« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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24 janvier 2020
Différentes initiatives ont été prises ces derniers mois afin de réduire les tensions entre Kiev et Moscou. Début décembre, le Groupe de Normandie (Ukraine, Russie, France et Allemagne) s’est réuni à Paris pour la première fois depuis 2016 et s’est entendu sur quelques mesures concrètes. A noter que les deux présidents Poutine et Zelensky, qui y participaient en personne, ont tenu leur première rencontre depuis l’élection du président ukrainien en avril.
Puis, peu avant le Nouvel An, un échange de prisonniers a eu lieu entre l’Ukraine et les deux républiques auto-proclamées du Donetsk et Lougansk dans l’est du pays. Le lendemain, un accord quinquennal a été signé sur le transit du gaz russe par l’Ukraine à destination de l’Europe.
Toutefois, les tensions sur le terrain sont toujours présentes. Et l’Union européenne maintient ses sanctions contre des citoyens et des entreprises russes en raison de la politique russe à l’égard de l’Ukraine et de la Crimée.
De l’Allemagne, une contribution peu remarquée a été apportée au débat le 9 décembre, sous la forme d’un rapport de 17 pages préparé pour le Parlement. Intitulé Intervention en zones de guerre civile : le rôle de la Russie durant le conflit en Ukraine orientale, le rapport a été compilé par le Service Etudes du Bundestag. Ce bureau, comme le soulignent les auteurs, est indépendant des groupes politiques qui siègent au Parlement.
En deux mots, le rapport en arrive à la conclusion que la version habituelle des faits de l’Union européenne, de l’OTAN et des Etats-Unis sur l’implication des troupes russes dans le Donbass n’est pas « fondée sur des preuves fiables ».
Cela fait cinq ans que le conflit armé oppose les forces armées ukrainiennes aux séparatistes pro-russes, notent les auteurs. Concernant « l’étendue, la qualité et l’ampleur de l’implication militaire russe dans le conflit en Ukraine, à part des faits et analyses peu fiables, il y a beaucoup de spéculations, de rapports contradictoires, d’annonces médiatiques et de dénis divers et variés, mais dans l’ensemble pas de tableau clair de la situation. Même le gouvernement allemand ne dispose apparemment d’aucune connaissance fiable. »
Les auteurs ont pris en compte des rapports dans les médias occidentaux, des contributions sur les réseaux sociaux, ainsi que des communiqués de presse de l’OTAN, pour en venir à la conclusion que « rares sont les informations fiables sur les zones de la région de la frontière ukraino-russe non contrôlées par Kiev ». Ils sont également sceptiques sur les affirmations de la mission de contrôle de l’OSCE qui, « malgré son mandat global, n’a qu’un accès limité à cette zone ».
Et plus loin : « Sans éléments factuels concrets, en particulier sans les renseignements de services secrets, il n’est pas possible de savoir si les séparatistes pro-russes dans le Donbass sont actuellement contrôlés et dirigés par Moscou ou si des troupes russes régulières se trouvent encore sur le territoire ukrainien. »