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Rapport de l’AIEA : beaucoup de propagande, rien de nouveau

15 novembre 2011

Comme prévu, le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique sur le programme nucléaire iranien, officiellement remis aux gouvernements le 8 novembre, a provoqué des cris d’orfraie médiatiques et des appels publics scandalisés en faveur d’actions « extrêmement dures » contre la République islamique, y compris le recours à la force militaire. Le tout sans mentionner une seule fois que ce rapport n’apporte pas la moindre preuve nouvelle !

Alors que les médias titraient sur les progrès alarmants en direction d’une bombe nucléaire, toute cette propagande repose sur une seule phrase du rapport, au paragraphe 53 : « L’agence a de sérieuses inquiétudes sur de possibles dimensions militaires du programme nucléaire iranien », et sur ses annexes contenant de nombreuses accusations fournies principalement par les services britanniques, américains et français, et que l’agence n’a pas pu évaluer en détail. D’autre part, ces éléments ne comportent aucune date !

Cela vaut pourtant la peine de lire la suite du paragraphe 53 : « Après évaluation attentive et critique de la très grande somme d’informations mises à sa disposition, l’Agence les trouve crédibles dans leur ensemble. Elles indiquent que l’Iran a mené des activités servant au développement d’un dispositif explosif de type nucléaire. Les informations indiquent aussi qu’avant la fin de 2003, ces activités se sont déroulées dans le cadre d’un programme structuré, et que certaines de ces activités pourraient encore se poursuivre. »

Relisons la dernière phrase. Dans leur évaluation officielle (NIE) de 2007, les services de renseignement américains concluaient que l’Iran avait eu un programme nucléaire militaire, mais qu’elle l’avait arrêté en 2003. Et le NIE de 2011, étouffé par Obama comme Cheney l’avait fait avec les versions précédentes, maintient cette affirmation. Tous les éléments « explosifs » contenus dans les annexes et présentés dans la presse comme des preuves fraîches, datent en réalité d’avant 2003 !

La seule affirmation concernant 2011 est que « ces activités pourraient encore se poursuivre ».

En réalité, l’Agence internationale à l’énergie atomique exerce une étroite surveillance sur le programme iranien d’enrichissement de l’uranium, notamment par des dispositifs vidéo, afin de s’assurer qu’aucun matériau n’est détourné pour d’autres usages que le nucléaire civil. Et lorsque l’on affirme que l’Iran possède suffisamment d’uranium enrichi pour quatre bombes atomiques, on devrait en fait dire qu’elle a suffisamment d’uranium enrichi à 20 %, à condition qu’il soit détourné puis enrichi à 90 % (le minimum pour l’usage militaire) dans des installations dont l’existence n’est pas connue.

Le rapport de l’AIEA a été sévèrement mis en cause par le président de la commission parlementaire des Affaires internationales de Russie, Konstantin Kosatchev, qui s’est dit étonné que « le document traite la situation avant 2003, alors que les accusations sont portées contre l’Iran moderne et ses dirigeants actuels ». Le 9 novembre, Igor Barinov, membre de la Commission de la défense de la Douma, a comparé le rapport de l’AIEA à l’utilisation par l’administration Bush d’informations faussées sur les prétendues armes de destruction massive en Irak, tout en appelant à des actions conjointes avec la Chine pour déjouer le danger de guerre.

De son côté, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Hong Lei, a critiqué les interprétations des éléments donnés dans le rapport, précisant que l’Agence devait « clarifier » le rapport « de manière juste et objective ».

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