« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller

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La France a un nouveau gouvernement libéral et européiste, mais pour combien de temps ?

2 juin 2017

Le nouveau gouvernement annoncé le 17 mai, reflète la préoccupation majeure à court terme du nouveau Président de la République : obtenir une majorité pour gouverner aux prochaines élections législatives qui se tiendront les 11 juin et 18 juin prochains. L’assemblée nationale compte 577 députés, et son parti « En marche », fondé tout juste il y a 15 mois, n’en a pas du tout !

Pour obtenir cette majorité, il doit dépecer le Parti socialiste et Les Républicains. Pour l’heure, certains de leurs dirigeants ont voulu quitter leur parti pour rejoindre son gouvernement ; d’autres préfèrent le soutenir après avoir été réélus. C’est la raison pour laquelle « En marche » n’oppose pas des candidats contre un certain nombre de « pointures » issues des deux grands partis.

Par conséquent, le nouveau gouvernement est un patchwork de personnalités de la droite, de la gauche et du centre, avec en prime un écologiste utopiste, Nicolas Hulot, chapeautées par un Premier ministre issu de Les Républicains, Edouard Philippe, un proche d’Alain Juppé. En fonction de la composition de la nouvelle Assemblée nationale, le gouvernement sera probablement remanié.

Globalement, les médias chantent les louanges du « jeune » Président qui apportera une « bouffée d’air frais » à la France et l’Europe, mais au-delà des apparences, rien n’indique une rupture majeure par rapport à la politique du « système » qui gouverne la France depuis une trentaine d’années.

L’orientation politique esquissée jusqu’à présent par Emmanuel Macron est très libérale, avantageuse aux marchés et européiste. Il a appelé à un « gouvernement » de la zone euro, avec un ministre des Finances, et s’appuyant sur un parlement des pays de la zone euro. Et sur fond du débat grandissant sur la nécessité d’une défense commune de l’UE, la nomination à la tête du ministère de la Défense de Sylvie Goulard, une européiste des plus dures, n’est pas de bonne augure.

Il a déjà annoncé la poursuite d’une politique d’austérité budgétaire avec des coupes de 60 milliards d’euros, dont le non remplacement de 120 000 fonctionnaires partis à la retraite, pour ramener le déficit à 3 % du PIB en application des critères de Maastricht. Il a également promis de poursuivre le démantèlement du code de travail en permettant à des accords adoptés par une majorité dans une simple entreprise ou branche d’être étendus à l’ensemble des entreprises. S’il insiste là-dessus, des protestations de masse, sinon le chaos social, sont programmées.

On pourrait voir des inflexions cependant dans certains domaines tels que le nucléaire. Si Macron s’est engagé à poursuivre la politique de François Hollande consistant à réduire la part du nucléaire à 50 % du mix énergétique par rapport à son niveau actuel de 75 %, la date limite pour y arriver prévue pour 2025 pourrait être repoussée. Un problèmes pour Nicolas Hulot ? Des sources proches du nouveau gouvernement font savoir que Hulot, comme les autres ministres, ont rejoint M. Macron sur sa politique, et non sur la leur. Réponse après les législatives !

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