« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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21 octobre 2015
Avec la signature de l’Accord de partenariat transpacifique (TPP en anglais) arrachée le 5 octobre à Atlanta, l’on pouvait penser que le président Obama obtiendrait ce qu’il cherchait : un gigantesque accord de libre-échange à ajouter au « legs » de sa présidence. L’accord, signé par les Etats-Unis, le Japon et dix pays riverains du Pacifique, est en effet une pièce maîtresse dans l’arsenal anti-chinois concocté par l’administration Obama (son « Pivot Asiatique »).
Le Congrès ne disposera que de 90 jours pour l’examiner avant de passer au vote, où une simple majorité suffirait à le faire adopter. Or, son adoption n’est plus aussi sure.
Pour beaucoup d’Américains, toujours plus hostiles à Wall Street, le démantèlement des barrières commerciales ne favorise que les grands groupes multinationaux, au détriment des travailleurs. La confédération syndicale AFL-CIO s’y oppose et fait pression pour que les démocrates des deux chambres le rejette, notamment les 13 sénateurs et 28 députés qui en juin dernier avaient voté la procédure législative accélérée (fast track) réclamée avec insistance par Obama. (En vertu de cette procédure qui est passée de justesse, les élus n’ont pas le droit d’apporter la moindre modification au texte soumis par le Président, ils ne peuvent que voter Oui ou Non.)
Médecins sans Frontières, quant à lui, a averti que le TPP permettrait aux grands groupes pharmaceutiques de garder leur mainmise sur les brevets pour au minimum cinq ans, freinant ainsi la distribution des génériques dans le tiers monde. Même les factions conservatrices ont commencé à se distancier du libéralisme débridé du TPP – comme Donald Trump et d’autres candidats à l’investiture présidentielle.
La forte opposition populaire explique sans doute la décision de Hillary Clinton – annoncée soudainement la semaine dernière après des mois de tergiversation – de ne pas soutenir le TPP. Deux de ses rivaux, Bernie Sanders, en tête selon les sondages dans l’Etat de New Hampshire et au coude à coude dans l’Iowa, et Martin O’Malley, sont contre.
Comme le vote sur l’accord aura lieu en pleine campagne présidentielle, les pressions populaires s’exerceront sur les élus des deux partis pour qu’ils rejettent cet aspect du « legs » de Barack Obama.
Ajoutons que le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), le pendant pour l’Europe du TPP, est aussi très contesté.