« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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Visioconférence internationale du 9 avril
2ème session
29 avril 2022
DENNIS SMALL
Merci, Harley.
Je suis très heureux d’ être aujourd’hui parmi ce groupe distingué d’acteurs internationaux engagés dans la réflexion qui sont réunis pour trouver des solutions aux problèmes du monde. Ils sont en effet considérables. Je me souviens de ce que Ramsey Clark a dit un jour à propos de ce qui rendait Lyndon LaRouche si dangereux pour ses ennemis de l’establishment financier international, à savoir que son organisation était un « moteur fertile d’idées ». Et c’est encore aujourd’hui exactement ce qui fait de nous une telle menace pour l’establishment financier centré à Londres et une branche importante à Wall Street. Il est maintenant urgent de relancer ces moteurs d’idées pour faire face à une crise d’une ampleur que nous n’avons pas vue depuis la peste noire du 14ème siècle.
Il y a quelques mois, on estimait que 235 à 250 millions de personnes mourraient de faim au cours de l’année. Aujourd’hui, les meilleures estimations - et elles sont malheureusement exactes - indiquent que près d’un milliard de personnes pourraient mourir de faim cette année. Cela représente un huitième de la population humaine ! La situation dans certains pays, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, est très mauvaise en raison de leur extrême dépendance à l’égard des importations. En coupant les exportations russes et ukrainiennes, par le biais de ces super-sanctions qui ont été appliquées — c’est un tiers de tout le blé echangé sur les marchés mondiaux qui est détenu par ces deux pays — c’est, encore une fois, c’est l’Afrique et le Moyen-Orient en particulier qui sont touchés de plein fouet.
La situation de l’énergie est encore pire. L’Europe est particulièrement touchée. L’Europe est totalement dépendante des exportations russes de pétrole et de gaz. L’Allemagne, la nation la plus industrialisée d’Europe, tire 24 % de son approvisionnement énergétique total du gaz et du pétrole russes, comme vous pouvez le voir sur le graphique sur votre écran.
Mais ce n’est pas seulement l’Afrique qui est touchée, ce n’est pas seulement l’Allemagne. Ces super-sanctions, qui viennent s’ajouter à l’effondrement en cours de l’ensemble du système financier mondial, frappent le monde entier. C’est ce à quoi nous avons affaire maintenant, comme vous pouvez le voir en regardant la fameuse fonction de la Triple Courbe de Lyndon LaRouche, qui donne une idée de la relation entre la croissance des actifs financiers
spéculatifs et l’effondrement économique physique sous-jacent. Vous pouvez voir que ce problème a en fait commencé avec l’effondrement des taux de croissance de l’économie physique à partir de 1971 environ, lorsque le système de taux de change flottant a été introduit au niveau international. Le système de taux de change fixe de Bretton Woods, établi par Franklin Delano Roosevelt, a été sabordé, et cela a ouvert les portes à un raz-de-marée de spéculation qui a créé aujourd’hui une bulle de produits dérivés qui se situe entre 1,5 et 2 quadrillions de dollars, c’est-à-dire des millions de milliards de dollars !
Ce qui s’est passé, comme vous pouvez le voir sur la deuxième version de cette Triple Courbe, c’est qu’en plus de cet effondrement continu, nous avons eu une première chute avec la pandémie, qui a provoqué de terribles crises dans le monde entier. En plus s’y est ajoutée une autre chute due à la désindustrialisation intentionnelle instituée à la suite de la réunion COP26 et du programme environnementaliste international. Puis, maintenant, il y a une troisième chute dramatique suite à ces sanctions qui ont été mises en place au niveau international. Ainsi 1971, avec l’entrée en vigueur du système de taux de change flottant, a marqué le début de la fin de ce qui était en fait le système Glass-Steagall au niveau international, qui séparait les utilisations productives de la monnaie et du crédit de celles des activités spéculatives. À l’échelle internationale, nous parlons du système de taux de change fixe ; aux États-Unis, c’est le système Glass-Steagall, mais c’est la même chose en termes de fondamentaux économiques.
Laissez-moi aborder la question de savoir comment résoudre ce problème, car je pense que c’est vraiment là que doivent se concentrer notre attention et notre discussion. Nous avons élaboré un programme pour résoudre cette crise au niveau mondial, pour créer une nouvelle architecture économique basée sur la politique économique de base de Lyndon LaRouche, centrée notamment sur ses quatre lois.
Maintenant, la chose par laquelle vous commencez, et vous devez toujours commencer par cela, c’est l’économie physique, non pas par les aspects financiers, mais bien par l’économie physique. Si vous regardez la combinaison de la Russie, de l’Inde et de la Chine - ce que Primakov appelait le Triangle stratégique - vous pouvez voir que ces trois nations seules, sont toutes attaquées et détruites par les assauts spéculatifs de Londres et de Washington, mais aussi par les assauts politiques et militaires. Or ces trois nations réunies ont 38% de la population mondiale, elles produisent 42% du blé, 66% de l’acier et 45% des nouvelles centrales nucléaires en construction. Ce n’est pas comme si elles pouvaient fonctionner en autarcie, mais elles ont une très bonne base pour rompre avec le système spéculatif et établir - c’est le deuxième point de notre proposition - une monnaie, à la fois, qui leur soit commune, basée sur un taux de change fixe entre elles mais aussi une barrière absolue les protégeant du système spéculatif aujourd’hui basé sur le dollar.
