« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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10 mai 2013
Intervention de Natalia Vitrenko, docteur en économie, dirigeante du Parti socialiste progressiste d’Ukraine et de l’Union d’Ukraine des peuples eurasiatiques à la conférence de l’Institut Schiller des 13 et 14 avril à Flörsheim en Allemagne et dédiée à la création d’un nouveau paradigme pour sauver la civilisation.
Lorsque des gens de convictions religieuses et politiques de nombreux continents se réunissent, unis dans un souci commun pour la survie de l’humanité, on peut examiner librement les menaces qui pèsent sur notre avenir commun et l’économie mondiale. Afin que cette dernière fonctionne correctement, certains postulats doivent être observés.
• D’abord, l’argent qui circule dans le monde devrait être en rapport avec les échanges de biens et garantir les variations de valeurs pour les relations entre les pays.
• Deuxièmement, le système financier mondial se compose de différentes relations économiques : des mouvements de capitaux, de l’investissement, des prêts, des subventions, du commerce extérieur, des biens et des services, et ainsi de suite. Ces relations devraient promouvoir en premier lieu la modernisation des capacités de production existantes et la création de nouvelles.
• Troisièmement, le système bancaire mondial devrait promouvoir l’utilisation optimale des ressources en crédit, le développement de la production dans chaque pays.
• Quatrièmement, le commerce mondial devrait promouvoir une division mondiale efficace du travail et des échanges mutuellement bénéfiques de biens entre pays.
L’aggravation catastrophique de la crise mondiale est liée à la distorsion malsaine de ces fonctions fondamentales dans chaque catégorie.
Rappelons-nous d’abord que depuis 1944, le dollar américain a commencé à servir de monnaie [de réserve] mondiale. Cependant, depuis 1971, il a perdu le soutien des produits réels, même de l’or, et a cessé d’être une vraie mesure de la valeur des biens et des services. La fabrication de dollars est entièrement dans les mains de la Réserve fédérale américaine, qui est une organisation privée, et la communauté internationale n’a aucun contrôle sur elle. Le résultat en est cette pyramide de dollars, qui inévitablement s’effondre, entraînant avec elle l’économie mondiale.
Deuxièmement, le système financier mondial a donné naissance à un énorme marché de produits fictifs. Vous avez des flux s’élevant à plusieurs milliards de dollars qui déterminent la montée et la baisse des prix sur le marché et cela peut détruire non seulement des industries entières mais aussi des pays entiers.
Ensuite, vous avez des guerres financières lancées contre des pays et des gouvernements qui ne jouent pas le jeu. Vous avez des zones offshores dans lesquelles résident des milliers de milliards de dollars de capitaux, provenant de nombreux pays à des fins d’évasion fiscale, privant des économies nationales de sources de croissance. Les prêts du FMI sont accordés selon des conditionnalités strictes et ne font qu’accroître l’endettement des pays qui y recourent.
Troisièmement, le système bancaire mondial est devenu une vaste entreprise criminelle drainant le sang hors du secteur réel de l’économie, paralysant l’activité des gouvernements, volant les populations des pays au nom du super-capital, pour ceux qui possèdent du capital bancaire. Le secret bancaire et commercial est devenu le bastion défensif de ces activités. Le paiement régulier de bonus astronomiques, l’absence de contrôle sur l’activité bancaire, les millions de milliards de dollars de produits financiers dérivés, sont comme une structure écrasant l’économie mondiale, la menant à son effondrement.
Enfin, nous avons ce système de commerce mondial, qui est appelé « libre-échange », ou libéralisation. En réalité, tout ce qu’il fait est d’ouvrir les marchés des pays de l’ex-bloc de l’Est et du Tiers monde pour qu’ils soient pillés par des entreprises transnationales, que leurs matières premières soient accaparées par les puissances dominantes. Cela mène à la faillite des économies nationales et au développement de problèmes sociaux. La destruction des fondations de l’économie mondiale mène inévitablement à la crise, au chaos, à l’instabilité, à la guerre, à des épidémies, à des catastrophes, à la mort massive des populations et à la liquidation des économies nationales et de la souveraineté nationale. La destruction des économies nationales est une partie inévitable du processus de mondialisation, pour établir un nouvel ordre mondial. Les mécanismes en sont le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Banque mondiale et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
Ce qui se passe en Ukraine depuis vingt ans en est un exemple dramatique. Six mois après la proclamation de « l’indépendance », l’Ukraine a rejoint le FMI le 3 juin 1992 et a commencé à emprunter, en acceptant ses conditionnalités.
