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Symposium à Pékin : Helga Zepp-LaRouche présente l’enjeu de la Nouvelle route de la soie

12 octobre 2015

Comme nous l’avons mentionné précédemment, l’édition chinoise du dossier de l’EIR, intitulé « The New Silk Road Becomes The World Land-Bridge » (La Nouvelle route de la soie devient le Pont terrestre mondial) disponible auprès de l’Institut Schiller, a été officiellement présentée par Helga Zepp-LaRouche, la fondatrice de l’Institut Schiller, lors d’un symposium sponsorisé par l’Institut Chongyang d’études financières, qui s’est tenu à l’Université de Renmin le 29 septembre 2015.

L’Institut Chongyang est également co-sponsor du rapport en langue chinoise. Cet institut a été fondé il y a quelques années par des diplômés de l’Université de Renmin, et répond à la volonté récemment exprimée par le président Xi Jinping, qui a souhaité voir l’émergence d’un nouveau type de groupes de réflexion pour fournir aux autorités chinoises les meilleures analyses de la situation mondiale, ainsi que des recommandations clé, dans une période où la Chine et le monde s’apprêtent à entrer dans une nouvelle ère de relations internationales. Wang Wen, doyen exécutif de l’Institut Chongyang, ainsi que Fu Jianming, vice-président du Groupe Pheonix Publishing & Media qui a publié la version chinoise du rapport, ont inauguré la conférence de presse, à laquelle ont assisté 70 personnes dont une quinzaine de journalistes.

La genèse d’un nouveau paradigme

Helga Zepp-LaRouche, présidente de l’Institut Schiller.

Dans sa présentation au symposium, Helga Zepp-LaRouche a décrit son rôle dans la genèse de l’idée aujourd’hui connue en Chine comme « Une Ceinture, une Route ». Elle a expliqué comment elle et son mari, l’économiste américain Lyndon LaRouche, ont élaboré toutes une série de programmes de développement dans les décennies qui ont suivi la chute de l’Union soviétique, en vue de relier les différentes régions du continent eurasiatique.

Ces programmes comprenaient la réalisation d’un système de voies ferrées à grande vitesse, libérant les pays enclavés de l’Asie centrale qui venaient d’acquérir leur indépendance, ainsi que les vastes régions sous peuplées et sous développées du centre de la Russie, afin de les intégrer dans le courant principal du commerce et des échanges internationaux. Créant, ainsi, un couloir terrestre de développement économique entre l’Europe et l’Asie, que les LaRouche avaient baptisé le « Pont terrestre eurasiatique ».

Des discussions avec des représentants du gouvernement chinois au début des années 90 avaient conduit à l’organisation en 1996 d’une conférence à Beijing, sous les auspices du ministère chinois de la Science et de la technologie, a rappelé Helga Zepp-LaRouche. Lors de cette conférence, à laquelle avaient participé des experts renommés de Chine et de 34 autres pays européens, Mme Zepp-LaRouche avait consacré son intervention sur l’implémentation de ce vaste projet. La crise financière de 1997 en Asie et la crise du rouble de 1998 avaient cependant empêché toute avancée sur ce front. Il a fallu attendre jusqu’en septembre 2013 pour que le président chinois Xi Jinping remette le projet sur la table, dans un discours désormais célèbre prononcé à l’Université Nazarbaïev au Kazakhstan, où il a appelé à la création d’une Ceinture économique de la Route de la soie pour unifier l’Europe et l’Asie.

Le concept de Route de la soie ouvre la voie à un nouveau paradigme pour l’humanité, a déclaré Mme Zepp-LaRouche, mettant fin à l’ère de la « géopolitique » qui a causé deux guerres mondiales au cours du 20e siècle. Ainsi l’idée « d’objectifs communs à toute l’humanité », reflétée dans la politique « gagnant-gagnant » de Xi Jinping, prendra la relève. Bien que le terme « Une Ceinture, une Route » ait été choisie par la Chine pour désigner son projet, a souligné Helga Zepp-LaRouche, l’idée de Route de la soie doit être sans cesse rappelée en tant qu’antécédent. « Il faut garder le terme Nouvelle Route de la soie, car elle exprime clairement la vision de coopération culturelle associée à l’ancienne Route de la soie », a-t-elle précisé.

