« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller

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Visio-conférence internationale 25-26 avril 2020

Pour des relations pacifiques et productives entre la Chine et les États-Unis

Session 1

2 mai 2020

discours de S.E.M. l’Ambassadeur Huang Ping, Consul général de la République populaire de Chine à New York
« Pour un avenir meilleur : Proposition de principes nécessaires pour assurer des relations pacifiques et productives entre la Chine et les États-Unis »

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Mesdames et Messieurs,

C’est avec grand plaisir que je me joins à cette vidéoconférence organisée par l’Institut Schiller. Nous nous réunissons à un moment difficile où la pandémie de COVID-19 ravage le monde. De nombreuses familles ont souffert de cette maladie et ont perdu certains de leurs proches. D’innombrables soignants luttent contre le virus en première ligne. D’entrée de jeu, je tiens à exprimer mes sincères condoléances à toutes les familles en proie au malheur et à rendre un grand hommage à ceux qui occupent encore des postes en ces temps extrêmement difficiles.

La Chine fut parmi les premiers pays durement touchés par le COVID-19. Sous l’attaque soudaine d’un ennemi inconnu, le gouvernement chinois et le peuple chinois n’ont pas été intimidés et ont réagi vigoureusement. Nous avons mis le bien-être de la population au premier plan depuis le début de l’épidémie. Nous avons agi selon le principe général de renforcer la confiance, l’unité, d’assurer un contrôle et un traitement fondés sur la science et d’imposer des mesures ciblées. Nous avons mobilisé toute la nation, mis en place des mécanismes collectifs de contrôle et de traitement et agi avec ouverture et transparence. Nous avons mené une guerre populaire contre le virus. Avec de gros efforts et de grands sacrifices, la Chine est devenue l’un des premiers pays à endiguer l’épidémie. La transmission intérieure [en Chine] a été en grande partie bloquée. Le nombre de cas confirmés est tombé à environ un millier, avec une augmentation quotidienne de quelques dizaines de cas, qui sont principalement des cas importés. Entre-temps, la Chine a réussi à rétablir progressivement son économie et sa société. À travers le pays, 98,6 % des grandes usines industrielles ont repris la production et 89,9 % des employés en moyenne sont déjà de retour au travail, une force importante pour remettre l’économie mondiale sur les rails.

Depuis l’apparition de l’épidémie de COVID-19, la Chine s’est associée activement aux efforts mondiaux de lutte contre la maladie de manière ouverte, transparente et responsable. La Chine a informé en temps opportun l’OMS, fait connaître la séquence du génome du virus et partagé sans réserve son expérience en matière de prévention et de traitement. Nous offrons notre aide au mieux de nos capacités, ce qui a été largement reconnu par l’OMS et la communauté internationale. Le président Xi Jinping a eu des entretiens téléphoniques avec 29 dirigeants de pays et d’organisations internationales, il a assisté au sommet extraordinaire des dirigeants du G20 sur le COVID-19. Le Premier ministre Li Keqiang a également parlé par téléphone avec plusieurs dirigeants étrangers et a participé au Sommet spécial ASEAN + 3 sur le COVID-19. Entre le 1er mars et le 10 avril, la Chine a exporté environ 7,12 milliards de masques, 55,57 millions de vêtements de protection, 3,59 millions de thermomètres infrarouges, 20 100 ventilateurs et 13,69 millions de paires de lunettes de protection. A la date du 12 avril, nous avons envoyé 14 groupes d’experts médicaux dans 12 pays, et les experts médicaux chinois ont organisé 83 vidéoconférences avec leurs homologues de 153 pays pour aider les pays concernés à répondre à l’épidémie.

