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Pourquoi un coup fasciste occidental en Ukraine est inacceptable pour la Russie

15 février 2014

Pour la Russie, qui a perdu 27 millions de personnes pendant la deuxième guerre mondiale afin de combattre et vaincre le nazisme, la résurgence d’une menace fasciste à ses frontières est prise très au sérieux.

Un mémorandum intitulé « Sauver l’Ukraine ! » vient d’être rédigé par des experts du Club Izborsk, un groupe d’intellectuels influents en Russie, et publié dans l’édition du 12 février de l’hebdomadaire Zavtra. La déclaration définit l’« insidieux putsch fasciste » en Ukraine comme une menace stratégique pour la Fédération russe, tout en recommandant, le cas échéant, une diplomatie russo-américaine d’urgence, rappelant le précédent de la crise des missiles de Cuba de 1962.

Le mémorandum du Club Izborsk recoupe en partie les récentes évaluations et propositions de Sergueï Glaziev, conseiller spécial du Président russe, et du général Léonid Ivachov (cr.), ancien chef du Département de politique étrangère du ministère russe de la Défense. Tous deux participent au Club Izborsk et sont parmi les auteurs du Livre blanc sur la stratégie militaire publié par ce groupe en 2013.

Pour ceux qui sont submergés par la propagande anti-russe des médias établis, ce mémo est particulièrement instructif car il passe en revue les conséquences directes qu’aurait sur les intérêts stratégiques de la Russie un régime ukrainien « basé sur une idéologie nationaliste extrême ».

Parmi ces conséquences : l’expansion militaire vers l’est des Etats-Unis et de l’OTAN ; expulsion des forces armées russes en Crimée, y compris l’utilisation de Sébastopol comme base de la flotte russe en mer Noire ; purge de la population pro-russe dans l’est et le sud de l’Ukraine, conduisant à un exode en masse de réfugiés vers la Russie ; destruction des capacités industrielles en Ukraine qui travaillent pour le complexe militaro-industriel russe ; établissement de bases d’entraînement de terroristes ayant vocation à opérer sur le territoire russe ; extension du recours aux techniques de l’Euromaïdan dans de grandes villes russes ; ouverture de poursuites contre Gazprom, Rosneft et leurs directeurs, ainsi que d’actions en justice contre la Russie dans les Cours de justice internationales soutenues par les Occidentaux.

Le mémo conclut sur des mesures que devrait prendre le gouvernement russe pour conjurer le danger, dont l’aide économique à l’Ukraine, une déclaration au monde sur l’ « inadmissibilité de la création d’un Etat fasciste et antisémite près de nos frontières », et des négociations directes entre les Etats-Unis et la Russie.

Par ailleurs, une importante entrevue a été accordée le 10 février à km.ru par le général Leonid Ivachov, actuellement président de l’Académie des études géopolitiques : « Ce que nous voyons en Ukraine et en Syrie est un projet occidental, un nouveau type de guerre. Dans les deux endroits, on constate une approche décidément antirusse, et comme on le sait, les guerres aujourd’hui commencent par des opérations de guerre psychologique et d’information. »

Ivachov a rappelé que des bâtiments de la Marine américaine sont déjà présents dans la Mer Noire. « Suite à la guerre d’information, ils préparent une opération terrestre et maritime, peut-être aérienne aussi. »

De nombreux stratèges russes et experts occidentaux sur la Russie soulignent que Moscou ne peut pas permettre aux Etats-Unis et l’OTAN de poursuivre cette politique, sans prendre de représailles.


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