« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller

Accueil > Notre action > Conférences > L’existence de l’humanité dépend de la création d’un nouveau paradigme > Les discours de la conférence

Visio-conférence internationale 25-26 avril 2020

Coopération franco-chinoise en marchés tiers

Session 4

3 mai 2020

Discours de Mme YANG Yan, Conseillère politique, Ambassade de la République populaire de Chine à Paris

.

Avant de commencer, je tiens d’abord à remercier l’Institut Schiller pour son invitation à cette visio-conférence. C’est un grand plaisir de pouvoir y participer et je compte bien bénéficier de cette belle occasion pour échanger avec vous sur la coopération sino-française en marché africain.

En juin 2015, les gouvernements chinois et français ont publié une Déclaration commune sur la coopération pour le développement des marchés tiers, évoquant pour la toute première fois cette notion de « coopération en marché tiers ». Il s’agit non seulement d’une initiative majeure dans les relations sino-françaises, mais aussi d’une grande innovation du modèle de coopération internationale. L’essentiel consiste à rassembler efficacement la capacité de production supérieure de la Chine, les technologies de pointe de la France et les besoins de développement dans les pays en voie de développement. Cela permet d’aider les entreprises chinoises et françaises à se compléter et à promouvoir conjointement la croissance des industries, des infrastructures et le bien-être de la population des pays tiers pour obtenir l’effet selon lequel « un plus un plus un est supérieur à trois ».

La coopération en marché tiers revêt une signification particulière pour les pays africains dont la demande de développement est immense. Riche en ressources naturelles et humaines, l’Afrique souhaite vivement concrétiser ces atouts potentiels en développement pour avancer sur la voie de l’industrialisation, l’urbanisation et la modernisation. Afin de réaliser cet objectif, il faut des investissements considérables dans les infrastructures, la formation des femmes et des hommes et un soutien en matière de technologie, de capacité de production et de finance. Cela ne peut pas être fait par l’Afrique toute seule, pas plus qu’avec l’aide d’une seule partie venue de l’extérieur. Par contre, dans le cadre de la coopération en marché tiers, la Chine et la France peuvent, mettant en valeur leurs avantages respectifs tout en tenant en compte de la demande africaine pour le développement, coopérer dans les domaines des infrastructures, de l’énergie, du transport, de l’agriculture, de la santé, etc. C’est une politique favorable aux entreprises chinoises et françaises, mais aussi au développement économique et social de l’Afrique.

Pendant ces dernières années, sous l’impulsion des chefs d’Etat chinois et français, la coopération en marché tiers s’est développée de manière accélérée. Dans le rapport de travail du gouvernement chinois de l’année 2019, on évoque une extension de la coopération dans les marchés tiers. Guidées par cette politique, les entreprises chinoises ont une volonté de plus en plus grande d’aller vers ce type de coopération. Les parties chinoises et françaises ont adopté récemment la troisième série de projets de démonstration de la coopération en marchés tiers et créé un fonds de coopération en marché tiers. Cette coopération s’est traduite par des réalisations concrètes. Le Fonds de développement Chine-Afrique a travaillé avec le groupe français Bolloré pour la mise en service du terminal de conteneurs du port nigérian de Tincan, portant ainsi le débit de conteneurs à 500 000 EVP (équivalent vingt pieds), créant plus de 600 emplois locaux et réalisant une contribution accumulée de plus de 100 millions de dollars. Le projet de Route nationale No.1 de la République du Congo faisant l’objet d’investissements communs par la Chine et la France a été lancé. Ce projet, qui relie Brazzaville et Pointe-Noire, permet de réduire le trajet de 7 jours à 6 heures. Outre ces projets d’infrastructures, la Chine et la France ont collaboré sur d’autres projets destinés à renforcer le bien-être du peuple africain, dont notamment celui concernant le traitement des eaux usées au Sénégal.

Le partenariat sino-français en marché tiers sert de bon exemple pour d’autres pays développés. A la date de juin 2019, la Chine avait signé des documents de coopération en matière de marché tiers avec 14 pays dont la France, le Japon, l’Italie et le Royaume-Uni. Le Fonds chinois de la Route de la soie et la Banque européenne d’investissement ont créé aussi un fonds de marché pour ces objectifs. La coopération en marché tiers constitue effectivement un aspect important de la coopération conjointe dans le cadre de l’initiative des « Nouvelles Routes de la soie ».

Pour moi, afin de faire réussir la coopération sino-française en marché africain, il faut s’en tenir aux principes suivants :

Premièrement, restons fidèles aux principes de consultation commune, de construction conjointe et de partage, ainsi qu’à celui de chercher le bénéfice de la troisième partie. L’Afrique constitue le terrain principal de ce partenariat. Afin de garantir le succès de la coopération, il est impératif de respecter pleinement la volonté des pays africains dans la promotion des projets concernés pour qu’ils soient conformes aux objectifs de développement de ces pays. Il faut également élever le niveau de localisation pour que cela puisse profiter en matière d’économie et d’emploi au bien-être des populations locales. Poursuivre des intérêts propres à soi-même tout en prenant en compte les préoccupations des partenaires est la seule façon de faire réussir la coopération à trois parties.
Deuxièmement, valorisons le rôle central des entreprises avec l’aide du gouvernement. Ayant pour acteur majeur les entreprises, ce partenariat doit être axé sur le marché et respecter pleinement les principes commerciaux et les conventions internationales. Le gouvernement doit jouer son rôle de coordinateur, et adopter des mesures politiques qui encouragent et soutiennent les entreprises afin de les motiver davantage à poursuivre la coopération.
Troisièmement, gardons un esprit d’ouverture et d’inclusivité et tenons à la coopération bénéfique à tous. La coopération sino-française en marché africain doit être ouverte envers d’autres pays, y compris les pays africains, les organisations régionales et internationales, afin de contribuer ensemble au développement de l’Afrique.
Je vous remercie.