« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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23 septembre 2015
Après avoir reporter pendant 15 mois la fin de sa politique de taux zéro, le 17 septembre à l’issue de la réunion du Comité fédéral de l’open market, la Réserve fédérale (Fed) vient à nouveau de se prononcer pour le maintien des taux à leur niveau actuel. La directrice de la Fed Janet Yellen a prétendu que la décision était motivée par « les vents économiques contraires venus de l’étranger », en l’occurrence la Chine, mais son explication ne tient pas.
En effet elle a été aussitôt réfutée par l’économiste en chef de la Landesbank de Brême, Folker Hellmeyer, ainsi que par le gouverneur de la Banque centrale indienne Raghuram Rajan. Car c’est la Fed elle-même qui avait revu à la baisse son estimation de la croissance de l’économie américaine pour cette année, la décotant de 3 % à 2,1 %, tandis que celle de la croissance chinoise n’est passée que de 7,0 % à 6,9 %. C’est donc l’économie américaine qui nécessite le plein de liquidités à destination de Wall Street.
La Banque des règlements internationaux avait prévenu dans son rapport trimestriel du 15 septembre qu’une hausse des taux pourrait faire sauter le système financier international. En présentant le rapport, le chef du Département monétaire et économique de la BRI Claudio Borio notait que les ratios d’endettement avaient atteint des niveaux extrêmes dans toutes les grandes régions de l’économie mondiale, laissant le système financier vulnérable à la moindre augmentation des taux de la Fed. Les turbulences sur les marchés et les transferts de capitaux hors de Chine, a-t-il déclaré, montrent que l’inflation massive de la bulle financière a atteint un seuil critique.
« Nous n’assistons pas à des secousses isolées, a déclaré Borio, mais à une évacuation de la pression qui s’est accumulée au cours des dernières années le long des principales lignes de faille. »
Le rapport de la BRI montre que les ratios de la dette, par effet de levier, par rapport à l’output économique, sont considérablement plus élevés que lors du krach de 2007-2008.