« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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Conférence de Kiedrich
21 octobre 2007
par Ahmed Kedidi
Ahmed Kedidi est professeur d’université, ancien député, et président de l’Académie européenne des relations internationales à Paris.
Le monde arabo-musulman est actuellement le théâtre de toutes les crises de séparation et de guerre entre les peuples, les ethnies, les communautés et les classes. Au moment où nous appelons à édifier des ponts et des corridors, l’espace arabo-musulman continue à se disloquer et de nouveaux murs se dressent entre les peuples.
C’est justement pour cette raison que je crois que le combat de Lyndon LaRouche est beaucoup plus urgent ici qu’ailleurs.
Le monde musulman est passé par plusieurs cycles historiques qui ont façonné sa civilisation mais aussi, ont fait qu’il y ait plusieurs mondes musulmans et non pas une entité homogène. Le cycle actuel, qui a commencé par la chute de l’Empire ottoman, s’est illustré par la mue de la foi en idéologie et de la concorde entre les cultures en conflit. L’espoir passe par une solution juste et durable du drame palestinien, un horizon de paix et de liberté en Irak, la résolution du conflit en Afghanistan, le retour de l’entente séculaire au Liban et la bonne gouvernance dans cet espace arabo-musulman. Voilà aujourd’hui un quart de siècle que je connais Lyndon LaRouche. Vingt-sept ans de sincère et profonde fidélité me lient politiquement et moralement à cet homme.
En 1985, lorsque j’occupais des postes politiques importants dans mon pays d’origine, la Tunisie, nous étions agressés par la Libye voisine, une Libye différente d’un Kadhafi différent à l’époque. L’humeur du colonel libyen a mis 32 000 citoyens tunisiens résidant légalement en Libye à la porte, dans les sables du désert de nos frontières communes, et nous nous sommes trouvés confrontés à une crise inattendue et imprévisible, dans un pays sans ressources naturelles et souffrant déjà du chômage.
Dans cette absurde situation, le gouvernement tunisien de Bourguiba a eu le soutien stratégique et médiatique immédiat de Lyndon LaRouche, homme d’honneur et visionnaire averti. Et lorsque j’ai proposé à mon ami le Premier ministre tunisien Mohammed Mzali d’inviter M. LaRouche à Tunis en signe de reconnaissance et d’efficacité politique, celui-ci a demandé l’avis de notre ambassadeur à Washington, M. Habib ben Yahia (plus tard ministre des Affaires étrangères). L’ambassadeur, curieusement, a émis un avis défavorable à cette invitation, ce que le Premier ministre m’a transmis tout en me priant de contacter l’ambassadeur pour plus d’informations, ou d’argumentation. J’ai donc appelé au téléphone M. ben Yahia, qui me tint un discours très significatif et très édifiant sur l’image de Lyn et le sens de son combat dans le monde arabo-musulman.
Depuis son bureau de la capitale américaine, son Excellence m’a dit exactement : « Tu sais Ahmed, Lyn est un grand économiste et un prestigieux candidat à la présidence américaine, ses thèses sont en permanence confirmées par les événements et par l’histoire, mais (parce qu’il y a un mais) il ne jouit pas de la sympathie de l’administration américaine ! » J’insiste pour en savoir plus et pour être éclairé sur la raison de l’absence de sympathie officielle à l’égard de cet homme que notre ambassadeur lui-même trouve génial ; l’ambassadeur continue ses propos en m’expliquant dans un embarras visible et audible que Lyn n’est pas très tendre avec les excès et les violences de la politique israélienne, ni avec les erreurs fatales du système monétaire international, ni avec les orientations de la gestion américaine des crises mondiales et les choix économiques et financiers de l’Occident.
A ces éloges, j’en déduis que la Tunisie de Bourguiba doit donc inviter cet homme et l’honorer ! L’ambassadeur me répond (à mon grand étonnement) : « Justement, c’est à cause de ces qualités réelles que nous devrions être prudents et... réalistes et ne pas s’attirer les foudres de la Maison Blanche et du Pentagone » !
Un autre souvenir. Alors que, tout au long des années 90, étant professeur à l’université du Qatar et analyste politique sur Aljazirah et les chaînes satellitaires arabes, je diffusais le message de Lyn et que mon ami Jacques Cheminade venait dans le Golfe expliquer les idées de Lyn, je reçus une gentille invitation à déjeuner de l’ambassadeur de France au Qatar, et entre le fromage et la tarte Tatin, je lui dis : « Excellence, je sais qu’un bon ambassadeur, s’il invite quelqu’un à sa table, c’est pour avoir un renseignement utile ; donc, qu’est-ce que vous voulez savoir ? » Il me répond : « Votre engagement avec LaRouche. » Je lui demande ce qu’il pense lui, personnellement, de LaRouche.
Il me dit : « LaRouche me semble seul. » Et là, je réponds : « Excellence, André Malraux, en parlant du général de Gaulle, a écrit : « Il existe deux sortes de solitude, la solitude de l’homme que les autres ont abandonné, et la solitude de l’homme que les autres n’ont pas encore rejoint ». » Et après, le déjeuner a pris un autre cours.
En me souvenant de ces deux épisodes, je revois défiler dans ma mémoire toutes les absurdités des diplomaties arabo-musulmanes et européennes envers Lyn le juste et le visionnaire. Ces absurdités contre lesquelles je me suis battu pendant un quart de siècle, non pas pour mon ami et maître Lyn, mais essentiellement pour les idées et les idéaux du larouchisme, qui est fondamentalement humanisme, et que l’histoire contemporaine avait définitivement hissé au rang d’un triomphe de la raison, de la culture, de la paix sur les fanatismes, les racismes et les injustices qui menacent hélas notre monde et confisquent notre avenir.
Aujourd’hui, heureusement, de Djakarta à Tanger, les 1,2 milliard de musulmans du monde vivent une aventure de développement et de reconstruction, et les élites arabo-musulmanes connaissent et reconnaissent de jour en jour le combat acharné de Lyn et Helga pour la nouvelle route de la soie et pour l’entrée de l’islam dans l’histoire.