« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller

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Helga Zepp-LaRouche : aller au-delà de la polarité et de la géopolitique

19 mai 2016

La conférence internationale organisée par l’Institut Schiller le 7 avril à New York intitulée « Construire un Pont terrestre mondial : vers le progrès de l’humanité », a mis en évidence le potentiel qu’ont les États-Unis pour rompre avec l’approche destructrice de la géopolitique et l’effondrement économique et pour renouer avec leur identité historique de nation créatrice. Quelque 300 personnes ont répondu à l’appel, représentant de nombreux états du pays et aussi de pays d’Asie, d’Afrique et d’Europe.

La vidéo de la conférence en anglais est disponible ici.

La présidente de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche, a ouvert les débats avec une présentation, ci-dessous, sur le danger de guerre actuel, et sur l’alternative que représentent aujourd’hui une coopération internationale autours d’objectifs communs à l’humanité, avec la Nouvelle Route de la soie et le concept du Pont terrestre mondial qu’elle a développé avec son mari, l’homme politique américain Lyndon LaRouche.

Helga Zepp-LaRouche, ici lors de la conférence de l’Institut Schiller. A sa droite, l’ancien ministre américain de la Justice Ramsey Clark, auteur de la charte des droits civiques américains.

Construire un Pont terrestre mondial,
inspirer l’humanité pour qu’elle accomplisse sa mission

Chers invités de l’Institut Schiller, chers amis, Nous vivons des événements d’une rare gravité et notre séminaire a lieu en même temps qu’ils se déroulement. Le but de ce séminaire comme celui qu’avait fixé mon mari, Lyndon LaRouche, avec le « projet Manhattan » : est de faire renaître aux États-Unis l’intention des principes fondateurs inscrits dans sa Constitution et détourner le pays des objectifs impérialistes actuels et de l’idée d’un monde unipolaire, pour nous faire revenir à l’essence de la République américaine telle que les Pères fondateurs l’ont souhaitée.

C’est un but que presque tout le monde estime inatteignable. Je peux vous assurer qu’il n’y a plus un seul intellectuel pour espérer quoi que ce soit des États-Unis, et que ce sentiment est très répandu. Les gens ne viennent plus aux États-Unis : ils pensent que c’est devenu un pays invivable. Et pourtant, atteindre ou non ce but de faire que les États-Unis redeviennent une République déterminera, selon toute probabilité, le destin de l’humanité toute entière.

Il existe en ce moment une tension sans précédent. Les gens ne vous le diront peut-être pas, mais ils le savent : nous sommes aujourd’hui plus proche d’une troisième guerre mondiale que lors de la crise des missiles de Cuba.

Des analystes militaires l’affirment. Pourtant, il n’y a pas de mouvement pour la paix. Personne ne se mobilise dans la rue contre la troisième guerre mondiale. Dans les années quatre-vingts, des centaines de milliers de personnes ont descendu dans la rue en Allemagne contre l’installation des missiles SS-60 soviétiques et des Pershing-2 américaines. Aujourd’hui, dans une situation plus périlleuse et alors que les experts estiment probable qu’un incident survienne, trois à six minutes suffisent pour déclencher une guerre thermonucléaire.

Cependant, seule une poignée de gens le disent tout haut, et l’immense majorité des citoyens aux États-Unis et en Europe s’avancent vers le précipice comme des moutons de Panurge.

J’aimerais vous parler de cet homme de 78 ans, un professeur à la retraite habitant Kaiserlautern, en Allemagne. Avant-hier, il a été débouté par la Cour fédérale administrative dans sa tentative d’assigner en justice le gouvernement allemand pour avoir permis aux États-Unis d’utiliser la base de Ramstein comme relais pour leur système de drones – sans lequel ils n’auraient pu en envoyer aucun, au Moyen-Orient ni ailleurs.

Selon lui, cette autorisation s’inscrit en violation de la constitution allemande, qui interdit à l’Allemagne de déclencher une guerre, ou d’aider d’autres pays à le faire. Les juges ont réaffirmé quant à eux qu’en matière de droit international, seul les États peuvent se constituer partie, pas les personnes civiles. Or ce retraité entend bien porter l’affaire au plus haut niveau de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe.

Cela fait penser à ce passage de l’Ancien Testament où Dieu, sur le point de châtier Sodome et Gomorrhe pour leur inconduite, se voit convaincu de les épargner s’il se trouvait ne serait-ce que dix justes. Mais y a-t-il seulement dix honnêtes gens pour se mobiliser aujourd’hui ?

La crise stratégique

Avant que je ne parle de la solution, de comment nous allons nous sortir de cette crise, jetons un coup d’œil sur la gravité de la situation stratégique. En ce moment-même et pendant douze jours les États-Unis, les Philippines, l’Australie et le Japon sont engagés conjointement dans un exercice militaire. Cet exercice désigné sous le nom « Épaule contre Épaule » verra pour la première fois un secrétaire de la Défense des États-Unis, Ash Carter en l’occurrence, se rendre sur le terrain la semaine prochaine. Ce même Ash Carter nous faisait pas plus tard qu’hier la liste des ennemis des États-Unis, à savoir, dans l’ordre : un, la Russie ; deux, la Chine ; trois, l’Iran ; quatre, la Corée du Nord, et cinq – ah oui c’est vrai, le terrorisme.