Dans le même temps, nous nous soucions toujours de la sécurité et de la santé des citoyens chinois à l’étranger. L’ensemble du front diplomatique a été mobilisé et déployé rapidement pour recueillir des informations de base sur les ressortissants chinois à l’étranger et leurs difficultés. Nous les avons ralliés à une campagne unie contre le virus grâce à l’entraide. Nous les avons aidés à accéder à des prestataires de santé locaux et à des diagnostics à distance, grâce à la télémédecine, avec ceux de Chine. Nous avons envoyé des équipes de travail conjointes pour offrir des services et du soutien. Nous avons mis en place un mécanisme spécial de protection consulaire et planifié des vols d’avions pour ramener chez eux des citoyens chinois bloqués à l’étranger en raison de l’épidémie. Nous trouvons des moyens de résoudre les problèmes des étudiants étrangers et livrons des kits de santé à tous les étudiants dans le besoin. Récemment, une tâche importante de mon consulat général a consisté à aider les étudiants chinois mineurs dans notre district consulaire à prendre des vols ad hoc vers la Chine. Bien que la ville de New York soit l’épicentre et qu’il y ait un risque élevé d’infection à l’aéroport, pour aider les étudiants à monter à bord, beaucoup de mes collègues ont accepté la tâche sans hésitation.

Mesdames et Messieurs,

La pandémie ravage toujours le monde, avec plus de 200 pays et régions touchés, plus de 2 millions de personnes infectées et 160 000 morts. Elle devrait se répandre encore plus en Afrique, en Asie du Sud, en Amérique latine et dans d’autres régions sous-développées, faisant davantage de victimes. Les pays qui ont atteint le pic de la première flambée doivent être vigilants quant à la deuxième vague possible. Même si nous sortons de la pandémie, nous pouvons être confrontés à un effet domino : récession économique, troubles sociaux, crise alimentaire, vague de réfugiés et même conflits internationaux. Certains disent que c’est la plus grande crise à laquelle la société humaine est confrontée depuis la Seconde Guerre mondiale.

Partout dans le monde, les gens sont angoissés et attendent de la communauté internationale qu’elle trouve des solutions en commun. Etant les deux plus grandes économies du monde, la Chine et les États-Unis sont en train de devenir le centre de l’attention mondiale pour savoir s’ils peuvent guider les pays à surmonter cette crise.

Comme vous le savez, les relations sino-américaines se trouvent dans une période de difficultés sans précédent. Les États-Unis considèrent la Chine comme un concurrent stratégique majeur et mettent en œuvre une politique d’endiguement et de répression globale par le biais de la « stratégie gouvernementale globale ». En conséquence, cette relation est de plus en plus confrontée au risque de déraillement. Il reste encore beaucoup à faire pour que les deux pays abandonnent leurs divergences et se concentrent sur la coopération. Étant donné que l’impact perturbant de la crise se répand rapidement dans le monde, il est nécessaire de repenser notre approche vers l’intensification des relations sino-américaines, dans l’intérêt non seulement des deux pays, mais du monde en général. Je voudrais faire trois remarques à cet égard.

Premièrement, l’épidémie met en évidence l’interdépendance entre la Chine et les États-Unis. Aucune des parties ne peut survivre aux défis posés sans le soutien de l’autre. Au XXIe siècle, la tendance inarrêtable veut que les différents pays soient de plus en plus interconnectés, ayant ainsi de plus en plus d’intérêts et de défis communs. La société humaine est en effet devenue une communauté avec un avenir partagé. Face à des défis mondiaux tels que les maladies infectieuses, le changement climatique et le terrorisme, même de grandes puissances comme la Chine et les États-Unis ne peuvent combattre, l’une ou l’autre, toutes seules. Dans son récent appel téléphonique avec le président Trump, le président Xi a souligné que les deux pays devraient unir leurs efforts, renforcer la coopération dans des domaines tels que la préparation et la riposte aux épidémies, et contribuer à bâtir une relation basée non pas sur le conflit et l’affrontement, mais sur le respect mutuel et la coopération gagnant-gagnant. Cela indique la direction du développement futur de nos relations bilatérales. Pour l’avenir, les deux parties doivent renforcer leur coopération en matière de gouvernance mondiale dans les domaines de la santé publique, de l’économie et des finances, et établir des réseaux conjoints de prévention et de contrôle. Nous devons collaborer à l’élaboration de vaccins et de médicaments, mieux coordonner les politiques macroéconomiques afin de contrer la pression baissière sur l’économie mondiale et maintenir la stabilité et la prospérité mondiales.

