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Retrait américain de Syrie : ce que l’on oublie de dire

4 janvier 2019

La décision annoncée le 19 décembre dernier par Donald Trump de retirer les troupes américaines de Syrie et d’effectuer un retrait partiel d’Afghanistan, a déclenché un furieux tir de barrage contre lui de la part de ses opposants. Cette réaction remet utilement les pendules à l’heure en montrant qui est qui dans cette région ravagée par une guerre qui dure déjà depuis dix-huit ans. Ce n’est pas le moindre des paradoxes, et des déconvenues, de voir des démocrates prétendument « anti-guerre » être prêts à se renier pour la simple raison que cette décision pourtant essentielle à toute perspective de paix a été prise par Donald Trump...

S’il est vrai que le Président américain donne l’image d’un homme pour le moins impulsif, cette décision ne devrait pourtant pas surprendre, comme il l’a souligné lui-même, sachant qu’il appelait à mettre fin à l’engagement américain en Syrie bien avant d’arriver à la Maison Blanche. Dès juin 2013, il avait écrit une série de tweets qui commençait ainsi : « Nous n’avons rien à f…. en Syrie, les ’rebelles’ sont aussi mauvais que le régime en place. QU’OBTIENDRONS-NOUS EN ECHANGE DE NOS VIES ET DES MILLIARDS DE DOLLARS DEPENSES ? RIEN ! » Ensuite, pendant la campagne présidentielle de 2016, il avertit que l’élection d’Hillary Clinton rimerait avec une troisième guerre mondiale avec la Russie, du fait qu’elle entendait imposer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie.

Aujourd’hui, ses détracteurs déplorent que ce retrait « nuise à nos alliances » (le sénateur Marco Rubio) et « déconcerte nos alliés » (Brett McGurk, le délégué à la Coalition internationale contre Daech nommé par Barack Obama, qui démissionna trois jours après l’annonce). Comme bien d’autres, la prochaine présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, y voit « un cadeau de Noël pour Poutine ».

Il y a aussi la panique provoquée par la démission du secrétaire à la Défense, le général James Mattis, présenté comme « le dernier adulte restant dans la pièce » après le départ (volontaire ou non) de deux autres hauts gradés au sein du gouvernement, le conseiller à la Sécurité nationale McMaster et le chef de cabinet John Kelly.

Ceci nous amène à la raison principale de cette panique que les médias grands publics se garderont bien de mettre en avant. Comme l’affirme le sénateur Lindsey Graham, « cette décision n’est pas basée sur les conseils de son équipe de sécurité nationale, elle vient du Président lui-même » ; quant à Sarah Sanders, la porte-parole de Trump, elle explique que si le Président écoute bien ses conseillers et accepte leurs conseils, « au final, c’est lui qui prend les décisions ». Or, c’est bien là ce que redoutaient depuis le début les architectes du Russiagate, à savoir un Président des Etats-Unis tenant ses promesses et engagé à mettre fin aux aventures militaires visant à un changement de régime et ouvert à engager une coopération stratégique avec la Russie et la Chine.

Pour de nombreux officiers en activité ou à la retraite, ainsi que des associations de Vétérans, l’initiative de Trump a été très favorablement accueillie. Et pour cause, les forces armées sont épuisées par toutes ces guerres sans liens avec la défense des véritables intérêts de sécurité nationale des Etats-Unis mais déterminées par des calculs géopolitiques. Or, Trump doit sa victoire en grande partie au fait que la population américaine n’en peut plus de ces interventions militaires à l’étranger et préférerait voir les grandes puissances coopérer plutôt que de s’affronter.


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