Dans le même temps, la Corée du Sud conduit jusque fin avril ses propres exercices militaires, d’une ampleur sans précédent. Les Philippines, elles, incluent des exercices de débarquement amphibie pour simuler la prise de l’une des îles de la mer de Chine méridionale, dont l’appartenance à la Chine est controversée. D’ailleurs, l’armée philippine y a déployé le système antiaérien HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System]. Il convient de remarquer que c’est la première fois que ces exercices voient la participation de l’Australie et du Japon, dans une tentative de construire une alliance quadrilatérale pour contrer la Chine.

Ce qui ne veut pas dire qu’il ne se passe que cela dans la région. Il y a deux semaines, les Philippines ont autorisé les États-Unis à avoir accès à cinq de leurs bases dans ces eaux disputées en mer de Chine méridionale. Les Philippines ont par ailleurs renouvelé leur accord militaire avec les Etats-Unis, désormais intitulé Enhanced Defense Cooperation Agreement [accord amélioré de coopération en matière de Défense].

Bien que ce traité va à l’encontre de la constitution philippine, il a pu passer grâce à l’artifice consistant à n’admettre les troupes étasuniennes que sur les bases philippines. Le Japon s’est lui aussi doté d’une nouvelle loi de sécurité intérieure, entrée en vigueur mardi dernier. Pourtant, ce texte est en rupture avec la constitution pacifiste du Japon car il renforce son alliance avec les États-Unis. Ainsi le Japon est sous les feux de la rampe : va-t-il renouer avec son passé militaire ?

Ce qui est certain, c’est qu’il a tendance en ce moment à s’allier à ceux qui, comme lui, ont vis-à-vis de Beijing des revendications territoriales en Mer de Chine méridionale.

Où tout cela va-t-il conduire ? La position de la Chine quant à la possession de ces eaux tient tout entière dans ce qu’elle appelle la « ligne en neuf traits » : la Chine affirme qu’elle détient un droit historique sur ces territoires, qui légitime qu’elle récupère les Îles Spratly et y construise des bases.

La Chine affirme avec raison que cela ne porte aucunement atteinte à la liberté des mers. Cela ne fera qu’améliorer les conditions de vie des populations locales et offrira une meilleure protection contre les pirates, tout en n’empêchant pas la navigation.

Or en 2013, les Philippines ont porté devant la Cour internationale de La Haye leur droit à exploiter la mer de Chine méridionale dans la zone économique exclusive (ZEE) des 200 miles nautiques (environ 370 km), conformément à la convention des Nations Unies sur le droit de la mer (1982).

La Chine refuse l’autorité de la Cour, ce qui est son droit, et s’interroge sur la légitimité du cas. Alors que la Cour aurait du laisser tomber l’affaire, elle a statué en faveur des Philippines, et rendra son verdict fin-avril, début-mai. Le ministre chinois de la Défense a déclaré que si la Chine se faisait condamner, il serait alors de son droit de déclarer la zone contestée Zone d’identification de défense aérienne (ZIDA).

Au sommet de Washington sur la sécurité nucléaire qui vient de se terminer, le Président Xi a fait comprendre lors de son entretien avec Obama que la Chine n’accepterait rien qui enfreigne sa souveraineté dans la région, fut-ce au prétexte de la liberté des mers.

Et moins de 24h plus tard, les États-Unis ont annoncé qu’ils allaient patrouiller à proximité des îles controversées de la mer de Chine méridionale ! Et peu après, l’US Navy a annoncé qu’elle allait y conduire dans un futur proche davantage d’exercices, et des exercices plus complexes. Les États-Unis s’engagent donc dans un bras-de-fer avec la Chine, exacerbant les tensions là où chacun prétend être lésé par l’autre, et sur fond du verdict à venir de La Haye, tout en espérant créer une atmosphère où la Chine n’osera plus mettre en œuvre sa ZIDA.

Or la Chine ayant dit clairement qu’elle tenait à défendre ses droits en mer de Chine méridionale, se pourrait-il que ces quelques cailloux et récifs perdus au milieu des océans déclenchent une guerre entre Chine et États-Unis ? Se pourrait-il que les États-Unis déclarent la guerre à la Chine pour le compte des Philippines ?

S’il est incontestable que la mer de Chine méridionale revête pour la Chine une importance géographique certaine, son intérêt pour les États-Unis est, lui, géopolitique ; c’est la même idée que pour l’Accord de partenariat transpacifique (TPP) : il s’agit d’affirmer leur droit à décider des règles en Asie. Les États-Unis tiennent à faire savoir qu’ils défendent une vision du monde unipolaire : ils sont l’unique superpuissance et ils ne permettront à aucune autre nation de le remettre en question.

