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Europe-Russie-Chine

Un nouveau paradigme dans les relations internationales

27 novembre 2019

Andrei Ostrovskii est directeur adjoint de l’Institut d’études de l’Extrême-Orient de l’Académie russe des sciences

A l’automne 2013, le Président de la République populaire de Chine, M. Xi Jinping, a lancé, le projet de la Ceinture économique de la Route de la Soie lors d’un sommet avec le président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev. Ce projet comprend deux parties – une ceinture continentale allant vers l’Europe en passant par le Kazakhstan et la Russie ou par la Méditerranée, et une route maritime de la soie passant par l’Asie du Sud-Est. Plus tard ces projets ont été renommés Initiative une Ceinture, une Route (ICR en Français, OBOR en Anglais)

Début 2015, le Président de la Fédération russe, Vladimir Poutine, a annoncé la fondation de l’Union économique eurasiatique (UEEA) composée de cinq membres : la Fédération de Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie, l’Arménie et le Kirghizistan. Il était question au début d’établir une zone de libre échange Union économique Eurasiatique et Chine, mais en mai 2013, la Fédération de Russie et la Chine ont fait une déclaration conjointe concernant la coopération mutuelle et la conjonction des deux projets. Selon cette déclaration, les deux côtés, l’UEEA et l’ICR, étaient prêts à entreprendre des efforts conjoints et à ajuster leur coopération aux formats bilatéraux et multilatéraux, à commencer par l’Organisation de la Coopération de Shanghai (OSC)” (1)

Le projet Chinois a des avantages évidents par rapport au projet russe, étant donnée ses origines très anciennes (plus de 2100 ans). Les deux projets ont des normes communes et des niveaux culturels non contradictoires ; l’ICR inclue une population de plus de 3 milliards de personnes alors que l’UEEA ne concerne que 200 millions de personnes. En mars 2015, le Ministère du Commerce et le Comité national du Développement et de la Réforme de la RPC ont publié un document où ils soulignaient : « Il y a d’un côté des économies en développement des pays de l’Asie de l’Est, de l’autre, des économies développées des pays Européens, et entre les deux, des pays qui représentent des vastes espaces avec un grand potentiel de développement économique. » (2)

L’ICR se traduit par un développement rapide de zones occidentales de la Chine– les trois provinces Shaanxi, Gansu, Qinghai et deux régions autonomes : Ningxia-Hui et Xinjiang-Ouïghour – qui accusent un retard par rapport à ses zones côtières, du point de vue de leur PIB et taux de croissance. Ce projet organisera une répartition égale des ressources et des industries à travers tout le territoire de la Chine, pour atteindre des résultats plus élevés au niveau social et économique.

L’ICR a été inclus dans le 13e plan quinquennal (2016-2020) adopté lors de la Session du Congrès national des peuples de mars 2016. Ce projet doit être complété d’ici 30 ans. Il inclut 7 ceintures : transport, énergie, commerce, information scientifique et technique, agriculture et tourisme. En mars 2015, lors du « Forum économique asiatique », le vice Premier ministre russe Igor Shuvalov a annoncé la décision russe de coopérer avec l’ICR : « La circulation libre des biens et des capitaux au sein de l’UEEA, rassemblera les économies européennes et asiatiques : c’est un point commun à l’ICR. En Russie, nous sommes sûr qu’un travail conjoint entre l’ICR et l’UEEA pourra créer de nouvelles possibilités pour le développement de la Chine et des pays de l’UEEA. » (3)
Sur le territoire des pays de l’UEEA – Russie, Kazakhstan et Biélorussie, la croissance pourra se développer très rapidement, en particulier grâce à la construction d’infrastructures des transports (chemins de fer et autoroutes) dans la route Druzhba (Dostyk) – Almaty – Orenbourg – Kazan – Moscou – Minsk, comme cela a été le cas dans les zones traversées par le chemin de fer transsibérien et le chemin de fer de l’est en Chine, à la fin du XIX siècle et au début du XXe.