Mme Zepp-Larouche a ensuite décrit la crise actuelle au Moyen-Orient et l’exode massif de réfugiés vers l’Europe, qui cherchent à fuir des zones de guerres créées par la politique américaine sous Bush et Obama. Nombre de pays européens ont récemment reconnu que cette politique doit être changée et que l’on doit s’attaquer aux causes profondes de cette crise des réfugiés, a-t-elle déclaré. Il ne suffit pas de combattre les extrémistes islamistes par des moyens militaires ; il faut également une politique de reconstruction économique pour toute la région, aujourd’hui complètement détruite par les guerres, afin de créer un avenir pour les jeunes actuellement attirés par la violence djihadiste.

« Nous pouvons étendre la Route de la soie au Moyen-Orient, a-t-elle insisté. Nous pouvons créer des pôles de développement, faire verdir le désert et construire de nouvelles villes. La Nouvelle Route de la soie peut devenir un ordre de paix pour le 21e siècle. Si nous réussissons, a-t-elle conclu, cela conduira à un nouvel âge de civilisation, et si nous échouons, nous entrerons dans un nouvel âge des ténèbres. »

Abolir 40 années de politique désastreuse

Le responsable du bureau de Washington de la revue EIR Bill Jones a ensuite décrit les immenses possibilités ouvertes par ce nouveau projet pour l’ensemble du monde, incluant les Etats-Unis eux-mêmes. Il a rappelé que Lyndon LaRouche avait proposé dès 1975 la création d’une Banque internationale de développement pour le financement de l’infrastructure dans les pays du tiers-monde, et comment le ministre des Affaires étrangères du Guyana Fred Wills avait lancé l’année suivante, en collaboration avec M. LaRouche, un appel à l’Assemblée générale des Nations unies à un Nouvel ordre économique mondial et à un moratoire sur la dette des pays en voie de développement.

« Rien de tout cela s’est concrétisé », a regretté Jones, et le système financier mondial est entré dans une phase d’expansion monétaire inflationniste, avec une bulle qui cumule aujourd’hui la faramineuse somme de 2 millions de milliards de dollars de dettes impayables. « Le projet mis de l’avant par le président Xi offre aujourd’hui la possibilité de renverser cette situation dangereuse, a-t-il souligné. Le monde est émerveillé par le développement de la Chine des quelques dernières décennies, et aujourd’hui la Chine lui offre une politique de développement similaire. »

Bill Jones a aussi souligné que même si le gouvernement américain s’est montré moins qu’enthousiaste face à ce projet, il y a au niveau local et régional, là où la crise se fait le plus sentir, des gens qui comprennent parfaitement ce que cherche à accomplir la Chine.

L’appréciation des experts chinois

Ces deux présentations ont été suivies des interventions de huit experts chinois qui ont lu le rapport. Leur réaction a été plus qu’enthousiaste. Bao Shixiu, ancien professeur de stratégie militaire à l’Académie des sciences de l’Armée populaire de libération, a déclaré que le fait de rassembler tous les pays de la région autour de l’initiative de Nouvelle Route de la soie et dans un processus de développement régional est le grand défi de notre époque. « Cela est également lié à la notion de bonne gouvernance, a-t-il ajouté, et tout le monde voit ce concept d’un bon œil. Nous allons ainsi consolider nos relations avec nos voisins et commencer à construire une destinée commune avec l’Europe. » Cette idée était également celle qui reposait derrière le concept de Pont terrestre eurasiatique proposé par l’Institut Schiller au cours des années 90, a-t-il conclu.

Ding Yifan, l’ancien directeur adjoint de l’Institut de développement mondial au Centre de recherche sur le développement du Conseil d’Etat de la République populaire de Chine, a souligné l’importance des concepts économiques développés par Lyndon LaRouche, constituant la trame du rapport. « Je connais l’Institut Schiller depuis longtemps, a-t-il fait remarquer, et j’ai beaucoup appris de leur part. Ils ont des idées très particulières à propos de l’économie mondiale. Le concept sous-tendant la vision de l’économie de LaRouche est celui de l’économie physique. LaRouche utilise le terme ’’néguentropie’’ pour caractériser les lois gouvernant une économie qui fonctionne de manière saine », a expliqué Ding Yifan.

