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Dix ans après Lehman, la séparation bancaire s’impose en Europe

12 septembre 2018

Depuis la dernière grande crise, les marchés financiers ont réussi à forcer les nations à renflouer les mégabanques grâce à un chantage simple : si vous ne nous sauvez pas, les citoyens ordinaires vont perdre toutes leurs économies. Toutefois, il existe une alternative, car une stricte séparation entre banques commerciales (gérant les dépôts) et les banques d’investissement empêcherait un effondrement financier de se transformer en tsunami pour l’économie réelle, les entreprises et les ménages. Et on pourrait la mettre en place relativement rapidement.

Une telle séparation, à l’instar du Glass-Steagall original des Etats-Unis, a été proposée par Lyndon LaRouche et l’Institut Schiller depuis au moins 2008. Aujourd’hui, de plus en plus de voix s’y joignent, y compris en provenance d’Europe :

* Dans une interview publiée le 15 septembre sur Euronews, l’économiste italien Giulio Sapelli prévient qu’il est question d’une crise financière bien plus grave que celle de 2008. Pour lui, la leçon à tirer de Lehman Brothers est la nécessité de « refaire une séparation entre banques commerciales et banques d’investissement, et mettre un terme aux banques universelles. Point final. »
https://it.euronews.com/2018/09/14/lehman-brothers-dieci-anni-dopo-anche-peggio-secondo-giulio-sapelli

La soi-disant crise des subprimes « ne s’est jamais arrêtée », a-t-il poursuivi. Nous avons maintenant « plusieurs milliers de milliards de produits dérivés » et n’importe quelle banque ou opérateur financier peut battre monnaie. « Mais quel genre d’argent ? » Sa réponse : des produits dérivés de gré à gré qui permettent de « comptabiliser une dette comme un actif du simple fait que je vends la dette via des collatéraux et des leviers financiers ».

L’économiste italien est convaincu qu’aujourd’hui, les banques centrales et les gouvernements seraient incapables d’empêcher l’effondrement. Ainsi, « la seule solution est un accord pour éliminer les banques universelles et les produits dérivés. Mais il s’agit d’un choix politique et je pense que personne (…) ou plutôt tous les partis politiques d’une manière ou d’une autre sont influencés par le soft power ou le sharp power des banques d’investissement. Il suffit de voir où finissent les Premier ministres partout dans le monde : c’est là qu’ils trouvent un emploi. »
 
* Günter Grzega, l’ancien président de la Sparda Bank, une banque d’épargne basée à Munich, voit dans la « dérégulation » du système bancaire la cause de la crise financière, et propose la séparation bancaire pour éviter que « la crise se répète ». Son appel a été couvert par le site australien kontrast.at

* Le même thème est soulevé dans un article du journal allemand Finanzmarktwelt, dont l’auteur, Claudio Kummerfeld, appelle à une séparation bancaire sur le modèle de la loi Glass-Steagall. En référence à la menace systémique que représente la Deutsche Bank, il souligne que dans le cadre d’une séparation bancaire, la banque pourrait être coupée en deux, ce qui permettrait à une banque d’investissement séparée d’accuser des pertes à Londres, sans affecter « les dépôts dans une banque primaire séparée en Allemagne ». La précondition serait de sortir le secteur d’investissement de la banque elle-même. L’Allemagne serait certes dépourvue d’un atout d’envergure internationale dans la sphère bancaire, mais le système serait d’autant plus à même d’encaisser les prochains chocs financiers. Et pour ceux qui sont incapables de vivre sans banque d’investissement, ils pourraient tout simplement utiliser la branche de la Deutsche Bank à Londres. https://finanzmarktwelt.de/deutsche-banken-der-jetzige-niedergang-kann-in-der-naechsten-finanzkrise-ein-grosses-plus-fuer-deutschland-sein-101020/.

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