Comme l’expérience de ces derniers projets l’a montré, la construction de chemins de fer en liaison avec des terminaux portuaires, s’est traduite par un développement très rapide des territoires adjacents aux chemins de fer. Durant cette période, l’Extrême-Orient russe et la Sibérie orientale ont connu un fort développement, tout comme les territoires chinois du Nord-est – les provinces de Heilongjiang, Jilin et Liaoning.

La conjonction entre ces deux projets à grande échelle aidera la Russie et les autres pays de l’UEEA à créer une énorme zone de transit pour l’échange de biens entre l’Europe et l’Asie, et à développer un marché de produits finis en Chine aussi bien que dans les pays asiatiques. La Chine aura plus d’opportunités pour développer des marchés où elle pourra vendre ses produits ainsi que des marchés pour les matières premières.

La conjonction de ces deux grands projets aidera aussi à développer le commerce et la coopération économique entre les pays membres de l’Organisation de la Coopération de Shanghai (OSC). La Route du Nord du projet ICR ira de la Chine vers l’Asie centrale et vers l’Asie de l’Ouest, le Golfe Persique et la Méditerranée. Il faudra non seulement penser à intégrer les pays de l’OSC tels que le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, dans ce projet, mais aussi nombre de leurs voisins d’Asie centrale et occidentale, créant les conditions d’une coopération bénéfique pour tous.

Au cours du développement de l’ICR, tous les côtés devront s’accorder sur la façon de coordonner leurs stratégies de développement tenant compte des pratiques économiques, politiques et juridiques de chacun. La base du projet est de construire, développer et améliorer les infrastructure de transport sur le territoire de l’ICR, en y incluant notamment un TGV reliant Moscou à Beijing. La prochaine étape de la conjonction entre les deux projets consistera à réduire, puis à éliminer les barrières aux importations et aux investissements, entre les différents membres de l’ICR. Il le faut pour accroitre leurs échanges et investissements potentiels, accélérer les mouvements des capitaux au sein de ce système économique, et harmoniser les devises. On pourrait ainsi arriver à une situation où les pays membres de l’ICR pourraient refuser d’utiliser des dollars dans les échanges entre eux.

Pour assurer la conjonction entre les deux projets, il faudra faire appel aux opportunités ouvertes par les nouvelles institutions financières– la Banque asiatique pour les investissements en infrastructures (BIIA) et le Fond de la route de la soie (SRF). Cela aidera a résoudre des problèmes crées par l’accroissement de la coopération dans le commerce et l’investissement (y compris dans les infrastructure par la route Beijing -Almaty – Moscou – Minsk), l’harmonisation des devises utilisés par les pays membres, et la coopération dans les investissements entre l’UEEA, l’ICR et l’OSC.

Cette tâche est tout à fait possible grâce à l’aide de la BIIA dont le capital est de 100 milliards de dollars et du Fonds de la Route de la Soie dont le capital est de 40 milliards de dollars. Il peut fournir à l’ICR, l’appui nécessaire à la création d’une énorme zone de transit entre la RPC et l’Union Européenne, fondée sur la puissance financière de la Chine , avec son matelas confortable de réserves monétaires fortes et de l’or.

En avril 2019, le deuxième forum international de l’ICR a eu lieu à Beijing. Quelques 40 dirigeants des pays longeant la Nouvelle route de la soie et plus de 1000 experts et journalistes ont pris part à ce forum. Le Président Xi Jinping y a prononcé le discours principal et 140 accords de coopération y ont été signés. Le volume des investissements chinois dans des projets le long de l’ICR, a atteint plus de 80 milliards de dollars, et le niveau d’impôts et d’autres retours a dépassé les 2 milliards de dollars américains. (4)

Désormais la Chine est le partenaire étranger le mieux placé pour aider la Russie, à faire face à la tâche stratégique de développer la Sibérie et l’Extrême-Orient. D’une part, l’orientation vers le marché chinois peut être une aide économique efficace pour l’exploration des ressources naturelles dans ces territoires, qui demande des investissement très importants et à long terme.

