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Reconstruction du Yémen : Sanaa adopte le projet de l’Institut Schiller

15 juin 2018

Des villageois fouillent les décombres après un bombardement à Hajar Aukaish, en 2015
Almigdad Mojalli/VOA

Lors d’un séminaire organisé le 6 juin dans les locaux de l’Autorité générale d’investissement du Yémen (GIA), les participants ont signé la « déclaration de Sanaa », comportant l’adoption du rapport de l’Institut Schiller intitulé Opération Felix : la reconstruction du Yémen et sa connexion à la Nouvelle Route de la soie. Son auteur, Hussein Askary, est le coordinateur de l’Institut Schiller pour l’ Asie du Sud-ouest. Le directeur par intérim et directeur adjoint de la GIA, l’ingénieur Khaled Sharafeddin, a donné son soutien à la nouvelle plate-forme économique proposée dans le rapport, dont la mise en œuvre se chiffrerait, selon ses estimations, à 210 milliards de dollars. Après le Ramadan, a-t-il précisé, la GIA poursuivra deux objectifs avec le gouvernement de Sanaa ; traduire ce rapport en d’autres langues et étudier toutes les propositions d’infrastructure et de financement qu’il contient.

Comme le montre le rapport, avant même le début de la guerre d’agression saoudienne, l’économie yéménite avait déjà été décimée par le FMI et la Banque mondiale, à tel point qu’en 2014, le pays devait importer 80 % de son approvisionnement alimentaire.

Le plan de reconstruction prévoit d’abord une mobilisation d’urgence pour réparer les infrastructures et apporter des secours à la population, notamment dans les zones rurales, sur le modèle des Civilian Conservation Corps américains à l’époque de Franklin Roosevelt. Mais au-delà, il faudra construire toute une plate-forme économique, en coopération avec les BRICS, la Chine et d’autres pays amis.

La dernière partie du rapport est consacrée à la connectivité du Yémen avec la Route de la soie maritime à partir des ports sur l’océan Indien et la mer Rouge, et avec la ceinture terrestre de la Route de la soie, passant côté est par Oman, l’Iran, puis l’Asie centrale pour rejoindre la Chine. En direction de l’ouest, le Yémen serait relié par un pont-tunnel traversant le détroit Bab el-Mandeb jusqu’à Djibouti, à l’Ethiopie et de là, au reste de l’Afrique, faisant du Yémen un pont idéal entre l’Asie et l’Afrique.

Or, sur le terrain, en dépit des pressions internationales pour empêcher une telle opération, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis mènent une offensive sanglante contre le port d’Hodeidah, seule voie d’accès encore ouverte permettant d’acheminer l’aide humanitaire et alimentaire aux millions de civils yéménites souffrant de la faim. Si le refus de Washington de céder aux demandes de Riyad et Abou Dhabi de s’engager au delà du soutien logistique et de renseignement actuel est une bonne nouvelle, il n’en reste pas moins que les Etats-Unis comme la France, qui elle aussi apporte un soutien logistique et matériel (images satellite et déminage des ports) aux Emirats, se rendent de facto complices d’un crime contre l’humanité menant à ce que l’ONU qualifie de pire crise humanitaire au monde. Notons que l’envoyé de l’ONU au Yémen, Martin Griffith, travaillerait actuellement sur un plan de paix en vue d’éviter la catastrophe.

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