« Helga Zepp-LaRouche a promu le concept de Pont terrestre eurasiatique en tant que politique de prévention des guerres, a-t-il ajouté. Le nouveau concept ’’une Ceinture, une Route’’ a bénéficié d’une grande attention dans le monde entier. (…) Nous ne pouvons permettre au capital de tout contrôler. Il faut au contraire contrôler le capital. »

Shi Ze, de l’Institut chinois des études internationales, a expliqué ensuite comment le problème auquel le monde est aujourd’hui confronté est causé par la pensée géopolitique. « La géopolitique nous a conduit vers la situation dangereuse actuelle. L’objectif de ce rapport est de développer un concept capable de remplacer la géopolitique. Et je l’ai trouvé dans ce livre, a-t-il affirmé. Il y a également l’aspect économique du rapport, qui met l’emphase sur la création de l’infrastructure. Il faut prendre en compte les besoins en infrastructure des autres pays. J’ai confiance dans le développement du Pont terrestre et je crois que madame LaRouche a réalisé de grands progrès dans la mise en œuvre de ses idées. »

Tao Qingmei, de la Fondation Long Way de Beijing, a noté que le rapport soulève également la question d’un nouvel ordre et d’un nouveau type de relations entre les pays. « Ce livre reflète les opinions d’experts américains et je les respecte vraiment. Nous devrions repenser le monde en se basant sur un nouveau modèle de relations entre les pays. »

Wang Xiangsui, directeur du Centre d’études stratégiques de l’Université d’aéronautique et d’astronautique de Beijing, a qualifié le rapport de « route vers le futur ». « Aujourd’hui, il faut procéder à partir d’une perspective régionale, qui intègre l’économie, la politique et la culture. La Chine apprend des autres pays. Et ce livre est très important de ce point de vue », a-t-il déclaré.

Zhang Jianping, directeur du département de coopération économique internationale à la Commission nationale pour la réforme et le développement, a souligné l’aspect collaboratif du projet de Route de la soie et son ouverture à tous les pays. Tout en relevant le scepticisme du côté américain à propos de la Route de la soie, il a constaté un certain changement dans la perception qu’ont les Etats-Unis de la Banque asiatique pour l’investissement dans l’infrastructure (BAII). L’Europe, pour sa part, s’est montrée très enthousiaste à l’égard de ce projet. Zhang a estimé que le rapport de l’EIR, résultat d’un labeur de 20 ans comme il l’a souligné, joue un rôle important dans la promotion de l’idée de Nouvelle Route de la soie à l’intérieur des Etats-Unis.

Zhao Changhui, de la Banque chinoise pour les importations-exportations, a félicité la maison d’édition Progress Publishing pour avoir décidé de publier ce rapport. Il a décrit le projet de Route de la soie comme une perspective pour les mille ans à venir. « En lisant le rapport, il faut se demander comment on peut faire la différence. Cela nous amène à réfléchir sur nos propres obligations. » Il a déclaré que les experts doivent développer une vision à long terme, comme le fait le rapport.

Liu Ying, directeur du département de recherche coopérative à l’Institut Chongyang, a fait remarquer que le rapport a été écrit du point de vue d’une perspective mondiale, mais qu’il inclut également une perspective spatiale. « Le rapport est plutôt un exercice de prédiction de l’avenir, et non pas une simple explication du passé », a-t-il déclaré.

Tous les participants ont reçu une copie du livre en chinois. L’Institut Chongyang en a acheté 1000 exemplaires pour distribution gratuite auprès d’une large sélection de cercles politiques et intellectuels chinois. La presse économique chinoise a largement couvert la conférence de presse, notant qu’il s’agissait là de la première analyse « d’experts américains » du projet chinois. Plusieurs articles ont également relevé le rôle joué par Helga Zepp-LaRouche et l’Institut Schiller en tant qu’instigateurs clé du projet au début des années 90.

La présence de huit experts chinois renommés, ainsi que l’implication du prestigieux Institut Chongyang d’études financières, montre à quel point le rapport d’EIR est aujourd’hui devenu une référence de choix pour de nombreux experts chinois dans leurs travaux pour la mise en œuvre du projet « Une Ceinture, une Route ». Les conceptions économiques développées par Lyndon LaRouche sur une période de plus de 50 ans et promues par l’Institut Schiller depuis 30 ans, font aujourd’hui partie des idées de base pour de nombreux intellectuels de ce pays appelé à jouer un rôle déterminant dans l’avenir de l’humanité.

Pour plus d’informations : en français ; en anglais ; en chinois.

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