Deuxièmement, le développement de la Sibérie et de l’Extrême-Orient sont dans l’intérêt de la Chine parce qu’ils permettront de résoudre le problème de la renaissance de la vieille base industrielle du Nord-est de la Chine, dans les régions voisines à la Russie, et fournira à l’économie chinoise les ressources naturelles nécessaires en termes générales.

Troisièmement, le développement du commerce sino-russe pourra stimuler aussi les relations économiques de la Russie avec le Japon et avec la République de Corée. La Russie occupe aussi une place importante dans la stratégie économique chinoise avec l’étranger, en tant que fournisseur des matières premières et de ressources énergétiques ainsi que d’un marché pour les machines et l’électronique chinoise.

La Russie est un partenaire important pour la fourniture du pétrole brut et de gaz naturel à la Chine. Au niveau du pétrole brut, la Russie a désormais dépassé l’Arabie Saoudite ainsi que d’autres pays arabes et africains. Et avec le pipeline « Force de Sibérie », allant des dépôts gaziers de Chayanda jusqu’au Nord-est de la Chine (avec une capacité de 55 metres3 par ans), la Russie deviendra le principal fournisseur de gaz naturel à la Chine. Actuellement, la partie la plus importante des importations de pétrole brute et de gaz naturel de la RPC, vient des pays arabes et de plusieurs pays africains et passe par le détroit de Malacca en Asie du Sud Est. Mais, en cas de crise, ce dernier pourrait être bloqué. C’est pourquoi la Chine veut avoir des routes alternatives pour ses ressources énergétiques, passant principalement par la Russie et les pays d’Asie centrale, par la voie continentale, et d’Amérique latine, via l’Océan pacifique.

Afin de sécuriser ses fournitures en ressources énergétiques en provenance du Venezuela, la Chine a envisagé de construire le canal rejoignant l’Océan Atlantique au Pacifique via le Nicaragua. Pour ces même raisons, elle a pleinement développé le port de Gwadar au Pakistan. Cette route permet de transporter du cargo incluant du pétrole brut et du gaz naturel dans des citernes à travers le col de Khunjerab, au moins pendant 6 mois de l’année.

Le district de l’Extrême-Orient occupe 36% du territoire russe et regroupe seulement 5% de la population de la Fédération de Russie, mais on y trouve 30% de ses réserves de charbon, 20% des hydrocarbures, 25% du bois et des réserves importantes de métaux rares et non ferreux. Cependant, les infrastructures de cette région sont sous développées. Il n’y a qu’une route pour véhicules entre Irkoutsk et Vladivostok. Il n’y a que deux chemins de fer – le Transib et la BAM (magistrale Baikal-Amour), sous-utilisée en raison de l’arriération des régions et de la sortie directe via le port en eau profonde Sovgavan, dont les conditions naturelles sont meilleures que celles du port en eau profonde de San Francisco. La liaison par bateau à vapeur dans la mer Arctique est aussi sous développée, bien qu’autrefois elle avait fourni l’essentiel de “ la livraison du Nord” comme on disait alors.

Il faut évoquer aussi le développement très faible des réseaux de distribution électriques, des communications TV, du système bancaire ; jusqu’à présent il n’y avait pas non plus de pipelines gaziers ou pétroliers. L’Extrême-Orient et la Sibérie sont séparés de la partie européenne de la Russie. De plus, les coûts élevés des transports creusent encore l’écart entre les régions de l’Extrême-Orient et celles de la partie européenne de la Russie.

