« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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2 janvier 2017
« Le rôle de l’Europe pour assurer une Renaissance de africaine », tel était le titre d’une étude de l’Institut Schiller publiée en 1990. Nous y mettions en avant l’impérieuse nécessité de la remise en eau du Lac Tchad, avec le projet Transaqua. Bien qu’avançant beaucoup trop lentement, ce projet est toujours à l’ordre du jour et enregistre des avancées notables.
Des décennies d’efforts menés par l’Institut Schiller en faveur d’un projet de remise en eau du bassin du lac Tchad, viennent d’être couronnées d’un premier succès.
Le 13 décembre, la compagnie Powerchina, la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) et les autorités nigérianes ont signé un protocole d’accord pour faire une étude de faisabilité d’un projet qui suit très exactement les spécifications du projet Transaqua défendu depuis les années 1980 par les associations mentionnées ci-dessus.
Élaboré dans les années 1970 par une compagnie italienne, Bonifica, le projet Transaqua a deux objectifs principaux : la remise en eau du lac Tchad à partir des eaux du fleuve Congo et le développement d’infrastructures de transport, d’énergie et agricoles pour toute l’Afrique centrale.
Selon la déclaration de la CBLT, Powerchina étudiera la faisabilité des étapes initiales « d’un projet d’infrastructures créant un corridor de développement reliant l’Afrique de l’ouest à l’Afrique centrale, avec :
L’idée centrale, selon la déclaration, est d’accroître la quantité d’eau dans le lac Tchad, améliorer les conditions de l’écoulement des eaux, réduire la pauvreté au sein du bassin en créant des activités socio-économiques, combler les besoins en énergie des villes entourant les deux Congo et mener une étude approfondie sur l’impact environnemental du projet.
En amont de l’accord, la méthodologie et les termes de référence nécessaires à cette étude de faisabilité ont été fournis à la CBLT par la société d’ingénierie italienne Bonifica, dirigée par l’ingénieur Marcello Vichi et Andrea Mangano, auteurs, il y a trente-cinq ans, du Projet Transaqua original. Le secrétaire exécutif de la CBLT, Abdullahi Sanusi Imran, a reconnu que le « concept Transaqua était plus approprié à la situation du lac Tchad que toutes les autres solutions alternatives ». Vichi et Mangano avaient présenté leur projet lors d’un séminaire à Francfort le 23 mars dernier, auquel participait également le représentant de la CBLT, Mohammed Bila.
Avec Powerchina, le projet a trouvé un puissant partenaire, nous permettant de dire désormais que la Nouvelle Route de la soie a bel et bien atteint le lac Tchad ! Powerchina est l’entreprise publique chinoise qui a construit le barrage des Trois Gorges, le projet hydroélectrique le plus important du monde.
Selon les médias nigérians, citant le rapport de leur gouvernement :
Le vice-président de Powerchina, M Tian Hailua, a déclaré que la compagnie avait engagé des moyens techniques et financiers pour réaliser le transfert d’eau vers le Lac. Il a ajouté que la compagnie avait accepté de financer le projet à hauteur de 1.8 millions de dollars afin de rendre la vie plus acceptable socialement et économiquement aux personnes vivant au sein du bassin. Avec ce transfert d’eau, le potentiel existe de développer une série de zones irriguées pour développer des cultures et de l’élevage sur une zone de 50 000 à 70 000 km2 dans ce bassin.
Pour le ministre nigérian de l’Eau, Suleiman Adamu, « il s’agit là d’un projet générationnel, étant donné le temps qu’il faudra pour l’actualiser, vu l’énorme capital engagé et la complexité de la nature du projet ». Il a appelé tous les acteurs concernés à unir leurs efforts pour mener à bien ce projet, qui permettra de sauver la vie de plus de 40 millions d’habitants vivant dans le bassin.
Bien que la nouvelle mouture du projet prévoit de transférer seulement la moitié du volume d’eau prévu par le projet original, l’on s’attend à ce que l’étude menée par Powerchina explore la faisabilité d’un système de barrages et de canaux pouvant être étendu vers le sud, en République démocratique du Congo, impliquant tous les tributaires de la rive droite du fleuve Congo. Ainsi, ce projet ne se réduira pas à un simple transfert d’eau, mais constituera une infrastructure de transport majeure reliant toutes les nations d’Afrique centrale.
Pour être complète, l’étude de faisabilité devrait explorer dès le départ la longueur finale du projet de transfert d’eau, a déclaré Marcello Vichi, même si le canal devra, naturellement, démarrer au nord, en territoire centrafricain, et poursuivre vers le Sud, autant que les fonds disponibles et la volonté nationale le permettent. Plus long sera le canal, plus grand sera le débit d’eau déversé dans le Lac.