En 1995, l’économiste et homme politique américain Lyndon LaRouche est venu en Ukraine à notre invitation, ainsi que la présidente de l’Institut Schiller Helga Zepp-LaRouche. D’autres représentants de l’Institut Schiller sont venus ensuite. LaRouche a rencontré le président du Parlement ukrainien Oleksandr Moroz, des parlementaires issus du Parti socialiste, des scientifiques et des économistes, et leur a dit ce qu’ils devraient faire et ne pas faire, et quelles réformes ils devaient accomplir s’ils voulaient une renaissance ou une reprise de leur économie.
LaRouche venait avec l’amour de l’humanité. Le FMI est venu avec des dollars, et a acheté des politiciens, des responsables et des parlementaires. Par conséquent, au lieu d’écouter LaRouche, l’Ukraine a commencé à faire tout ce que le FMI lui disait de faire : déréglementation, privatisation, ce que l’on appelait « stabilisation macroéconomique ».
Qu’est-ce que la déréglementation ? Des taux de changes flottants ; toutes les banques commerciales et d’Etat ont été lâchées pour les laisser se débrouiller ; ensuite il y eut des privatisations dans tous les secteurs de l’économie réelle (agriculture, coopératives, industries, etc.) où les entreprises étaient vendues aux enchères pour une poignée de cacahuètes. En termes macroéconomiques, l’Ukraine s’est tournée vers un modèle de main d’œuvre à bon marché et la réduction des aides sociales, ainsi que la suppression des subventions pour le logement et le service public.
En 2008, l’Ukraine a adhéré à l’OMC et les résultats ont été du même ordre, à commencer par la destruction de l’économie réelle du pays. De 1991 à 2012, la production d’électricité à chuté de 35 %, celle de certains produits sidérurgiques de plus de moitié. En 2012, la production de tracteurs ne représentait qu’environ 5 % de ce qu’elle était en 1990 ! Cela dans un pays où un tiers de la population vit en milieu rural et détient 20% des sols de terre noire au monde. L’Ukraine avait 16 grandes usines de machines-outils qui produisaient 37 000 unités en 1990. Aujourd’hui, seules trois d’entre elles existent encore, tiennent à peine sur leurs pieds, et produisant… 40 machines par an. 50 000 entreprises ont été privatisées et 45 % d’entre elles sont depuis fermées.
L’Ukraine était auparavant l’un des premiers pays en termes de PIB par habitant, nous étions 11 % au-dessus du PIB mondial moyen par tête. Mais notre PIB a chuté d’un tiers et dès 2012 il n’était plus que de deux tiers de ce qu’il était en 1989. Nous sommes aujourd’hui 40 % en-dessous du PIB mondial moyen par tête, en-dessous de la Namibie.
Le socle de la croissance dans l’économie ukrainienne est la science. Nous avons toujours été fiers de la science soviétique, et de la science ukrainienne en particulier. Nous étions les septièmes dans le monde en termes de puissance de notre complexe scientifique. Mais ce que nous voyons là est la destruction de la science ukrainienne. C’est ce qui est arrivé à la science ukrainienne au cours des vingt dernières années.
Nous avions 500 000 personnes travaillant dans la science : les plus talentueuses d’entre elles ont quitté le pays, des centaines de milliers de scientifiques ont été mis à la rue pour vendre ceci ou cela. Des centaines de milliers de jeunes qui auraient dû devenir scientifiques ne le sont pas devenus.
Le nombre de personnes travaillant dans le système national de l’Académie des sciences a diminué de moitié et le nombre total de gens employés dans des industries innovantes n’est que d’environ 30 % de ce qu’il était dans le passé. La R&D dans les technologies n’est que 28 % de ce qu’elle était. Le nombre d’industries liées aux instituts de recherche ne représente que 9,5 % de ce qu’il était auparavant. Et la recherche appliquée n’est que de 7,6 % du niveau de 1990. Ce type de destruction de la science signifie que le taux des entreprises qui s’engagent dans la recherche en innovation n’est que de 20 % de ce qu’il était auparavant. C’est un scandale, une honte pour l’Ukraine. La portion de croissance du PIB liée aux nouvelles technologies n’est que de 0,7 % du PIB en Ukraine, à comparer à 60 voire 90 % dans d’autres pays.
L’année de son indépendance, l’Ukraine a perdu 12 millions d’emplois. L’Organisation internationale du travail (OIT) dit que notre chômage tourne autour de 10 % ; mais cela n’est pas représentatif de la situation dans son ensemble. Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. En réalité, le chômage est bien plus important.
