« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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25 mai 2018
Dans les derniers épisodes de la série « Russiagate », l’attention s’est moins portée sur les prétendus méfaits de Donald Trump que sur les forces ayant fabriqué les accusations de prétendue collusion entre sa campagne et les Russes en vue de truquer les élections de 2016. La plupart de ceux mis en cause se trouvent au sein du département américain de la Justice, surtout du FBI. Plus récemment, les projecteurs se sont braqués sur l’ancien directeur de la CIA John Brennan suite à la nomination de son ancienne adjointe Gina Haspel pour diriger l’agence.
Mme Haspel traîne pas mal de casseroles, ayant participé directement à la torture de suspects terroristes dans une prison en Thaïlande et elle admet avoir détruit des documents en vue de couvrir les sévices. Cela n’a pas empêché sa nomination par le Sénat suite aux fortes pressions exercées par Brennan et d’autres anciens directeurs de la CIA, ainsi que l’ancien directeur du Renseignement national James Clapper, fidèle collaborateur de Brennan dans le Russiagate. Le sénateur Rand Paul du Kentucky a envoyé une lettre à Gina Haspel s’enquérant de savoir si elle ou quiconque à la CIA aurait coopéré avec des services de renseignement étrangers dans des activités de surveillance de sa propre campagne ou de tout autre campagne, dont celle de Donald Trump. La question du sénateur Paul était rhétorique puisqu’on sait déjà que l’enquête avait été ouverte côté américain par Brennan au début de l’été 2016 suite à une réunion avec le patron du GCHQ (Government Communications Headquarters), l’équivalent britannique de la NSA. Rand Paul faisait remarquer dans une interview télévisée qu’il est interdit à la CIA de mettre sous surveillance des citoyens américains ; en d’autres termes, la question est « John Brennan a-t-il demandé au renseignement britannique d’espionner des Américains à sa place ? ». Au cours d’une déposition devant le Sénat en 2017, Brennan reconnu lui-même avoir personnellement poussé le directeur du FBI James Comey à enquêter sur les « ingérence » et collusion supposées des Russes, dont il avait été informé par des services secrets britanniques. En juillet 2016, alors que Trump venait de remporter l’investiture présidentielle du Parti républicain, James Comey a mis en place une commission au sein du FBI qui s’est vu communiquer un dossier frauduleux compilé par un « ancien » officier du MI6 Christopher Steele. C’est ce dossier qui allait étayer l’accusation. Il ressort enfin de nombreux rapports parus dans les médias, que le FBI aurait infiltré un agent dans la campagne de Trump. Celui-ci, qui n’a pas été officiellement identifié, aurait mis en contact avec des Russes deux collaborateurs juniors de la campagne de Trump, George Papadopoulos et Carter Page. En clair, la CIA et le FBI ont collaboré pour piéger Trump afin de pouvoir l’accuser de collusion avec la Russie ! Trump y a répondu en tweetant que si le FBI a vraiment introduit un informateur dans sa campagne, alors « c’est plus gros que le Watergate » ! Ceci fournit une réponse à la question posée la semaine dernière par Devin Nunes, le président de la Commission du renseignement de la Chambre. « S’ils n’ont jamais disposé d’éléments tendant à prouver une collusion avec les Russes » - ce qu’a conclu l’enquête de sa commission - « on doit se demander pourquoi ils ont ouvert cette enquête. » Si Nunes examinait vraiment le rôle de Brennan et celui du « gouvernement parallèle » et des services secrets de Sa Majesté, au lieu de faire preuve d’une russophobie primaire, il aurait la réponse à sa question. Dès le début, les accusations contre Donald Trump visaient à l’empêcher de rompre avec la doctrine géopolitique des néoconservateurs et d’engager tout dialogue avec la Russie.