« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller

Accueil > Veille stratégique

De la chute de BoJo et de l’Empire britannique

12 juillet 2022


Craig Murray, diplomate britannique, lanceur d’alerte, ancien ambassadeur du Royaume-Uni en Ouzbékistan et, par ailleurs, critique acharné de l’Empire britannique, a publié un article sur son site Web le 6 juillet (repris sous forme éditée dans Consortium News le 7 juillet), intitulé « La mort de l’État impérial britannique ». Il écrit :

« Tous les empires se terminent dans l’ignominie. Le Royaume-Uni touche à sa fin, non pas avec un bang mais avec un pet. »Dans un siècle, le récit historique dominant sera chinois, et les historiens chinois s’interrogeront sur la façon dont Boris Johnson est tombé à cause d’un mensonge sur ce qu’il savait du harcèlement sexuel d’un membre important de son gouvernement. Des articles érudits seront rédigés pour savoir si cela était vraiment la cause ou si la crise socio-économique sous-jacente causée par l’inflation et le Brexit était le véritable facteur déterminant. Des livres chinois (ou leur équivalent technologique) seront écrits sur la crise du néolibéralisme et sur la façon dont la société occidentale a atteint des niveaux insoutenables de concentration du capital et d’inégalité des richesses."

Murray observe que « le néolibéralisme a réussi à détruire les valeurs sociétales, à tel point qu’un comportement antisocial, voire sociopathe, ne paraît plus singulier. (...) Dans une société où l’autorité tolère, et construit un système permettant, des fortunes personnelles de 200 milliards de dollars ou plus, alors que des millions d’enfants dans le même pays sont véritablement affamés et mal logés, quelles valeurs la structure sociopolitique dit-elle aux gens d’avoir ? »

Quant à « BoJo », il note avec un humour féroce : « La puissance militaire, économique et politique du Royaume-Uni s’est effondrée, tout comme ses mœurs politiques, en bien comme en mal. Johnson n’est qu’un étron rejeté à la surface de l’égout jaillissant du déclin britannique ».

Déclarant que le Royaume-Uni est en train de se disloquer, avec probablement l’indépendance de l’Écosse, la réunification de l’Irlande, et même l’indépendance du Pays de Galles, Murray conclut : « Le Royaume-Uni est dans la tourmente sociopolitique depuis 2016 et entre maintenant dans une crise économique profonde. Ces jours mêmes sont la fin-des-temps du Royaume-Uni. Réjouissez-vous ! »

Craig Murray conclut en laissant le dernier mot « à ce grand radical qu’est Percy Bysshe Shelley », avec son poème immensément populaire contre l’Empire britannique : Ozymandias.

 
Ozymandias
 
Jadis, un voyageur d’une contrée antique
vint me dire : « Il y a, dans ces lieux désertiques
deux jambes de granit dépossédées d’un buste ;
à leurs pieds, les éclats d’un visage robuste
 
montrent les sourcils forts, la lèvre autoritaire,
que le sculpteur a su lier au caractère
qui survit aujourd’hui dans ces vestiges froids
à la main et au cœur qui l’ont conçu deux fois.
 
Et sur le piédestal apparaissent ces mots :
" Je suis Ozymandias, Roi des rois. Admirez
mon œuvre, ô vous, puissants, et en désespérez ! "
 
Il ne reste plus rien au-delà des morceaux
du colosse estropié que l’immensité nue
du sable, à l’infini, qui s’étend sous les nues. »

Traduction en français par Jérôme Roustan

Ozymandias
 
I met a traveller from an antique land
Who said : « Two vast and trunkless legs of stone
Stand in the desert. Near them on the sand,
Half sunk, a shattered visage lies, whose frown
 
And wrinkled lip and sneer of cold command
Tell that its sculptor well those passions read
Which yet survive, stamped on these lifeless things,
The hand that mocked them and the heart that fed.
 
And on the pedestal these words appear :
`My name is Ozymandias, King of Kings :
Look on my works, ye mighty, and despair !’
 
Nothing beside remains. Round the decay
Of that colossal wreck, boundless and bare,
The lone and level sands stretch far away ».

Percy Bysshe Shelley

Votre message