Il y a eu beaucoup de discussions dans les cercles financiers internationaux sur la manière de procéder. Serait-elle soutenu par de l’or, par des matières premières, par quoi ? L’élément clé qui donne de la valeur à une monnaie est qu’elle est adossée à un crédit réel émis dans un but productif. J’aimerais vous citer ce que Lyndon LaRouche a dit à ce sujet lors d’un séminaire à Berlin le 29 juin 2005 : « La conception populaire de l’argent par les gouvernements et par les institutions dirigeantes est insensée, tant du point de vue de cette conception et de ses effets que de la manière dont elle est est appliquée. La valeur de l’argent devrait être déterminée par un principe scientifique, non par un principe comptable. Et le principe scientifique doit se baser sur la détermination - physiquement justifiable - de la volonté des gouvernements et de leur capacité à créer du crédit à long terme pour le développement de leur économie et de leur productivité. La connaissance de la détermination et de la compétence du gouvernement à créer de la valeur, à créer de la richesse, est le principe scientifique qui permet d’avoir la richesse suffisante pour rembourser la dette que vous créez en temps voulu. C’est une question physique, pas une question comptable. »
Je pense qu’ il est essentiel de favoriser la mise en place d’un tel bloc commun avec une monnaie pour le soutenir en termes de capacités économiques physiques.
Troisièmement, les nations qui font partie de ce sauvetage des économies physiques en rompant avec le Titanic qui coule, doivent établir des monnaies nationales avec des taux de change fixes (et non des taux de change flottants, qui ouvrent la porte à la spéculation avec le dollar) et il faut défendre cela avec des contrôles de change.
Quatrièmement, utiliser ce dispositif pour établir un crédit hamiltonien émis vers des activités productives, exactement de la façon dont Lyndon LaRouche a pu le décrire. La nécessité d’un telle séparation étanche entre l’économie spéculative et l’économie productive est au cœur d’un arrangement de type Glass-Steagall. Avec cela en place comme bloc de construction ou comme point de départ, nous avons ensuite l’exigence de ces trois nations RIC [Russie, Inde, Chine], qui, rappelez-vous, étaient le début du BRIC après le RIC, et ensuite le BRICS [Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud]. Elles devraient se développer en prêtant des capitaux pour des activités productives en faveur du développement du tiers monde, le secteur en développement. La plupart des nations du secteur en développement seront très heureuses de se joindre à un tel arrangement, car elles sont littéralement tuées par les politiques du système financier transatlantique qui coule et s’autodétruit.
Il est extrêmement important, en tant que cinquième point, que ce type de nouvel arrangement soit proposé aux États-Unis et aux nations d’Europe. C’est ce que Lyndon LaRouche a toujours proposé : un accord à quatre puissances entre la Russie, l’Inde, la Chine et les États-Unis. Dans le cadre de propositions telles que l’initiative « Belt and Road » (‘la ceinture et la route’) de la Chine, il est proposé aux États-Unis et à l’Europe de se joindre à cette activité qui, bien entendu, profitera non pas à Wall Street ou à la City de Londres, mais à la population et à l’industrie de toute la région. Ce n’est pas un changement si énorme pour les États-Unis. Il suffit de revenir aux principes d’Alexander Hamilton sur lesquels notre système américain d’économie politique a été, en fait, fondé.
Enfin, et sixièmement, nous proposons que cette nouvelle orientation, cette approche de coopération Est-Ouest pour un développement gagnant-gagnant soit appliquée à l’Ukraine, le problème le plus difficile peut-être de la planète. L’Ukraine a été détruite par trente ans de politiques économiques libérales, et pas seulement par la guerre.
Cela s’est traduit par un effondrement d’un tiers de sa population, un effondrement de sa main-d’œuvre, en particulier un effondrement de 25 % de sa main-d’œuvre manufacturière. Et cela dans une économie qui avait été l’une des plus avancées du point de vue industriel, avec des technologies de pointe, des capacités aérospatiales et d’autres comme l’énergie nucléaire, etc. Et bien sûr, la fameuse terre noire fournissant des capacités agricoles. Tout cela doit être reconstruit, et doit l’être dans une coopération conjointe entre l’Est et l’Ouest. C’est ainsi que l’Ukraine deviendra non pas le déclencheur d’une potentielle guerre thermonucléaire, mais l’acteur d’une réorganisation autour d’un principe westphalien selon lequel le bénéfice de l’autre est la base de la résolution des problèmes de la planète entière. Nous devons relever le défi de l’Ukraine, non pas parce que c’est facile, mais parce que c’est difficile.
Merci
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