« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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29 janvier 2015
Dans un contexte de tension exacerbée, alors que la crise ukrainienne s’embrase à nouveau et que les Etats-Unis et la Russie modernisent leur triade nucléaire stratégique, trois insiders mettent en garde contre le danger de guerre nucléaire.
Dans un article publié le 25 janvier dans le Boston Globe, Ted Postol, expert en armement nucléaire, déplore le manque de confiance et de coordination militaire entre la Russie et les pays membres de l’OTAN, et le danger qu’une mineure erreur de calcul puisse provoquer un Armageddon thermonucléaire.
Deux anciens sénateurs américains, Sam Nunn et Richard Lugar, ont signé conjointement une tribune dans le Washington Post du 25 janvier. Ils avaient rédigé en 1991 la loi prévoyant que les Etats-Unis aident financièrement la Russie à démanteler et à sécuriser son arsenal nucléaire et ses stocks d’uranium enrichi et de plutonium. En décembre dernier, le Congrès américain a mit fin à ce programme de financement, et la Russie, conformément à ses avertissements, a pris la décision d’interrompre la plupart de ses opérations conjointes avec les Etats-Unis en matière de sécurité nucléaire.
Le commandant-en-chef de l’OTAN Philip Breedlove, qui jusqu’à présent ne s’était pas privé de menacer la Russie, a annoncé la semaine dernière sa volonté de renouer le dialogue avec le chef d’état-major des armées russes, le général Genadi Guerasimov. Il a par ailleurs refusé de confirmer les allégations de Kiev concernant la présence de milliers de soldats russes dans l’est de l’Ukraine.
En effet, il devient impérieux de maintenir des contacts directs avec les dirigeants militaires russes « sur une base non politique ». L’animosité personnelle du président Barack Obama à l’égard de Vladimir Poutine, cantonne le dialogue politique entre Washington et Moscou au niveau du secrétaire d’Etat John Kerry et de son homologue Sergueï Lavrov, ce qui exclue les questions militaires stratégiques.
Alors que Washington accuse Moscou de violer certains traités sur le contrôle des armements nucléaires, le Pentagone poursuit la mise au point et le déploiement d’une nouvelle génération d’armes nucléaires tactiques destinées à être positionnées dans l’est de l’Europe et pouvant viser la Russie.
Ted Postel fait remarquer dans son article, que suite à la détection d’une première frappe, le temps nécessaire pour déclencher une attaque nucléaire de représailles, a été réduit de cinq minutes à seulement trois aujourd’hui. Dans ce contexte, il demande instamment aux Etats-Unis de mettre fin à leur programme de modernisation des forces nucléaires, qui donne l’impression qu’ils « se préparent à mener une guerre nucléaire contre la Russie, et à la gagner. Les instruments de dissuasion nucléaire actuellement disponibles, avec quelques modifications mineures, suffisent largement. »