L’affirmation d’Obama que la Russie ne serait qu’une « puissance régionale » est absurde, étant donné que l’arsenal nucléaire de la Russie est la réponse stratégique à celui des États-Unis. Et puis, Poutine vient de s’engager militairement avec succès contre l’État islamique en Syrie, et a prouvé que le rôle de son pays est indispensable à toute solution politique.

La Russie avait joué un rôle positif dans les négociations P5+1 avec l’Iran, et maintenant elle rend possible qu’on mette un terme à la guerre en Syrie. Bien des dirigeants du monde reconnaissent que sans l’aide de la Russie, le problème de Daesh, du terrorisme en général, de la crise des réfugiés ou de celui de la drogue, sont insolubles.

L’intention impériale contestée

Rappelons d’abord que les disputes territoriales en mer de Chine méridionale résultent d’intentions impérialistes remontant au Traité de Versailles et à la Conférence de paix de Paris qui lui a fait suite en 1919, par lesquelles on a donné au Japon quelques-unes des anciennes colonies allemandes situées dans les îles du Pacifique de part et d’autre de l’équateur, ce qui avait suscité en Chine un terrible sentiment d’injustice, et conduit au mouvement du 4 mai. Personne en Chine à l’époque ne voyait le Traité de Versailles autrement que comme une gigantesque arnaque. Et depuis lors, l’histoire de l’Europe a démontré qu’il portait en germes la Seconde Guerre mondiale.

Or, le même manège s’est reproduit à la Conférence de paix de San Francisco après la Seconde Guerre mondiale, quand John Foster Dulles fit en sorte que la Chine se retrouve exclue, en dépit du fait qu’elle ait subit le taux le plus élevé d’Asie de pertes en vie humaines face au Japon, et l’ait combattu le plus longtemps. Malgré cela, les puissances occidentales ont dessiné la carte de l’Asie orientale sans la Chine. John Foster Dulles déclara délibérément certains secteurs frontaliers asiatiques n’appartenir à personne – un ancien artifice impérial pour manipuler les conflits à venir, comme cela a été le cas pour l’accord Sykes-Picot sur l’Asie du Sud-ouest, ou le traité du Trianon sur les Balkans en 1919.

En réalité, le monde unipolaire a déjà cessé d’exister. Il est visible que la Chine monte et que les États-Unis perdent leur hégémonie. La Chine exporte déjà bien plus de technologies que les États-Unis. Elle forme beaucoup plus de scientifiques et d’ingénieurs, et le mot se répand au sein de la communauté scientifique internationale que si vous voulez accomplir quoi que ce soit dans une discipline avancée, alors il vous faut aller en Chine.

Ainsi, ne croyez rien de ce que le New York Times s’évertue à vous dire jour après jour : l’économie chinoise se porte très, très bien, malgré les quelques corrections mineures qu’ont connues ses marchés. C’est parce que la Chine a adopté les politiques de Nouvelle route de la soie, de Nouvelle route maritime de la soie, de One Belt, One Road (OBOR), (en français : « Une route, une ceinture » ou « ceinture économique de la Route de la soie ») – toutes des politiques de grands projets d’infrastructure visant à relier tous les pays d’Eurasie grâce au développement des infrastructures et à l’investissement dans les hautes technologies.

Et l’attrait en est tel que déjà soixante nations coopèrent avec la Chine. Avec d’autres pays des BRICS, elle a créé un système économique totalement alternatif – la Banques asiatique pour l’investissement dans les infrastructures (BAII) (En anglais : Asian Infrastructure Investment Bank, AIIB). La BAII compte soixante membres fondateurs, en dépit de la pression énorme qu’exercent les États-Unis pour que personne ne la rejoigne ; elle a aussi créé le Fonds pour la Nouvelle route de la soie, et le Fonds pour la Route maritime de la soie – et bien d’autres institutions.

Dans toute l’Asie, où tout le monde parle désormais d’augmenter la connectivité dans l’esprit de l’ancienne Route de la soie, le programme OBOR revêt donc un attrait énorme.

Les investissements de ces nouvelles banques se portent précisément sur les domaines auxquels le Fonds monétaire international et la Banque mondiale se sont opposé pendant des décennies : les grands projets d’infrastructures, c’est-à-dire les équipements dont ces pays ont besoin de toute urgence.

Plusieurs pays ont fait part il y a peu de leur intérêt pour devenir des plates-formes logistiques sur la Nouvelle route de la soie et la Route maritime de la soie. L’Indonésie veut devenir une plate-forme. Idem pour le Sri Lanka, l’Afghanistan et l’Iran.

