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27 janvier 2018
Le Forum économique mondial, qui se targue de réunir une fois par an à Davos, en Suisse, les élites du monde de la finance et des affaires aux côtés de décideurs politiques, a fermé ses portes le 26 janvier sans qu’aucun dirigeant occidental n’ait proposé de nouvelles initiatives pour requinquer le système financier transatlantique exsangue.
Comme Helga Zepp-LaRouche l’avait fait remarquer dès l’ouverture de ce Forum, son aspect le plus positif était le thème choisi cette année : « Créer un futur partagé dans un monde fracturé ». Il renvoie en effet à l’appel lancé l’année dernière en cette même occasion par le président chinois Xi Jinping pour un « futur partagé pour l’humanité ». L’enthousiasme suscité par l’initiative chinoise « Une ceinture, une route » était, paraît-il, palpable parmi de nombreux participants, notamment dans le panel consacré à ce projet. La dynamique économique sous-jacente favorise définitivement la coopération « gagnant-gagnant ».
Le New York Times a reconnu cette réalité le 29 janvier dans un article de Keith Bradsher intitulé : « A Davos, la vraie vedette a sans doute été la Chine, pas Trump ». L’auteur note que le discours prononcé par Liu He, un proche conseiller du président Xi, fut parmi les plus suivis du Forum et que l’initiative Une ceinture, une route (IUCUR) s’est invitée dans de nombreuses discussions, surtout parmi les représentants du monde en voie de développement.
La délégation chinoise à Davos était conduite par Liu He, premier conseiller économique du président Xi depuis de longues années. Les grands changements survenus en Chine ces cinq dernières années sont en grande partie le résultat de ses conseils. Il fut l’un des rares intervenants à la station de ski suisse à évoquer les instabilités du système financier actuel.
Passant en revue les progrès de l’économie chinoise, Liu a constaté que la part de la consommation dans la croissance économique se monte actuellement à 58 %, soit une hausse de 4 % par rapport aux cinq années précédentes ; que le secteur des services fournit désormais 60 % du PIB et que 80 millions de Chinois se sont installés en ville depuis cinq ans, amenant le taux d’urbanisation à 58,52 %, alors que 10 millions doivent sortir de la pauvreté absolue cette année. Esquissant les perspectives globales adoptées à l’issue du XIXe Congrès du Parti, Liu a identifié une exigence majeure, une grande tâche et trois grandes batailles pour le gouvernement. L’exigence consiste à transformer l’économie d’une croissance à grande vitesse en développement de qualité, afin de la faire passer de « suffisante en quantité » à « suffisante en qualité », tout en augmentant les revenus par personne de 8000 dollars l’an à 10 000 et au-delà d’ici 2020. La principale tâche d’une réforme économique passe par l’élimination des capacités excédentaires, la réduction du parc immobilier et la diminution du ratio d’endettement. Quant aux trois batailles, elles consistent à éviter les risques (notamment de nature financière), réduire la pauvreté et combattre la pollution. Globalement, a-t-il précisé, le système financier doit devenir « plus adaptable afin de mieux servir l’économie réelle ».
Après quelques remarques sur l’importance de l’IUCUR, qui est ouverte à toutes les nations, comme il a tenu à le rappeler, Liu est revenu sur la crise financière. Malgré les premiers signes de reprise constatés l’année dernière et la possibilité d’une relance cyclique, il a tenu à avertir : « A un moment aussi déterminant, nous devons nous concentrer sur les retombées de la politique monétaire des principales économies du monde et sur les évolutions des marchés de la dette, des actions et des matières premières. A moyen terme, nous devons faire attention à la question de la productivité du travail et à l’évolution des taux d’épargne dans les grandes économies. Entre-temps, il reste à remédier à des problèmes fondamentaux au niveau de l’économie mondiale. De multiples risques et des incertitudes considérables apparaissent, sous forme d’un endettement élevé, de bulles d’actifs, de protectionnisme et de l’escalade de points chauds internationaux et régionaux. Pour transformer la relance cyclique en croissance durable, il faut des efforts mondiaux concertés. »
Nul doute que l’intervention de M. Liu He n’est pas passée inaperçu comme l’a bien remarqué Keith Bradsher qui ajoute « Certains participants ont déclaré que l’initiative chinoise fait déjà concurrence à des institutions internationales plus établies et traditionnellement dirigées par les Américains », avant de citer Joe Kaeser, le PDG de Siemens : « La ceinture et la route de la Chine va être la nouvelle OMC [Organisation mondiale du commerce] – qu’on le veuille ou non. »
Or, c’est une perspective que les élites néoconservatrices et géopolitiques occidentales ne sont pas prêtes à accepter. D’où les multiples dangers que pose la situation stratégique actuelle. L’un des principaux reste l’implosion du système financier, qui ne pourra être écarté qu’en mettant en œuvre les quatre « principes fondamentaux » énoncés par Lyndon LaRouche.
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