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Conférence à Milan

L’Italie sur la Nouvelle Route de la Soie

23 mars 2019

Helga Zepp-LaRouche et Michele Geraci incitent l’Italie à rejoindre l’Initiative une Ceinture une Route




Le 13 mars à Milan, une conférence organisée sous l’égide de MoviSol, le mouvement larouchiste en Italie, et du gouvernement régional de Lombardie, était consacrée au rôle de l’Italie dans les Nouvelles Routes de la soie. Y ont pris la parole la présidente de l’Institut Schiller international Helga Zepp-LaRouche, Michele Geraci, sous-secrétaire d’Etat au ministère du Développement et architecte de la nouvelle politique chinoise du gouvernement italien, et Franco Persio Bocchetto, expert du projet Transaqua pour l’Afrique. Le sénateur d’origine nigériane Toni Iwobi, membre de la commission des Affaires étrangères du Sénat, a adressé un message d’encouragement à la conférence.

L’événement a fait des vagues dans le monde politique, sur fond du débat houleux précédant la visite du président chinois Xi Jinping les 22 et 23 mars en Italie. D’autant plus qu’une campagne nationale et internationale bat son plein contre la perspective de voir Rome signer un protocole d’accord de coopération avec la Chine, dont le principal concepteur est justement M. Geraci.

C’est pourquoi, dès le début de la conférence, le modérateur Claudio Celani a demandé au professeur Geraci d’expliquer les avantages que présente l’Initiative une ceinture, une route (ICR) pour l’Italie, notamment pour les régions les moins développées du Mezzogiorno (sud de l’Italie), et aussi d’aborder la question du « mécanisme de filtrage » des investissements chinois dans l’Union européenne, poussé à fond par les eurocrates.

En réponse, le sous-secrétaire d’Etat au Développement a soulevé la contradiction entre l’appartenance de l’Italie au G7 et le risque qu’elle se fasse piéger par la « diplomatie de la dette » de Beijing. Quant aux avantages de la coopération avec l’ICR, ils sont multiples, comme il l’a montré : ouverture du marché chinois aux entreprises italiennes, modernisation des infrastructures portuaires du pays, devenu le terminus européen de la Route de la soie maritime, développement du sud de l’Italie en tant que plateforme pour investir en Afrique (voir ci-dessous).

Helga Zepp-LaRouche a ironisé sur le tollé provoqué par la décision de Rome de signer un protocole d’accord avec la Chine sur l’ICR. Cela montre avant tout, selon elle, que dans le monde occidental, les gens ne sont même plus capables de concevoir qu’un pays puisse œuvrer dans le sens de l’intérêt commun. Elle a appelé l’Allemagne et la France à suivre le bon exemple du gouvernement italien en rejoignant l’ICR.

Franco Persio Bocchetto, le directeur technique de la société d’ingénierie Bonifica, qui a conçu il y a 40 ans le projet Transaqua pour remettre en eau le lac Tchad, retraça l’histoire du projet, depuis son ébauche par Marcello Vichi (qui avait envoyé, un message de soutien à la conférence) jusqu’à aujourd’hui où il devient réalisable. Il espère que d’ici un mois, les procédures bureaucratiques préalables à l’attribution de l’étude de faisabilité seront finalisées et que l’étude, financée par le gouvernement italien, pourra démarrer.

Après un débat animé, la présidente de Movisol Liliana Gorini conclut la conférence en la dédiant à Lyndon LaRouche, qui s’est éteint il y a un mois. Il était bien connu et estimé en Italie pour ses prévisions économiques, qui étaient « toujours très justes », comme l’ont reconnu par la suite bon nombre de parlementaires qui l’avaient entendu en 1998 à la Chambre des députés. M. LaRouche est également reconnu pour avoir défendu la séparation bancaire (Glass-Steagall), qui figure aujourd’hui dans le programme du gouvernement italien.

Pour suivre la conférence :
https://www.youtube.com/watch?v=IPwkDb0D-dU


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Lorsque le vent souffle, construisez des moulins à vent

Le professeur Michele Geraci a tenu à répondre aux multiples attaques contre la coopération entre l’Italie et la Chine, lancées par des médias internationaux tels que le Financial Times, Reuters, Handelsblatt, etc. Selon ses détracteurs, l’Italie est le premier pays membre du G7 à prendre le risque de se retrouver surendetté vis-à-vis de la Chine. « Or ces deux aspects sont contradictoires. Du fait que nous appartenons au G7, et ne sommes donc pas un pays à faible revenu, le risque du piège de la dette est très limité. » Il a également rappelé qu’avec avec un PIB de 1700 milliards d’euros, il est ridicule de prétendre que d’éventuels investissements à hauteur de 5 ou 10 milliards pourraient constituer un piège de la dette.

La signature d’un protocole d’accord avec Beijing « ne changera rien au niveau de nos alliances internationales », assura le sous-secrétaire d’Etat. L’objectif de l’accord est de favoriser les exportations et les investissements par des entreprises italiennes dans le cadre de l’ ICR.

« Nous essayons de développer le sud de l’Italie en exploitant mieux (...) une situation géographique qui n’a présenté jusqu’à présent que des désavantages, pour les transformer en avantages, a-t-il ajouté. Jusqu’ici, l’Afrique nous a créé plus de problèmes que d’opportunités, et nous voulons renverser cela par une collaboration avec la Chine – et aussi avec le Japon, avec qui nous sommes en discussion. Ce sont deux grandes puissances asiatiques ayant d’importants investissements en Afrique. »

Geraci souligna que la Chine est le plus gros investisseur en Afrique, et que le sud de l’Italie, situé au milieu de la région méditerranéenne et à seulement 40 minutes de vol du continent noir, « est un endroit idéal pour un investisseur chinois ou japonais qui souhaite entrer en Afrique et a besoin d’un système à l’intérieur de l’UE ». Le Mezzogiorno et la Sicile, selon lui, peuvent servir de plaque tournante « fournissant ainsi du transport, de l’infrastructure et aussi des centres de recherche pour le développement technologique et l’énergie ».

Quant au plan « China 2025 Manufacturing », un sujet soulevé par quelques journalistes dans la salle, bien qu’il puisse se produire « un tsunami » en raison des domaines de concurrence avec l’Italie, Geraci a cité ce proverbe : « Lorsque le vent souffle, certains construisent des murs, d’autres des moulins à vent. » Il préfère, pour sa part, construire des moulins à vent, afin que « le vent en fasse tourner les ailes, génère de l’énergie et favorise la coopération au lieu de la bloquer ».

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