Deuxièmement, l’épidémie a fait resurgir la profonde amitié entre les peuples chinois et américain, qui constitue le courant dominant de nos relations. Alors que le virus fait des ravages en Chine et aux États-Unis, nos deux peuples ont choisi de se soutenir mutuellement, et non l’indifférence à travers le Pacifique. Lorsque la Chine était dans une profonde détresse, des gens de divers secteurs de la société américaine nous ont prêté main forte, ce dont nous sommes toujours très reconnaissants. Aujourd’hui, les États-Unis sont devenus l’épicentre de la pandémie dans le monde, avec plus de 730 000 personnes diagnostiquées et près de 40 000 décès. Le peuple chinois est confronté aux difficultés que traverse le peuple américain et nous sommes disposés à offrir notre aide au mieux de nos capacités en retour. Selon des statistiques partielles, le gouvernement chinois à tous les niveaux, les entreprises et les organismes de bienfaisance ont fait don de masques, ventilateurs, combinaisons, gants et lunettes de protection aux États-Unis (cela concerne les dix Etats américains dont s’occupe mon district consulaire). Nous avons également aidé les États-Unis, notamment les dix Etats susmentionnés, à se procurer ce matériel en Chine. Au cours des dernières semaines, nous avons reçu de nombreux signes d’appréciation sincère du peuple américain. Je crois que l’amitié de nos deux peuples deviendra encore plus forte à travers le test de cette bataille. Nos deux gouvernements doivent prêter attention au courant dominant de nos deux peuples tout en renforçant cette relation. Nous ne pouvons pas être pris en otage par certains extrémistes qui continuent de semer des graines de discorde et de découplage entre nos deux nations.

Troisièmement, l’épidémie révèle que les relations sino-américaines sont toujours confrontées à des problèmes complexes. Pour résoudre les problèmes et les différences, nous devons cesser de faire appel au côté obscur de l’humanité et regarder le côté brillant. Depuis le déclenchement de cette épidémie, en particulier après l’aggravation de la situation aux États-Unis, nous y avons entendu de nombreuses voix négatives à propos de la Chine. Certaines personnes l’ont accusée d’avoir caché l’épidémie, d’autres ont même inventé l’histoire selon laquelle le virus provenait d’un laboratoire chinois et ont juré qu’elle aurait des comptes à rendre. Certaines personnes ont stigmatisé la Chine et discriminé les Chinois de souche. Je tiens à souligner qu’il existe différents points de vue sur la source du virus dans la communauté internationale. Le traçage des virus est un problème scientifique sérieux et doit être soigneusement évalué par des professionnels ayant des preuves scientifiques. Le COVID-19 est un virus complètement nouveau et sa diffusion épidémique était inattendue. Toutes les nations ont besoin de temps pour comprendre la situation et y répondre. Il était impossible pour la Chine d’émettre un avertissement au monde à un stade très précoce, à partir d’un petit nombre de cas affectés par une maladie inconnue.

Certains pays ont également confondu initialement le COVID-19 avec la grippe saisonnière ou la pneumonie. Les maladies infectieuses peuvent émerger dans n’importe quel pays ou groupe ethnique. Face à cette pandémie, nous devons faire de notre mieux pour prévenir la discrimination contre tout pays et groupe. Les citoyens américains peuvent également être confrontés à une discrimination croissante à l’étranger alors que la situation empire dans leur pays. Blâmer d’autres pays et en faire des boucs émissaires, inciter à la discrimination raciale et à la xénophobie, ne permettront pas au monde de faire face à l’épidémie et à ses conséquences, et ne nous aideront pas non plus à nous unir pour faire face à d’autres défis mondiaux à l’avenir. Ils ne feront que semer le chaos dans la gouvernance mondiale et causeront plus de tort aux peuples du monde entier.

Mesdames et Messieurs,

Comme l’ancien président américain John F. Kennedy l’avait souligné il y a très longtemps, « écrit en chinois, le mot ‘CRISE’ est composé de deux caractères : l’un représente le danger et l’autre, l’opportunité ». La crise du COVID-19 pose certes des défis sans précédent au monde, mais elle offre également aux pays des opportunités sans précédent pour innover. Je crois que si nous adoptons une perspective à long terme, si nous restons courageux, coopératifs et innovants, nous serons en mesure de surmonter les défis, de transformer cette crise en opportunité et de libérer la voie pour un avenir meilleur entre la Chine et les États-Unis, ainsi que pour le reste du monde.

Je vous remercie.

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