« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller

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Le repositionnement de la variable culturelle : vers une approche culturelle moderne

Talal Moualla

11 juillet 2016

Voici la vidéo et la transcription de l’intervention de Talal Moualla, artiste, critique d’art et directeur du projet Syrian Cultural Heritage Transformation du ministère syrien de la Culture, lors de la conférence internationale de l’Institut Schiller des 25 et 26 juin 2016 à Berlin.

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Le repositionnement de la variable culturelle - vers une approche culturelle moderne

Soyez les bienvenus. Il est difficile de prendre la parole maintenant, après avoir vu la vidéo sur Alep et ses détails, ainsi que la présentation de Madame Bouthaina Shaaban. Je suis un artiste, avant tout, je suis chercheur en matière de l’esthétique moderne, et j’organise aussi des événements artistiques et culturels internationaux.

J’avais passé un quart de siècle en dehors de la Syrie, mais j’y suis retourné lors de l’éclatement de la guerre. La guerre a commencé de manière simple, mais elle est devenue de plus en plus compliquée, et plus elle était compliquée, plus j’avais la conviction que je devais rester pour faire quelque chose.

Je travaille comme artiste indépendant, en free-lance, et je suis aussi un expert sur le patrimoine reconnu par l’UNESCO. Je n’ai jamais réfléchi sur quoi dire de moi-même, parce que je parle toujours des autres. Mes tableaux et mes écrits sont mes moyens de m’exprimer.

Ainsi, plus la crise se compliquait en Syrie, plus mon intérêt pour les affaires publiques se développait.

En Syrie même, nous croyons que le patrimoine et la culture sont directement sous attaque. C’est un terrorisme qui mène à la déconstruction de la société de l’intérieur. Nous, intellectuels, croyons que ce terrorisme qui nous vise de deux côtés. D’un côté le terrorisme intellectuel, de l’autre le terrorisme contre la morale et l’éthique en général.

Je n’avais jamais cru que j’aurais à décrire ce à quoi j’ai assisté, et ce que j’ai vu dans cette guerre. Mais mon récit et mes explications sont mon outil créatif pour expliquer la situation – la créativité intellectuelle, culturelle et artistique.

Participer avec les membres de ma société au rétablissement de l’identité culturelle de notre société est essentiel. C’est un conflit qui commence par la recherche de la sécurité et finit dans la lutte contre le terrorisme. Nous, en tant qu’intellectuels, que nous soyons à l’intérieur ou à l’extérieur de la Syrie, tentons de présenter le rôle culturel et le patrimoine de la Syrie, au cours des réunions qui nous rassemblent, ainsi que les institutions qui contribuent à préserver l’identité de notre culture.

Le terrorisme a pris tout d’abord pour cible la culture en Syrie, et vous avez vu beaucoup d’images de cela. Et il a pris pour cible le souvenir. Ainsi, des musées et des sites archéologiques ont été détruits ; les êtres humains ont été ciblés et ont dû être déplacés avec toutes leurs valeurs, leur culture, leurs traditions et normes et tout le reste.

Bien sûr, parler de la politique implique une longue discussion, mais nous avons affaire ici à une crise politique ayant des implications pour la culture et tous les autres aspects, qui touchent à l’identité, à l’appartenance à la société et aux communications dans la société.

Intellectuels, nous pensons que la seule manière de traiter le problème est d’appeler à plus de créativité, de la créativité artistique et au dialogue des cultures, et à la promotion des activités créatrices dans la société. Et en pensant sagement à rebâtir l’humain en Syrie – l’humanité d’abord et les autres questions viendront après.

La crise en Syrie n’est pas la crise d’un État, contrairement à la manière dont on l’a présentée habituellement. C’est la crise d’une société qui a produit de la culture et de la civilisation pour le monde entier. Nous avons beaucoup de questions qui demandent des réponses, mais leurs réponses dépendent aussi de la position de la communauté internationale, de l’opinion publique et des organisations internationales, et du droit qui se doit d’encourager et d’améliorer les valeurs de l’humanité.

Nous pâtissons de l’exode en masse des intellectuels, les dangers qui en découlent sont nombreux. Ceux qui émigrent représentent l’esprit de la Syrie, car la culture a toujours été l’esprit des nations.

Parmi la destruction de toutes les grandes facettes de la culture en Syrie, j’ai vu la mise à feu de mon atelier et des centaines de tableaux que j’avais faits par ces terroristes, mais cela n’a pas d’importance, parce que la violence de ces terroristes a pour but de répandre l’idée du recours à la violence. Avec leur barbarie, ils arrachent de l’être humain son humanité. Dans leur attaque contre la culture, ils sont conscients de détruire, par leurs actes, l’unité de la société.

Toutes les nations ont connu des guerres. Ce sont des moments de transformation pour l’humanité. Et nous devons tous être optimistes, bien sûr, si nous croyons que la créativité joue toujours un rôle central dans l’établissement de la paix.

Je remercie l’Institut Schiller pour cette invitation. Je remercie tout particulièrement l’honorable présidente de l’institut, Mme Helga Zepp-LaRouche, M. Ulf Sandmark, que j’ai rencontré à Damas, et M. Hussein Askary pour m’avoir aidé à vous communiquer mes sentiments. Je vous laisse maintenant, dans l’espoir de vous revoir un jour, dans mon pays natal, la Syrie.

Merci.

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