Le développement de ces régions est l’un des problèmes stratégiques le plus difficile a surmonter dans le développement régional de la Russie. Il est évident que pour construire des « pôles de croissance », avec une population accrue, il est nécessaire de développer la coopération avec les Etats de la région Asie-Pacifique (APR), pour créer des « joint-ventures », accroitre leur volume dans le PRB (Produit régional brut), élever le niveau du PRB par tête, et sur cette base, augmenter la demande de la population solvable, développer un commerce de détail et l’offre des services. La Russie ne pourra atteindre ces objectifs que par une coopération économique régionale active et par son inclusion dans les processus de la région Asie Pacifique.

La participation de l’Extrême-Orient russe et de la Sibérie à l’ICR,qui est l’un des forums importants de la coopération régionale au sein de l’APR, est importante pour la Russie. Il y a trois routes de l’ICR vers l’Ouest – la première via le Kazakhstan, la mer Caspienne, les régions transcaucasiennes et la Turquie ; la deuxième, via le Kazakhstan et la partie européenne de la Russie ; la troisième via l’Iran et la Syrie.

Mais, il y a beaucoup de variantes de la Route de la soie, commençant par la Ceinture économique de la Route de la soie et la Route maritime de la Soie et finissant par les différentes routes par mer ou par rail qui traversent l’Eurasie. Trois routes traditionnelles traversent également la partie européenne de la Russie, le Kazakhstan, la Turquie, l’Iran, la Géorgie et l’Azerbaïdjan, et il y a encore une autre route passe par la Sibérie occidentale, la Sibérie orientale pour aboutir à l’Extrême-Orient. Il y a des projets pour la construction de deux ponts transcontinentaux Europe -Asie (Nord et Sud), et la route Yekaterinburg – Novosibirsk – Krasnoyarsk – Irkutsk – Chita – Khabarovsk – Vladivostok, deviendra une partie importante du pont transcontinental du Nord. (5)

Au début du XXI siècle, les auteurs d’un rapport d’analyse destiné au Conseil de la Fédération de l’Assemblée Fédérale de la Fédération de Russie (Irkoutsk, Septembre 2000) avait déterminé quatre directions principales pour l’intégration de la Russie dans l’Asie du Nord Est : 1) développer l’exploitation des ressources de pétrole et de gaz naturel de l’Extrême-Orient russe et de la Sibérie, et construire un réseau de pipelines pour le pétrole et le gaz naturel ainsi que des réseaux de distribution d’électricité. ; 2) utiliser la position géographique de la Russie comme un pont entre l’Europe et l’Asie ; 3) attirer la force de travail étrangère pour le développement de ces régions ; 4) établir des parcs technologiques pour développer le potentiel scientifique russe. (6)

Toutes ces directions sont d’une très grande importance. Regardons le point qui concerne l’utilisation de la position géographique de la Russie en tant que pont entre l’Europe et l’Asie. Pour qu’un pont puisse fonctionner normalement, il est nécessaire qu’il ait une composante maritime – des ports avec un volume de fret important pouvant accueillir des navires de mer transportant un volume important de containers. Il existe beaucoup de ports de mer en Extrême-Orient, mais la plupart sont gelés en hiver. Il n’y a que trois qui puissent assurer des conditions climatiques plus favorables : Vladivostok, Nakhodka et Zarubino.

Il faut comparer les capacités de ces trois ports. Nakhodka est un port situé au sud du Kraï du Primorié. Sa limite principale est que des problèmes pour y accéder créent des difficultés pour le transport du cargo et limitent le taux de turnover de fret. Le Port Zarubino est préférable par son climat et ses conditions naturelles, mais l’infrastructure peu développée des territoires adjacents limitent aussi ses perspectives de développement. Les autorités de la province de Jilin seraient inclines à l’utiliser comme une sortie vers la mer, mais il y a de nombreux obstacles et difficultés dans le chemin de sa réalisation. Le développement du Port de Vladivostok est préférable étant donnée sa position géographique et en raison des infrastructures plus développées : il y a des chemins de fers et des autoroutes, des aéroports et une meilleure connectivité de transport comparé à Nakhodka et à Zarubino.