La Nouvelle route de la soie progresse très, très vite dans toute l’Europe de l’Est. Ces jours derniers, alors que le président Xi Jinping était en visite officielle en République Tchèque à Prague, le président Zeman s’est félicité de la Nouvelle route de la soie et a mis en avant le rôle que Prague, la « cité d’or », pouvait jouer comme portail d’entrée pour la Chine en Europe. Les pays 16+1 – c’est-à-dire les seize pays d’Europe centrale et de l’Est – viennent de se réunir à Riga, et souhaitent eux aussi faire partie du projet OBOR. Tout cela va vraiment dans la bonne direction.

Le désespoir transatlantique

En contraste brutal avec cela, vous avez de l’autre côté le secteur transatlantique, les banques « Too Big To Fail », Wall Street et Londres, tous en faillite intégrale et à l’aube d’un krach financier bien pire que celui de 2008, avec la totalité des deux quadrillions de dollars d’en-cours en dérivés qui peut se volatiliser à tout instant. Qui plus est, plus aucun soi-disant outil des banques centrales ne fonctionne. Au contraire, chaque fois qu’une Banque centrale fait un geste pour corriger le problème, celui-ci, par effet boomerang, a un résultat contraire, comme dans le cas de la Banque du Japon, de la Norvège, ou de la Banque centrale européenne. Quand elles adoptent des taux d’intérêts nuls, voire négatifs, cela aggrave la déflation au lieu de stimuler l’économie réelle.

Le fait que Draghi, le patron de la BCE, évoque le concept de « monnaie hélicoptère » témoigne du caractère désespéré de la situation transatlantique. Si vous vous souvenez, ce concept est une invention de Ben Bernanke. C’est l’idée que pour éviter l’effondrement de l’ensemble du système financier, vous n’avez qu’à faire survoler les villes par des hélicoptères qui les arroseraient de suffisamment d’argent pour éviter le crash. Or, et c’est bien évident, cela a soulevé une clameur gigantesque en Allemagne où effectivement la population se souvient très bien des conséquences de l’hyperinflation de 1923.

Examinons maintenant l’état de l’Europe. La crise des réfugiés dont on parle beaucoup en ce moment résulte en réalité des guerres conduites au Moyen-Orient principalement par les États-Unis et les Britanniques, et celles-ci reposaient toutes sur des mensonges. L’Irak ? Aucune arme de destruction massive ! La Libye ? Une guerre déclenchée par le Conseil de sécurité des Nations-Unies, qui avait dit que ce n’en serait pas une ! Voyez l’Afghanistan : le 11 septembre était-il vraiment tel qu’on nous l’a présenté ? Voyez la situation du Yémen, et celle de beaucoup d’États africains.

La crise des réfugiés, qui est sans doute la plus grande crise humanitaire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale – tous ces gens aux destins ahurissants... – a révélé qu’il n’y avait pas d’UE, parce qu’il n’y a pas d’union. Il n’y a pas d’unité, il n’y a aucune solidarité. On en est arrivé à une situation où des enfants sont parqués derrière des barbelés – et se font tirer-dessus par la police quand ils essaient de les franchir. Et puis au comble de la honte il y a cet accord entre l’UE et la Turquie – une Turquie qui soutient toujours Daesh, si l’on en croit les documents que vient de révéler le Conseil de sécurité des Nations-Unies.

Les politiques en Allemagne disent « Ah, mais, maintenant on a moins de réfugiés ». Oui, mais à quel prix ? On les déporte à grande échelle à partir de camps d’internement en Grèce : c’est la honte totale. Même la commission des Droits de l’Homme des Nations-Unies a déclaré que c’était en complète violation des droits de l’homme et en violation de la convention de Genève sur les réfugiés ; et les organisations humanitaires ont fini par abandonner, disant qu’elles ne peuvent rien faire dans de telles conditions, notamment Médecins Sans Frontières (MSF) et beaucoup d’autres.

Les mains propres ?

Voilà donc un monde en plein chaos et désintégration. Et qu’ont à répondre les institutions dirigeantes du secteur transatlantique ? Eh bien, ils sortent un gros lapin de leur chapeau : les Panama Papers. Voilà un an maintenant qu’une source anonyme – donc sujette à caution – avait transmis au Süddeutsche Zeitung 11,5 millions de documents contenant quarante années de données sur une firme panaméenne appelée Mossack Fonseca, spécialiste d’entreprises faux-nez offshore utilisant des boites aux lettres à des fins d’évasion fiscale. Le Consortium international des journalistes d’investigation a alors fait travailler pendant un an 400 reporters dans 80 pays – financé par qui ? Par George Soros. Et il s’est mis à cibler des politiciens, des leaders industriels, des sportifs et d’autres.

Bien entendu, l’attention s’est tout de suite portée sur Poutine, même s’il n’était cité nulle part dans ces documents, et sur Xi Jinping. Le New York Times n’a pas perdu une minute depuis le début de l’affaire et a orienté l’attaque contre Xi Jinping.

