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Poutine passe à l’offensive

20 décembre 2011

Malgré la campagne massive menée contre lui en Occident et les tentatives de le présenter comme un dictateur en fin de carrière, le Premier ministre russe Poutine ne se laisse pas impressionner par cette guerre psychologique. Et il ne s’est pas montré sur la défensive le 15 décembre, lors de sa conférence internet annuelle de fin d’année.

Cette année, il a choisi un nouveau format pour sa conférence de quatre heures. Hormis les questions posées par des citoyens de toute la Russie, il s’est entretenu avec des invités russes et étrangers présents dans le studio, dont les anciens ministres des Affaires étrangères Evgueni Primakov et Igor Ivanov, les journalistes de l’opposition Alexander Prokhanov de la Zavtra (nationaliste) et Alexeï Venediktov de la radio Echos de Moscou (libérale), et des analystes étrangers comme Nikolaï Zlobine du World Security Institute (USA) et Alexander Rahr du Conseil allemand des relations étrangères.

A propos des dernières élections à la Douma, Poutine a estimé que les 50 % remportés par son parti Russie unie reflètent le soutien continu de la population russe, malgré un certain recul. En outre, le fait que les jeunes aient pu sortir dans la rue, manifester et exprimer clairement leur avis, est, selon lui, un fruit du « régime Poutine », dont il est fier.

Concernant la fraude électorale, il a proposé de faire installer dans chaque bureau de vote des caméras de surveillance fonctionnant 24 heures sur 24 pour en réduire la possibilité, et expressément pour contrer « ceux qui cherchent à rendre illégitimes nos élections ». Interrogé sur un bulletin de vote qui a fait beaucoup de bruit, parce que l’électeur y avait annoté une insulte obscène à son égard, Poutine souligna que ce griffonnage avait été fait à Londres par un citoyen russe ayant voté à l’ambassade, ajoutant : « Nous savons qui est venu voter là et pourquoi ils ne reviennent pas en Russie. »

Pour ce qui est des attaques contre lui dans les pays occidentaux, Poutine estime qu’elles ne sont pas forcément personnelles, mais visent plutôt l’indépendance affichée par la Russie en terme de politique étrangère et son statut de grande puissance nucléaire. Si certaines de ses réponses sur les affaires étrangères, en particulier sur l’assassinat de Mouammar Kadhafi et les attaques du sénateur américain John McCain, ont été largement couvertes dans les médias internationaux, d’autres passages importants, notamment sur la situation stratégique globale, ont été à peine mentionnés.

En réponse à une question de Zobline, Poutine a précisé : « Nous aimerions être l’allié des Etats-Unis, nous aussi. Mais ce que je vois aujourd’hui, et ce dont j’ai parlé à Munich [en 2007], n’est pas l’attitude d’un allié. Quelquefois, il me semble que l’Amérique ne veut pas d’alliés, mais seulement des vassaux. Mais nous voulons et nous continuerons à construire des relations avec les Etats-Unis, parce que je vois qu’au sein des Etats-Unis eux-mêmes, certaines transformations sont en cours. La société américaine, dans une large mesure, ne veut plus jouer le rôle de gendarme international. »

Sur le système de défense antimissile de l’OTAN en Europe et sur les relations Russie-Europe en général, Poutine a regretté que l’on cherche à désarmer la Russie : « Le principal pays du monde occidental, les Etats-Unis d’Amérique, considèrent notre arsenal de missiles nucléaires avec suspicion. Je pense que c’est une énorme erreur de penser que l’on doit d’abord nous enlever notre capacité nucléaire pour pouvoir ensuite nous considérer comme un allié potentiel. » Il croit néanmoins que les relations vont s’améliorer.

« L’intégration au sein de la région européenne (...), et je pourrais même dire, l’intégration au sein d’un cadre de valeurs chrétiennes communes, est une nécessité urgente. Et si nous pensons qu’un seul principe sous-tend les valeurs morales des religions traditionnelles, c’est là la base pour surmonter de la même manière les difficultés de nature inter-civilisationnelle. »

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