L’Extrême-Orient a besoin de projets d’infrastructures de grande envergure qui exigent des investissements importants. Des budgets d’investissement publics ou des investissement étrangers à partenariat public/privé pourraient constituer les principales sources de financements. C’est pourquoi nous pourrions considérer la coopération avec les pays de l’APR comme un outil pour le développement complexe de l’économie régionale.

Il est important de déterminer plusieurs aspects du commerce et de la coopération économique sino-russe, qui auront une très grande influence sur le processus d’intégration dans l’Asie du Nord-est. La croissance du commerce sino-russe et les investissements dans la coopération favoriseront le développement de la Chine et l’aideront a maintenir de taux élevés de croissance basés sur les ressources naturelles russes. En même temps, le développement économique de l’Extrême-Orient russe et de la Sibérie sera plus dynamique en raison du réseaux d’infrastructures plus performant.

Pour établir la jonction entre les deux projets – ICR et EEAU – il faut définir une perspective de 4 directions potentielles : 1) ressources énergétiques, 2) transports, 3) investissements, et 4) banque. La croissance du commerce et des relations économiques actuellement dépend des échanges commerciaux. Pour un meilleur développement du commerce sino-russe, il est nécessaire de s’intéresser à ces 4 orientations évoquées ci-dessus.

Elles pourraient devenir un lien clé dans le développement du processus d’intégration dans l’Asie du Nord-est et, en même temps, réduire l’écart dans le potentiel économique entre les parties asiatiques et européennes de la Russie. La Russie devrait prendre une part plus active dans l’ICR, pour atteindre l’objectif du développement de l’Extrême-Orient russe.

1) (Voir :Совместное заявление РФ и КНР о сотрудничестве по сопряжению строительства ЕАЭС и Экономического пояса Шелкового пути, 8 мая 2015 г. /Экономический пояс Шелкового пути, М., Русский биографический ин-тут, Ин-тут экономических стратегий, (Joint Statement of the RF and the PRC about Mutual Cooperation on Conjunction of Two Projects - Eurasia Economic Union and Economic Belt of the Silk Road, May, 8, 2015 / Economic Belt of the Silk Road, Moscow, Russian Biographical Institute, Institute of Economic Strategies, 2015. P.22).
2) (voir : Прекрасные перспективы и практические действия по совместному созданию Экономического пояса Шелкового пути и Морского Шелкового пути XXI в. (март 2015 г.) /Экономический пояс Шелкового пути, М., Русский биографический ин-тут, Ин-тут экономических стратегий (Wonderful Prospects and Practical Actions on Joint Building Economic Belt of the Silk Road and Maritime Silk Road of the XXI century, Moscow, Russian Biographical Institute, Institute of Economic Strategies, 2015. P.30).

(3) (See : Ремыга В.Н., Падалко В.И. Новая глобальная стратегия Китая – Экономический пояс Шелкового пути/ Экономический пояс Шелкового пути. М., Русский биографический ин-тут, Ин-тут экономических стратегий (Remyga V.N., Padalko V.I. New Global China’s Strategy -“Economic Belt of the Silk Road”, Moscow, Russian Biographical Institute, Institute of Economic Strategies, 2015. P.66)
. (4) (Ли Хуэй. Китай предложил миру новый путь (Li Hui, China proposed a new way for the world, Dykhanie Kitaya, 2019, №4, р.11)

5) (См. : Yi Dai Yi Lu. Yellow Book. 2014 (One Belt – One Road. Yellow Book. 2014) / Cons.by Yang Yanhong. Yinchuan, Ningxia renmin chubanshe )Ningxia People’s Publishing House, 2015, pp.42-43).
.
(6) (Стратегия развития России в АТР в XXI веке. Аналитический доклад (Russia’s Development Strategy in the APR in the XXI century, M., 2000, p.33).

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