Examinons cette opération : de quoi s’agit-il ? Jürgen Mossack, l’un des fondateurs, avait pour père un membre de la Waffen SS hitlérienne ; l’autre, Ramón Fonseca Mora, est l’ex-président du parti Panameñista, fondé par Arnulfo Arias Madrid, supporter déclaré d’Hitler ; et enfin le fils, qui avait pris une part active au renversement du général Noriega. Donc Mossack senior était membre de la Waffen SS nazie. Après la guerre, il avait proposé ses services en tant qu’informateur au gouvernement des États-Unis. N’est-on pas dans la droite ligne de la fameuse « route des monastères » (ratline) des frères Dulles, par laquelle ils ont exfiltré des nazis vers l’Amérique du Sud, afin de les déployer à d’autres buts ?

Impliquer Xi Jinping en particulier est d’un ridicule parfait, car s’il y a dans le monde un leader politique engagé dans une campagne sans pitié contre la corruption, c’est bien lui. Quel peut donc être le but de tout cela ? Cela s’inscrit de toute évidence dans la guerre hybride que le secteur transatlantique livre à la Russie et à la Chine, qui vise à un changement de régime par tout un éventail de moyens : révolutions de couleur, ONG financées par des fondations qui sans doute fraudent elles-mêmes le fisc, sanctions économiques et maintenant… ces Panama Papers, dans l’espoir évident de provoquer, contre les dirigeants ciblés, un fort mécontentement au sein de leurs populations.

Ça a failli marcher pour le président islandais, Olafur Grimsson, dont la résidence est à présent cernée par la foule – mais ce n’est pas comme si ce modus operandi nous était étranger. La recette, qui fonctionne depuis très longtemps, est la suivante : vous utilisez certains délinquants à la merci des gouvernements, ou des services secrets, et vous fermez l’œil pendant un certain temps sur des comportements et opérations criminels. Et puis, le moment venu, vous suscitez des révélations, et produisez une commotion.

Cela a été très efficace en Italie dans les années 1990 avec l’opération « Mains Propres », cette enquête juridique nationale conduite sur la corruption politique. Et tout a été révélé au grand jour.

Cela a sonné la fin de la dénommée Première République d’Italie : tous les partis étaient impliqués. Or quiconque a voyagé en Italie sait très bien que le système italien d’après-guerre était tout entier basé sur le principe appelé « amici di amici » (« les amis des amis »). Que cela plaise ou non, cela marchait ainsi : vous ne pouviez rien accomplir sans dessous-de-table, les travaux publics n’allaient jamais sans pots-de-vin, et tout ça s’appelait « Tagentopoli » (pots-de-vins-ville), pour désigner les dessous-de-table des travaux publics. En Italie, à l’époque, cinq mille notables furent éclaboussés ; la moitié du parlement italien ; plus de 400 villes et municipalités dissoutes. Le montant total annuel des dessous-de-table s’élevait à 4 milliards de dollars, estimait-on.

Bloomberg a récemment révélé que la campagne « anti-corruption » contre Dilma Roussef, la dirigeante du Brésil, l’un des pays des BRICS, était basée sur le modèle italien. Elle s’appelle « Operation Carwash » (littéralement « opération lavage de voiture »).

Là, on opère par un système de négociations de plaidoyers, où l’on fait de chefs de mafia des informateurs et ainsi, on peut remonter toute la chaîne du système politique. Ce qui se passe là-bas est particulièrement intéressant car cela met en lumière de manière très crue le caractère criminel du système financier transatlantique tout entier.

Prenons Mossack Fonseca, qui n’est que la 4e plus grosse firme de son secteur – on ne peut donc que conjecturer qu’il en existe beaucoup d’autres : il s’avère que la banque HongShang [Honkong and Shanghai Banking Corp., HSBC] est responsable de vingt pour cent de ces sociétés off-shore ; puis vient l’Union des Banques Suisses (UBS), le Crédit Suisse ; et presque toutes les banques allemandes.

Que fait-on quand on rencontre un problème de ce genre ? La seule solution pour mettre un terme à tout ça, c’est bien entendu ce que Franklin D. Roosevelt a fait en 1933 quand il a mis en place le Glass-Steagall et la séparation bancaire : couper en deux les banques et mettre en faillite la partie spéculative et frauduleuse.

C’est en tous points ce dont on a besoin aujourd’hui : séparer les banques, protéger les banques commerciales et de dépôt, fermer les marchés des dérivés et des dettes toxiques ; et puis mettre en place l’équivalent d’une « Commission Pecora » pour examiner qui est coupable de quoi, et dans quelle intention.

Il y a aussi de quoi rire, comme lorsqu’on a interrogé Osborne, membre du cabinet britannique [et chancelier de l’échiquier], sur le fait que le père du premier ministre Cameron se retrouve aussi sous les feux de la rampe dans les Panama Papers, et qu’il s’est exclamé « Oh alors là, c’est une affaire privée » ! Ma parole, ces gens-là ne manquent vraiment pas de toupet.

