« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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9 septembre 2016
Plusieurs grandes compagnies d’assurance américaines ont annoncé ces derniers mois qu’elles ne participeraient plus aux bourses de santé mises en place dans le cadre de la réforme de la santé voulue par Barack Obama, baptisée « Affordable Care Act » (Loi d’accès abordable aux soins - ACA). En réalité, l’objectif original de la réforme n’a jamais été de garantir un « accès abordable » pour des millions d’Américains non couverts. Il s’agissait de renflouer les compagnies d’assurance dans le court terme, en accordant des subventions publiques aux citoyens n’ayant pas assez d’argent pour se payer les primes requises pour une couverture, subventions versées directement aux assureurs.
La compagnie United Health Care avait annoncé en avril son retrait du programme d’ici 2017, et une autre, Aetna, a déclaré en août qu’elle allait se retirer de 70 % des districts où elle opère aujourd’hui, tandis que Humana réduit drastiquement ses offres. Dans cinq États au moins, une seule option sera offerte sur les bourses d’assurance locales, ridiculisant la promesse d’Obama selon laquelle des marchés locaux compétitifs garantiraient un choix maximal à faible prix.
Entre-temps, dans la majorité des États, les primes des polices ACA subventionnées par l’État se sont envolées de 22 % par an en moyenne pour les trois premières années. Suite aux dernières décisions des assureurs, on s’attend à voir les prix grimper en flèche. La Croix Bleue a demandé l’autorisation dans plusieurs États pour une augmentation de 66 % du prix de ses primes ; une demande qui lui est accordée afin de garantir qu’au moins une offre soit disponible dans le cadre de l’ACA.
Le problème des compagnies participantes n’est pas qu’elles reçoivent trop peu d’argent. Au contraire, leur trésorerie est pleine. Mais elles font face à un double dilemme : d’abord, un grand nombre des nouveaux inscrits sous l’ACA ont déjà des problèmes de santé, occasionnant des frais supplémentaires pour les compagnies, tandis que ceux qui sont en meilleure santé, y compris les plus jeunes, ne se sont pas inscrits. Ensuite, les compagnies d’assurance évoluent au sein d’une bulle spéculative globale et se doivent d’accroître leur trésorerie pour couvrir leurs contrats sur dérivés et leurs créances impayables.
Mais l’intention sous-jacente de la loi a été éventée par Ezekiel Emmanuel, l’ancien conseiller spécial d’Obama en matière de santé, qui avait déclaré que personne ne devait s’attendre à vivre au-delà de 70 ans ! Emmanuel a insisté à plusieurs reprises sur le fait que le véritable objectif de l’ACA était de réduire les coûts, par des mesures d’austérité, y compris en sabrant les « soins de fin de vie ». C’est cette logique d’Emmanuel qui avait amené l’homme politique américain Lyndon LaRouche, un adversaire farouche de l’ACA, à comparer la réforme aux lois d’euthanasie promues par les Nazis à partir de 1939 et à la clause T4 exigeant l’élimination des « bouches inutiles ».
Suite aux coupes budgétaires mandatées par la loi, de nombreux hôpitaux publics ont été contraints de fermer leurs portes, et de nombreux médecins ont quitté la profession. Les zones les plus touchées par cette perte de services médicaux sont les centres villes et les régions rurales.
Les appels à la mise un place d’un « système de soins pour tous » se multiplient, afin que les Américains puissent bénéficier d’une couverture par l’entremise d’un véritable système de santé public. La réponse d’Obama : il propose de réduire les dépenses de Medicare, soit le seul système de couverture universelle existant, et qui est réservé aux retraités.