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La séparation bancaire, ça marche ! L’exemple de la Chine

25 juillet 2017

En un peu plus de dix ans, les banques chinoises ont émis autour de 10 000 milliards de dollars de crédit alors que pendant la même période, la Réserve fédérale, la Banque centrale européenne ainsi que la BOJ, la banque centrale du Japon, généraient pour pour plus de 15 000 milliards de dollars en « assouplissement quantitatif ». Si les sommes sont globalement comparables, l’utilisation en diffère du tout au tout : le crédit émis par la Chine a été investi dans des activités productives, liées à l’économie réelle, l’argent du trio transatlantique a servi à nourrir la bulle spéculative, en plein développement suite au krach de 2008.

La Chine est devenue la locomotive de l’économie mondiale, ses crédits permettant de financer l’initiative Une Ceinture, une Route avec la construction d’infrastructures modernes, des projets scientifiques ambitieux dans le domaine de l’espace, de la fusion nucléaire, etc. Pendant ce temps, l’industrie en Occident s’effondre, les infrastructures sont en état de délabrement de plus en plus voyant, la pauvreté progresse et le chômage, dont les chiffres sont trafiqués, explose, tandis que de nombreux projets de recherche scientifique sont abandonnés.

Ce paradoxe s’explique par le fait que les banques chinoises fonctionnent selon le principe régulateur de la séparation bancaire de type Glass-Steagall, alors que les banques occidentales sont déréglementées et organisées sur le modèle de « banque universelle ».

Ironiquement, alors même que les Etats-Unis démantelaient les dispositions de la loi Glass-Steagall, la Chine introduisait de son côté ce même règlement, qu’elle a gardé depuis en dépit de pressions dans le sens contraire. Comme le faisait remarquer le 5 avril 2016 le Financial Times, en vertu de la Loi bancaire chinoise de 1995, les banques commerciales (publiques ou privées) n’ont pas le droit « de souscrire à des introductions en Bourse ou de faire fonction de courtier en Bourse, les deux plus grandes sources de revenus pour les sociétés financières ».

En 2003-2004, puis à nouveau en 2015 lorsque les profits bancaires reculaient, certains ont tenté de faire tomber le mur de séparation, en faveur du modèle de « banque universelle », mais les autorités ont résisté. La croissance économique a même augmenté après chaque décision de maintenir une séparation stricte. Certes, il existe des bulles dans l’économie chinoise mais les banques commerciales sont généralement protégées contre les retombées d’une crise dans le secteur financier.

Une conséquence de cette politique, c’est que les banques commerciales chinoises sont beaucoup plus engagées proportionnellement dans des prêts à l’économie réelle et aux entreprises que les mégabanques américaines et européennes.

Les revenus hors intérêts, qui représentaient 50-60 % du total en 2015 pour HSBC, JPMorgan Chase, Deutsche Bank, et Citibank, étaient inférieurs à 20 % pour la Banque de Chine, la Banque chinoise de Construction, la Banque agricole de Chine, et à 30% pour la Banque Commerciale et Industrielle de Chine.

Quoiqu’on en dise, et malgré leur part énorme du crédit à l’échelle mondiale, les banques commerciales chinoises ont une exposition aux produits dérivés inférieure à 3% du total détenu par les grandes banques du monde.

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