’Pacem in Terris’ et civilisation de l’amour

Je suis vraiment désolée de ne pas pouvoir assister en personne à la conférence, comme je l’espérais. Vous vous souvenez peut-être de moi lors de la conférence de 2019. Certains d’entre vous me connaissent pour le travail que j’ai effectué avec Helga et Lyndon LaRouche en 1988, pour la première conférence sur la question du « diapason de Verdi » à Milan, où je vis.

Malheureusement, l’année dernière, la maledizione de Rigoletto semble m’avoir frappée et je ne peux plus voyager pour des raisons de santé. Helga m’a demandé de vous envoyer un message, et j’ai pensé qu’étant donné la situation dramatique que nous connaissons tous en Europe, avec nos gouvernements européens qui ignorent carrément la volonté de leurs peuples et se lancent dans la guerre, je devrais citer deux géants de mon pays, l’Italie, pour faire naître une lueur d’espoir : L’un est le compositeur Giuseppe Verdi et l’autre est le pape Jean XXIII, dont l’encyclique Pacem in Terris (Paix sur terre), publiée le 11 avril 1963, puis traduite en russe et en anglais, a joué un rôle clé dans le processus de paix entre John F. Kennedy, le président américain, et Nikita Khrouchtchev, le président russe, comme cela a été reconnu lors d’une récente conférence à Rome, à l’Ara Pacis, à l’occasion du 60e anniversaire du célèbre « discours de la paix » prononcé par JFK à l’Université américaine.

Dans une récente déclaration en tant que présidente de Movisol, en soutien à l’organisation d’un référendum en Italie, exigeant, en vertu de la Constitution italienne, l’arrêt de l’envoi d’armes à l’Ukraine, j’ai fermement dénoncé notre Première ministre italienne Giorgia Meloni qui, lors du G7 à Hiroshima, main dans la main avec le président Joe Biden, a osé parler de « paix » alors qu’ils se préparent tous deux à une guerre contre la Russie et la Chine, y compris nucléaire. Cela m’a rappelé les mots utilisés par Giuseppe Verdi dans son opéra Don Carlos (inspiré de Friedrich Schiller), lorsque Rodrigue dit au roi Philippe d’Espagne que sa soi-disant « paix » pour les Flandres est une « paix horrible, horrible, la paix des tombes » (orrenda, orrenda pace, la pace dei sepolcri). Une expression très similaire a été utilisée par JFK lors de son discours à l’Université américaine, lorsqu’il a déclaré qu’il ne voulait pas d’une « pax americana, une paix des tombes », mais d’une véritable paix pour tous les peuples et pour tous les temps.

Le pape Jean XXIII partageait le point de vue de JFK. Dans son encyclique, il affirme très clairement que la fabrication d’armements ne peut conduire qu’à une troisième guerre mondiale, et que seul un traité de désarmement, comme celui promu quelques mois plus tard par JFK, pourrait prévenir ce danger. Il a écrit :

« On a coutume de justifier les armements en répétant que dans les conjonctures du moment, la paix n’est assurée que moyennant l’équilibre des forces armées. Alors, toute augmentation du potentiel militaire en quelque endroit provoque de la part des autres États un redoublement d’efforts dans le même sens. Que si une communauté politique est équipée d’armes atomiques, ce fait détermine les autres à se doter de moyens similaires d’une égale puissance de destruction.

 

« Et ainsi les populations vivent dans une appréhension continuelle et comme sous la menace d’un épouvantable ouragan, capable de se déchaîner à tout instant. Et non sans raison, puisque l’armement est toujours prêt. Qu’il y ait des hommes au monde pour prendre la responsabilité des massacres et des ruines sans nombre d’une guerre, cela peut paraître incroyable ; pourtant, on est contraint de l’avouer, une surprise, un accident suffiraient à provoquer la conflagration. Mais admettons que la monstruosité même des effets promis à l’usage de l’armement moderne détourne tout le monde d’entrer en guerre ; si on ne met pas un terme aux expériences nucléaires tentées à des fins militaires, elles risquent d’avoir, on peut le craindre, des suites fatales pour la vie sur le globe. »

Nécessité du désarmement

« La justice, la sagesse, le sens de l’humanité réclament par conséquent qu’on arrête la course aux armements ; elles réclament la réduction parallèle et simultanée de l’armement existant dans les divers pays, la proscription de l’arme atomique et enfin le désarmement dûment effectué d’un commun accord et accompagné de contrôles efficaces. Il faut empêcher à tout prix, proclamait Pie XII, que la guerre mondiale, avec ses ruines économiques et sociales, ses aberrations et ses désordres moraux, déferle une troisième fois sur l’humanité. »

Sa dernière prière nous rappelle également la Paix de Westphalie, souvent citée par Helga Zepp-LaRouche, et le concept de pardon :

« Prions donc avec ferveur pour cette paix que notre divin Rédempteur est venu nous apporter. Qu’il bannisse de l’âme des hommes tout ce qui peut mettre en danger la paix. Qu’il transforme tous les hommes en témoins de la vérité, de la justice et de l’amour fraternel. Qu’il illumine de sa lumière l’esprit des gouvernants, afin qu’en plus de veiller à la bonne santé matérielle de leurs peuples, ils leur garantissent le don le plus beau de la paix. 

 

« Enfin, que le Christ enflamme le désir de tous les hommes de franchir les barrières qui les divisent, de renforcer les liens de l’amour mutuel, d’apprendre à se comprendre et de pardonner à ceux qui leur ont fait du tort. Par sa puissance et son inspiration, que tous les peuples s’accueillent dans leur cœur comme des frères, et que la paix à laquelle ils aspirent fleurisse et règne toujours entre eux. »

Puissent donc le pape Jean XXIII, John F. Kennedy et Giuseppe Verdi nous inspirer tous à lutter pour une paix véritable, qui ne peut venir que du respect et du développement du reste du monde.