Donc pour les États-Unis, il faut une solution à la Franklin Delano Roosevelt. Ensuite, il nous faut résoudre toutes ces crises, ce que je pense tout à fait faisable, pourvu qu’on suive le chemin qui vient d’être tracé par les négociations entre le secrétaire d’État Kerry et le ministre des Affaires Étrangères de Russie, Lavrov, à propos de la Syrie. Il faut une solution politique : un accord.

Le moment idéal, c’est maintenant !

Mais pour cela, il faut lancer un vaste programme de développement. Il faut suivre au pied de la lettre la proposition que le président Xi Jinping a faite en Iran, à savoir étendre le projet OBOR au Moyen-Orient tout entier. Ce n’est pas avec des bombes qu’on viendra à bout du terrorisme. Que ce soit par drone ou par bombe, tout terroriste abattu en générera cent autres qui haïront encore plus l’Occident que celui qui vient de tomber.

Ce n’est donc pas une solution. C’est certain, il faut combattre Daesh, et s’en débarrasser. Mais il faut aussi une perspective de développement pour la région tout entière, de l’Afghanistan au Moyen-Orient, à la Méditerranée, et du Caucase au Golfe persique. Et il faut déclarer la guerre au désert : faire couler à flots l’eau douce – et c’est tout à fait possible avec le nucléaire civil, et le dessalement de grandes quantités d’eau de mer. Il faut de nouvelles villes, de l’agriculture, de l’industrie, afin que les peuples de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan, du Yémen, de Tripoli en Libye, et de bien, bien des pays africains, aient un futur !

Pourquoi ne pourrions-nous pas saisir l’occasion que nous donne la proposition de Xi Jinping pour nous engager dans une coopération « gagnant-gagnant » avec les grands pays voisins du Moyen-Orient : la Russie, la Chine, l’Inde, l’Iran et l’Égypte, et reconstruire le Moyen-Orient à la manière du Plan Marshall ou d’une Nouvelle route de la soie ? La seule raison pour laquelle j’évoque le terme « Plan Marshall » est parce que cela rappelle aux gens qu’on peut reconstruire des régions dévastées par la guerre à l’aide d’un programme à marche forcée. Je sais que la Chine ne veut pas utiliser le terme « Plan Marshall », car trop connoté guerre froide ; c’est pourquoi il nous faut avoir une perspective « Nouvelle route de la soie ».

Il en va de même pour la crise ukrainienne, bien entendu. Vous savez probablement qu’hier, les Hollandais se sont prononcés par référendum contre l’accord d’association de l’UE avec l’Ukraine. C’est une très, très bonne chose : ça veut dire qu’elle fait un pas de plus vers sa propre dissolution. Souvenez-vous : c’était ce même accord d’association avec l’UE que Viktor Ianoukovytch devait signer fin 2013 lors du sommet de Vilnius où a démarré la crise ukrainienne. Au dernier moment, Ianoukovytch s’était rendu compte que cette signature aurait donné à l’OTAN un accès sans réserve au sol ukrainien ; elle aurait aussi donné le feu vert à une guerre économique contre la Russie, vu les accords russo-ukrainiennes.

C’est pourquoi il s’est ravisé à la dernière minute. Et alors on a vu fleurir une révolution de couleur, le Maïdan, et ce qui s’en est suivi. Si vous examinez bien la chronologie des événements, ce n’est pas l’annexion de la Crimée par la Russie qui a été l’origine de la crise. A chaque fois, la Russie a été obligée de réagir devant une provocation de l’OTAN et de l’UE – dont un coup d’état fasciste [en Ukraine] en février 2014.

Alors, comment résoudre ce problème aujourd’hui ? Car c’est le moment idéal, vu que l’accord d’association avec l’UE est remis en question. On ne peut plus le mettre en œuvre et même s’il n’y a eu que 32 % des Hollandais qui se sont exprimés, il demeure que 64 % d’entre eux ont dit non, et le gouvernement hollandais n’osera jamais poursuivre en sa faveur, tant il sait bien que dans les 70% à s’être abstenus, beaucoup n’aiment pas l’UE. Rappelez-vous que les Français et les Hollandais ont été les deux seuls peuples à avoir rejeté en 2005 le projet de Constitution européenne.

Il y a donc un énorme ferment de désaccord contre la dictature qu’est devenue l’UE. Et les médias européens de se répandre en cris d’orfraie assourdissants.

C’est désormais à nous d’utiliser cette situation : il suffit d’un seul veto et cet accord sera caduc. Disons : « Stop à l’affrontement avec la Russie ! ».

Étendons l’UE et l’Union économique eurasienne de Russie à une seule zone eurasienne de l’Atlantique à la mer de Chine. Élargissons la vision de la Route de la Soie pour y inclure l’Ukraine et la développer ! Parce que l’Ukraine est au bout du rouleau économiquement parlant. Les gens y mènent une vie épouvantable, qui résulte directement de ce qui s’est passé ces trois dernières années.

