« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller

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Conférence internationale de Strasbourg - 8 et 9 juillet 2023

La culture, clef de la paix

4ème session

2 août 2023

Discours de Maurizio Abbate, président de l’ENAC, Institut national pour les activités culturelles, Italie


Chers amis et collègues du monde entier,

nous sommes réunis ici aujourd’hui pour chercher, de toutes nos forces, des idées et des solutions utiles pour résoudre le terrible conflit armé qui sévit sur le vieux continent depuis près d’un an et demi.

Une guerre fratricide capable d’entraîner la mort et la destruction des civils dans les territoires directement concernés, et une très grave crise économique et financière dans le reste du monde, due à un système de spéculation mis en œuvre avec une férocité sans précédent par les multinationales de l’agroalimentaire et de l’énergie. Des entreprises souvent contrôlées par les mêmes maîtres.

Nous savons bien que des géants comme Vanguard et Blackrock se partagent la majorité des actions des multinationales de l’agroalimentaire à travers Monsanto, Cargill et Dupont. Les mêmes détiennent aujourd’hui en Ukraine environ 19 millions d’hectares de terres consacrées à l’agriculture intensive, ce qui correspond à 60 % des terres agricoles ukrainiennes. De même, 100 % des mines ukrainiennes sont désormais détenues par des multinationales.

Se demander pourquoi la guerre a éclaté dans cette partie de l’Europe, à partir de ces simples chiffres, semble donc superflu.

L’important n’est donc pas d’analyser les causes du conflit, mais plutôt d’essayer de comprendre comment se fait-il que l’opinion publique américaine, tout comme l’opinion publique européenne, toujours attentives au problème de la paix grâce à leurs mouvements pacifistes, soient aujourd’hui presque anesthésiées par ce qui se passe.

La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance est une force. Tels étaient les slogans gravés sur la façade du ministère de la Vérité décrit dans le célèbre roman de George Orwell. Cette année, l’Union européenne, de manière presque grotesque, a créé un instrument de paix pour allouer près de 8 milliards d’euros à l’achat d’armes. Acheter des armes pour prévenir les conflits et construire la paix, c’est ce qui est indiqué, bien en évidence, sur le site web du Conseil européen. Il s’agit presque d’un parallèle avec le ministère orwellien de la Vérité.

Si une institution telle que l’Union européenne peut altérer les fondements des libertés, c’est-à-dire la vérité, en qualifiant la fourniture d’armes, outils pour tuer, d’outils utiles pour construire la paix, alors la dégradation culturelle et morale des institutions, ainsi que celle des médias qui devraient dénoncer de tels mensonges, est devenue évidente.

Malheureusement, ce que j’ai dit précédemment à propos de la concentration de la production alimentaire et énergétique entre les mains de quelques détenteurs du pouvoir est également vrai pour les institutions politiques, les médias et les responsables de l’éducation.

La culture, qui, à l’instar des enseignements de Socrate et de Platon, devrait se préoccuper de développer des pensées et d’indiquer les modèles de société à construire pour atteindre des objectifs plus nobles, tels que le bien-être général et la solidarité entre les peuples, est constamment reléguée à une sorte de mode sans importance. Dans le même temps, ces principes sont subordonnés aux intérêts de quelques puissances économiques, qui ont fait de la société contemporaine un immense marché de la précarité où tout s’achète et se vend. Même le droit à la vie.

Une société dans laquelle la cohésion sociale est progressivement démolie et à laquelle on impose en permanence de prétendues urgences, climatiques, sanitaires et financières, capables d’altérer les choix nationaux en matière agricole, artisanale, industrielle et sociale.

Il est donc temps d’arrêter cette dérive néo-barbare provoquée par la mondialisation de l’économie et de la culture.

Une nouvelle Renaissance sociale et culturelle doit être initiée.

Pour ce faire, un nouveau paradigme s’impose d’urgence à nos communautés occidentales, qui doivent abandonner définitivement le principe de l’entreprise comme pièce maîtresse de la société et replacer en son centre l’homme, dans sa complexité matérielle et spirituelle. La politique doit redéfinir un système harmonieux dans lequel chaque homme et chaque femme a son propre rôle de manière synergique et organique.

Une société dans laquelle les êtres humains doivent être jugés et appréciés pour ce qu’ils sont, pour les valeurs qu’ils expriment et parviennent à incarner, plutôt que pour ce qu’ils possèdent.

Ce n’est qu’ainsi que les nations individuelles, libres, indépendantes, autodéterminées et dotées de leurs propres spécificités, pourront redevenir des communautés et contribuer à la croissance globale de l’humanité tout entière.

Les différences et les particularités des peuples, générées par des siècles d’histoire et des cultures différentes, doivent devenir le moteur d’un dialogue constructif en vue d’une coexistence pacifique. Un dialogue qui conduise à une répartition équitable des ressources de la planète sur laquelle nous vivons tous et qui sont souvent à l’origine d’affrontements armés et d’une violence sans précédent, en raison de la volonté criminelle de les concentrer entre les mains de quelques-uns.

En développant cette thèse et en essayant d’impliquer tous ceux qui en partagent les objectifs, des signaux forts et convaincants doivent cependant être envoyés.

Il est impératif de faire comprendre au monde que tant de personnes libres, non seulement n’ont pas l’intention de se plier aux décisions délibérées prises de manière autocratique par les élites mondialistes, mais sont prêtes à un changement global du paradigme imposé jusqu’à présent par ceux qui se croient les maîtres absolus.

Face aux détenteurs des grands médias mondiaux dans un choc frontal désormais imminent, le travail en réseau s’impose. Il faut organiser le plus grand nombre d’événements possible et utiliser tous les canaux de télévision, d’ordinateur ou de radio pour diffuser l’information.

L’invitation d’hôtes étrangers à des événements locaux doit également devenir une habitude susceptible de perturber le mantra selon lequel seule la mondialisation peut garantir la liberté, le pluralisme et la démocratie.

L’ENAC (l’Institut national pour les activités culturelles en Italie), que je suis fier de représenter, organise une conférence en Italie dans le but de rétablir nos relations avec la Syrie. Les relations économiques et culturelles ont été interrompues pour de simples intérêts politiques et n’ont pas été rouvertes, même après le dramatique tremblement de terre qui a fait des milliers de victimes civiles en Turquie et en Syrie.

Lors de cette conférence, à laquelle nous serions heureux d’accueillir tous ceux qui sont présents aujourd’hui et qui souhaitent y participer, nous entendons envoyer un message clair et sans équivoque : alors que le libéralisme parle de paix et de démocratie en provoquant des guerres et en construisant des murs, nous répondons par la force de la culture, seule capable de garantir et de respecter les différences individuelles, tout en travaillant à la construction d’un pont fait d’amitié, de solidarité et de coopération entre les peuples.

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