« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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Visio-conférence internationale des 15 et 16 avril 2023
2ème session
29 avril 2023
Michel CIBOT, Association française des Communes, départements et régions pour la Paix (AFCDRP), Hiroshima Overseas’s Partner
L’Institut Schiller nous propose de réfléchir ensemble sur un thème complexe : à savoir, que la paix n’est pas possible sans le développement économique et social de toutes les nations.
L’objectif est clair, mais comment faire ? Le sujet n’est pas nouveau et force est de constater que le développement espéré, notamment à travers les objectifs du développement durable apportés par les Etats dans le cadre des Nations unies, est mal partagé. Il progresse trop lentement !
Les chemins à explorer sont nombreux. Pour ma part, j’ai investi le terrain local. J’ai consacré 32 ans de ma vie professionnelle au service des collectivités territoriales, comme directeur général des services. Avec un groupe de villes françaises, j’ai suscité la création de la branche française du réseau mondial des Maires pour la paix, créé et animé par les villes d’Hiroshima et de Nagasaki, avec leurs maires successifs. La branche française existe depuis 1999, sous l’acronyme AFCDRP, (Association française des communes, départements et régions pour la paix). J’ai aussi participé pendant plusieurs années aux travaux de la commission française pour l’Unesco, notamment sur le dossier Paix.
La vie m’a par ailleurs conduit à séjourner plusieurs fois au Japon, où j’ai découvert cet énorme évènement que fut l’anéantissement en quelques minutes de deux villes et de leur population par des armes nucléaires.
Je prends ici la parole en tant qu’« Hiroshima Overseas Partner » (partenaire étranger d’Hiroshima).
Fin novembre 2019, le pape François s’est rendu à Hiroshima et à Nagasaki. Il a expliqué pourquoi le Vatican avait signé le traité d’interdiction des armes nucléaires, et je partage pleinement ses appels.
Ces armes, nouvelles à l’échelle de l’histoire humaine, ont la particularité de contaminer, de polluer la Terre, détruisant ainsi le présent et l’avenir. Cette question des armes atomiques est essentielle en ces jours où il est question de nouvelles menaces, aux lisières de l’Europe et en Asie.
Nous connaissons par ailleurs, depuis les travaux de Carl Sagan et Richard Turco, les risques d’un hiver nucléaire provoqué par une série d’explosions nucléaires, susceptible de rendre la Terre impropre à la vie humaine. N’est-ce pas là une ultime violence de la guerre ?
Je souhaite ici attirer l’attention sur deux éléments : la contribution des institutions et initiatives locales au développement des nations et leur rôle international. Je ne donnerai pas de recette, je propose seulement que l’on ouvre ces dossiers.
1- Les institutions territoriales (Communes, Départements, Régions) ou leurs équivalents existent partout, et partout elles contribuent, quand leur action n’est pas entravée par des guerres ou une trop grande misère, aux bonnes conditions de vie des communautés humaines, comme la production d’eau potable, les installations d’assainissement, la fourniture d’électricité, la construction d’écoles et l’organisation d’infrastructures destinées à la nourriture des populations.
Ces institutions territoriales ne sont pas toujours appréciées, voire même connues, comme elles le devraient, pourtant leurs animateurs sont des gens compétents, de terrain.
En 2000, l’Unesco a publié un Manifeste pour une culture de la paix, comportant une série d’outils éducatifs de nature à enrichir les programmes scolaires et promouvoir des programmes locaux d’action pour une culture de la paix (PLACP). Les acteurs de ces institutions connaissent les problèmes et trouvent des solutions.
L’histoire montre que lorsque la guerre anéantit tout, sur le terrain, des hommes et des femmes relèvent les défis de la vie quotidienne pour secourir, nourrir, soigner, même en l’absence des institutions. Ainsi, à Hiroshima, j’ai pu rencontrer un des rares médecins ayant survécu à l’explosion et à la pollution nucléaires. Dépourvu de tout par cet écroulement général et instantané, lui-même affecté par la radioactivité, il consacra toute son énergie à essayer de sauver les blessés, abriter les survivants, réorganiser un système de santé. Il a survécu et passa le reste de sa vie à soigner les malades irradiés !
Le réseau des villes mémoire, animé en France par la ville de Dunkerque, peut nous donner des exemples de retour à la vie publique grâce à l’initiative de citoyens, après les destructions dues à la guerre.
2 - La dimension internationale. Les institutions locales sont aussi capables de s’organiser à l’échelle des cinq continents. Ce fut le cas après la Seconde Guerre mondiale, avec les jumelages et la fédération mondiale des villes jumelées, devenue Cités unies et CGLU (Cités et gouvernements locaux unis). Il s’agissait alors de multiplier les relations citoyennes par des programmes de rencontres de jeunes, d’échanges culturels et de tourisme.
Le réseau des Maires pour la paix, quant à lui, axe son action spécifiquement sur la paix et le désarmement nucléaire, à travers une meilleure connaissance du mal nucléaire, des initiatives éducatives, un grand travail de mémoire consacré aux effets des armes atomiques sur les humains, y compris les effets de la menace en elle-même, les questions pré et post traumatiques, le mal-être engendré par cette menace, que l’on appellerait aujourd’hui « éco-anxiété ».
Plus de 8000 collectivités de 166 pays font partie de ce réseau, avec des niveaux d’implication variables selon les évènements et les pays. Leur domaine de prédilection est sans doute le domaine humanitaire, les premiers secours, l’accueil des réfugiés, etc.
En France, l’AFCDRP propose aux collectivités de mettre en œuvre des Programmes locaux d’action pour une culture de la paix (PLACP) à partir de leurs travaux quotidiens. Une animation autour de l’Origami japonais peut constituer un beau projet...
Une branche européenne de ce réseau est en cours de création. Les crises récentes, sanitaire, sociale et économique, en ont retardé le développement, la fermeture des frontières ne facilitant pas les échanges. N’hésitez-pas à aborder ces questions avec vos amis élus locaux.
Michel CIBOT, Hiroshima Overseas Partner