Et faisons la même chose pour l’Afrique. Pensez-vous vraiment qu’on puisse rester les bras croisés et laisser les 1 % les riches s’enrichir toujours plus, par des moyens dont on a un meilleur aperçu depuis les Panama Papers, tandis que la majorité des gens ordinaires perd tout ce qu’elle possède ? La classe moyenne s’appauvrit, les pauvres voient leur espérance de vie se réduire ; le fossé entre les riches et les pauvres se creuse de jour en jour dans le monde entier ; et chaque jour un milliard d’êtres humains souffrent de la faim.

Klaus Schwab, le directeur du Forum économique de Davos, a déclaré il y a quelques mois que s’il n’y pas de changement de cap, il faut s’attendre à voir déferler en Europe un milliard (!) de gens dans les prochaines années ! Or, lorsqu’on constate qu’on envisage d’utiliser l’OTAN et Frontex pour tirer sur les réfugiés avec des bateaux de guerre afin de les en dissuader, on se demande ce qu’il reste des « valeurs de l’Europe ». Que reste-t-il de notre humanisme ? Que reste-t-il de « nos valeurs » ?

Alors pourquoi ne pas adhérer à la Nouvelle route de la soie et nous dire « Eh bien, puisqu’on dispose d’un modèle économique très attrayant qui fonctionne déjà parfaitement pour soixante nations dans le monde, joignons nos efforts, nous les États-Unis, la Russie, la Chine, les nations européennes, et développons l’Afrique. » Il est temps que nous nous dotions d’une grande vision pour mettre un terme au calvaire de tant de monde.

Un ministre allemand, Gerd Müller, qui a beaucoup voyagé en Asie du Sud-Ouest et en Afrique, martèle sans cesse, ce qui est un grand pas en avant :
Il faut un plan Marshall, il faut développer ces pays parce que sans ça, ils emmèneront leurs problèmes en Europe.

Et convainquons le Japon qu’ils n’a aucun intérêt à se laisser entraîner dans des péripéties militaires contre la Chine. Le Japon est un pays très comparable à l’Allemagne : il ne dispose d’à peu près aucune matière première, et pourtant il a atteint un niveau de vie très élevé à cause de son niveau en sciences et en technologie, et d’exportations. Or, le marché naturel d’exportation du Japon, c’est l’Asie, c’est l’Afrique : il devrait être partie prenante de ce nouveau système économique mondial – au lieu de se fourvoyer comme le fait la Banque du Japon dans tes taux d’intérêts nuls ou négatifs, et de s’enfoncer toujours plus avant dans la déflation.

Et les États-Unis ?

Les États-Unis peuvent-ils se passer d’une Nouvelle route de la soie ? Certainement pas. Car si vous empruntez l’une ou l’autre des deux routes entre Washington et New York, ou même n’importe quelle route à New York, vous vous demandez comment ça se fait que les habitants ne rouspètent pas davantage à propos de l’état de leurs routes ! Elles sont si mauvaises qu’en comparaison, les routes en République démocratique d’Allemagne (RDA), en Allemagne de l’Est avant 1989, ces routes paraîtraient lisses ! Donc les États-Unis tireraient un bienfait évident de se joindre à la Nouvelle route de la soie, et de construire des infrastructures ! La Chine vient de construire 20 000 km de réseau ferré à grande vitesse en fin d’année dernière, et elle envisage d’atteindre 50 000 km dans les années 2025 ou 2030 – en tous cas à brève échéance. Or, combien de kilomètres ou miles de voies ferrées à grande vitesse les États-Unis ont-ils construit ? Zéro !

Ce que donc nous proposons, c’est que les États-Unis, plutôt que de gaspiller son potentiel industriel dans un complexe militaro-industriel sans cesse accru, dans la tentative de militariser le monde entier, transforment leur industrie pour construire des trains à grande vitesse, des trains Maglev, ou importent le système de trains à grande vitesse chinois – qui est excellent. Il est confortable, il est rapide, il ne procure aucune secousse, au contraire des trains européens. Construisons donc 50 000 miles de voies ferrées à grande vitesse aux États-Unis ! Combattons le désert dans le Sud-Ouest des États-Unis !

Construisons quelques villes nouvelles, car vous le savez : une grande partie des États-Unis est sous-développée. En fin de compte, aucune ville nouvelle n’a été fondée dans l’Ouest après Teddy Roosevelt. Construisons-en de « connectées », des villes modernes, pensées sur des systèmes modulaires, mais de belles villes ! Voilà un vrai défi : construire de belles villes, pas de nouveaux Houston. [applaudissements]

Voilà. Nous devons mettre ce projet sur la table : « La Nouvelle route de la soie devient le Pont terrestre mondial ».

L’autre raison pour laquelle nous avons proposé un développement pour le monde entier, c’est que la réponse à un monde unipolaire n’est pas la multipolarité. Car l’idée d’avoir des pôles multiples, des groupes de nations qui maintiennent leurs intérêts face à ceux d’autres groupes de nations, cette idée garde en elle le germe de la géopolitique.

