée aussi « fonction d’effondrement typique », s’imposant ainsi comme la référence en matière de prévision de l’effondrement du système financier de 2007-2008. Le schéma illustre sous forme pédagogique les courbes divergentes de l’économie réelle d’une part, et des agrégats monétaires et financiers de l’autre, aboutissant à un écart impossible à combler – c’est-à-dire à un krach. Dans leur tentative de sauver le système, expliquait LaRouche, les banques centrales se heurteraient à un dilemme insoluble : ou bien provoquer une spirale hyperinflationniste avec l’expansion monétaire ou alors, pour dégonfler la bulle, provoquer une réaction en chaîne menant à la désintégration du système.

Malheureusement, la réforme financière proposée par LaRouche n’a pas été mise en œuvre et les mesures adoptées en 2008 ont aggravé la crise au lieu de la résoudre. C’est un fait reconnu aussi par William White, l’ancien économiste en chef de la Banque des règlements internationaux (BRI) et actuellement à l’OCDE. A Davos, au cours d’une interview avec le Daily Telegraph publiée le 23 janvier, il constatait : « Les banques centrales sont prises dans un « piège de la dette ». Elles ne peuvent pas continuer à maintenir des taux proches de zéro alors même que la pression inflationniste s’accroît au niveau international, parce que cela mènera à une bulle financière encore plus dangereuse, mais elles ne peuvent pas non plus augmenter à leur aise les taux sous peine de faire sauter le système. »

Et de mettre en garde : « Tous les indicateurs du marché ressemblent beaucoup actuellement à ce que nous avons vu avant la crise de Lehman, mais la leçon a quelque part été oubliée. »

En pratiquant l’assouplissement quantitatif, estime-t-il, les banques centrales « ont jeté de l’huile sur le feu », et nul ne sait ce qui se passera lorsqu’elles l’arrêteront.

Pour illustrer la détérioration de la qualité du crédit, White mentionne l’expansion d’un instrument non régulé de la dette, à savoir « les bons allemands Schuldschein ». Ces titres de créance, traditionnellement réservés aux sociétés allemandes, ont récemment attiré des clients internationaux n’ayant pas accès à d’autres formes de crédit nécessitant une notation. Ils ont ainsi été transformés en un genre de système bancaire de l’ombre. Aujourd’hui, 50 % de la dette sur Schuldschein est détenue à l’étranger. A titre d’exemple, la société Carillion, qui vient se déclarer en faillite, avait levé 112 millions de livres à l’aide de cet instrument.

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