Or c’est la géopolitique qui est la cause des deux guerres mondiales du XXe siècle, et s’il devait y en avoir une autre, ce serait l’extinction du genre humain. Parce que l’idée même de guerres limitées quelque part dans le Pacifique ou quelque part en Europe est une sottise complète. Tous les experts militaires auxquels nous nous sommes adressés, des militaires de haut rang en Europe, aux États-Unis et ailleurs, tous sont convaincus qu’il est de la nature même de l’existence d’armes thermonucléaires que, si une guerre débute quelque part, alors elle devienne une guerre généralisée et globale.

Ce dont nous avons besoin, c’est de remplacer la géopolitique par un nouveau paradigme ; un nouveau paradigme qui soit aussi éloigné de l’ancien que les Temps modernes l’ont été du Moyen Âge. Le Moyen Âge étant : la scolastique, la superstition, les Flagellants, les gens qui deviennent simplement fous, s’en remettant à Aristote ; et quand la Renaissance est arrivée, avec Nicolas de Cues et quelques-uns des grands penseurs de la Renaissance italienne, ceux-ci ont créé un paradigme entièrement nouveau où le rôle de l’individu se trouvait redéfini de manière entièrement différente ; ce paradigme posait pour la première fois la souveraineté de l’État-nation dédié au bien commun, ce qui a rendu possible les progrès scientifiques et artistiques par des moyens restés inconnus jusqu’alors.

C’est bien un paradigme d’une nouveauté radicale qu’il nous faut aujourd’hui. Le genre humain n’a en vérité aucun avenir s’il ne parvient pas à hisser sa pensée au-dessus de son soi-disant « intérêt propre » actuel, si mesquin, ou de « l’intérêt national », qui n’est autre en réalité que celui des grandes corporations et de Wall Street.

Nous avons besoin d’une image de l’Homme, celle de l’Homme comme seule espèce douée de créativité – du moins à ce que nous en savons aujourd’hui. La philosophie confucianiste chinoise a ce mot, ou ce concept, de « ren » qui est presque l’équivalent de ce que l’humanisme chrétien appelle (en grec) « agapè », l’Amour (en latin : caritas). Il désigne un amour désintéressé, qui doit être le fondement des relations harmonieuses que nous devons développer avec notre famille, notre voisin, notre nation, et la communauté internationale des nations.

Le genre humain a énormément progressé en très peu de temps. Songeons au nombre d’esprits brillants que nous avons produits au cours des 10 000 dernières années : Confucius, Platon, Mencius, Nicolas de Cues, Kepler, Leibniz, Bach, Schiller, Beethoven, Tagore, Vernadski, Einstein – pour n’en nommer que quelques uns ; des modèles de ce que nous devrions être.

Fixer une nouvelle norme

Si vous vous dites que « des gens si extraordinaires, il ne peut y en avoir qu’un seul par siècle », je m’inscris en faux. J’estime que si nous mettons en place le genre de réforme dont nous parlons, nous éliminerons la pauvreté. Plus aucun enfant, plus personne sur la planète entière n’aura pas ses besoins primaires satisfaits.

J’estime que si nous donnons à tous les enfants de la Terre l’éducation universelle, l’accès aux grandes découvertes du passé, si nous leur enseignons l’Art classique, si nous leur transmettons le genre de morale que nous avions coutume d’associer à l’humanisme chrétien, au bouddhisme, au confucianisme, ou à d’autres grandes cultures de la planète, eh bien j’estime qu’éliminer la faim et la pauvreté serait le mieux que nous puissions faire pour faire respecter les « droits de l’Homme » ! Parce qu’être pauvre, et avoir faim, vous prive de votre statut d’homme.

Si nous prenons une autre route et nous disons « Dotons-nous d’un plan de développement global, arrêtons les guerres géopolitiques, donnons-nous la main et travaillons ensemble », alors chaque enfant à naître pourra envisager de devenir un scientifique, de devenir un professeur, un artiste, ou simplement un astronaute ou toute autre belle chose qui développe l’esprit humain.

Et puis, je pense qu’il nous faut revenir aux plus hautes traditions de nos propres cultures. Les Américains doivent redevenir des républicains, comme Benjamin Franklin, et les pères fondateurs, Hamilton, Lincoln, Roosevelt, Kennedy. En Allemagne, il nous faut revenir aux classiques allemands. Dans d’autres nations, il nous faut revivifier d’autres sommets de la culture.

Au fond, il faut que nous nous rejoignions les uns les autres à partir de la forme véritablement la plus élevée de notre culture, pour rejoindre la forme la plus élevée de la culture de l’autre nation.
Alors seulement notre monde sera humain.

N’abandonnons pas l’idée que le genre humain est Humain ! Il nous faut nous battre pour cela aujourd’hui. Et si nous faisons cela, et (pour employer un terme du français « connecté » d’aujourd’hui), la « nouvelle norme » sera que chaque personne est un génie. [Applaudissements]

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