Ce que l’Ukraine a gagné au cours de ces années, c’est de la dette extérieure. Nous avons maintenant une dette extérieure qui équivaut au double de nos réserves monétaires en or. Notre dette extérieure brute s’approche des 80% du PIB. La pire des choses est que cet effondrement a appauvri la population. Le salaire minimum en Ukraine est de 118 euros par mois ; la retraite minimum est de 86 euros par mois. Mais nous ne vivons pas en Afrique, nous avons un climat très rigoureux, l’on doit chauffer nos maisons et porter des habits, et ce sont des niveaux tout à fait intolérables pour l’Europe centrale, qui ne représentent qu’un tiers de ce qui est nécessaire pour subsister. Le bas niveau établi pour le salaire minimum mène à la mort directe de la population et à la dégradation de nos ressources naturelles. La part moyenne des salaires dans la création de valeurs est de 6,3 % contre 40 % en UE. 80 % de la population est sous le seuil de pauvreté.
Avec cette précarité sont arrivés une augmentation de la toxicomanie et l’alcoolisme, une surexploitation des travailleurs, le mal vivre psychologique et un environnement propice à la criminalité. Ces conditions mènent à la réduction de la qualité de vie de la majorité des Ukrainiens. Notre espérance de vie moyenne est passée de 71 ans à 68 ans au cours des 15 dernières années. C’est inférieur au niveau européen moyen. Les hommes ne vivent que jusqu’à 62 ans. L’Ukraine a suivi les demandes du FMI pour la réforme des retraites, en augmentant l’âge d’accès : de 55 ans à 60 ans pour les femmes, jusqu’à 62 ans pour les hommes.
On constate donc clairement des mutations dans les données démographiques. C’est ce dont parlait LaRouche quand il évoque un génocide délibéré. En 1990, nous avions 52,1 millions d’habitants en Ukraine. Aujourd’hui, nominalement, nous en avons 45,6 millions. Mais 7 millions d’entre eux sont partis vivre à l’étranger « pour des raisons économiques ». Ils sont allés en Russie pour trouver du travail, car ils ne pouvaient pas en trouver en Ukraine. C’est également à cause de ces conditions économiques que l’Ukraine est championne du monde de la toxicomanie et l’alcoolisme juvénile. Avant, nous avions 52 millions d’habitants, nominalement nous en avons 45,6 millions aujourd’hui, mais en réalité seuls 39 millions vivent au pays. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’Ukraine a dénombré 5,5 millions de morts, et 2 millions de personnes ont été déportés pour aller travailler en Allemagne. Nous avons donc perdu 7,5 millions de personnes au cours de la Guerre. Mais au cours de ces vingt années de réforme, nous avons eu 6,5 millions de morts et 7 millions d’exilés – presque 14 millions de personnes, donc presque deux fois les pertes subies au cours de la guerre !
Si nous avions eu ne serait-ce que le peu de la croissance lente que nous avions à l’époque, et le plein-emploi, et l’éducation gratuite, et la santé gratuite, la population serait de 56,5 millions d’habitants, presque 57 millions. Tout cela est un crime.
Comme résultat, l’Ukraine, comme d’autres pays dans le monde, s’est approchée de la dangereuse limite d’un effondrement pur et simple de son économie. Explosions sociales, coups politiques permanents, perte de souveraineté, le chaos et la guerre civile nous menacent…
Joseph Stiglitz, prix Nobel [d’économie], a dit en février de cette année que nous pouvons parler du G7, du G8 ou du G20, mais que c’est surtout le G0, un grand rien ! Je partage cet avis. Les principaux pays du monde se sont montrés totalement incapables de proposer quoi que ce soit pour sauver l’humanité. Et nous voyons le naufrage de l’économie mondiale, nous voyons la nature misanthropique du modèle économique britannique, et l’incapacité des principaux pays à protéger l’humanité de la mort de millions de personnes.
Donc que doit faire l’humanité ? Non pas attendre quelque chose de la part de l’humanisme et de l’altruisme des grands pays capitalistes, mais chercher à tisser des alliances locales, l’intégration régionale. Cette tentative est déterminée par la crise de la dette des principales économies – l’UE et les Etats-Unis. Il n’y a pas aujourd’hui d’alternative à une approche fondée sur l’intégration dans l’économie mondiale. Seules des communautés économiques réunissant 200 ou 300 millions de personnes peuvent survivre dans les conditions actuelles. Si vous avez des alliances régionales, vous pouvez trouver des stimulations pour les marchés intérieurs, augmenter votre propre production, moderniser et introduire les nouveaux ensembles de technologies qui viennent de sortir, assurer une croissance stable de l’emploi, améliorer la qualité de la vie et augmenter l’espérance de vie.
D’autres orateurs, que ce soit d’Europe ou d’Amérique du sud ont présenté des idées similaires sur les perspectives d’intégration régionale– tout cela correspond à l’idée de pays conjuguant leurs efforts à la façon dont LaRouche l’a proposé. Plus nous aurons d’intégration économique, plus nous pourrons protéger les pays contre les fléaux du système économique actuel. Nous avons donc besoin d’une réforme mondiale, et de mettre les quatre catégories que j’ai mentionnées au départ dans un alignement plus normal. Nous avons besoin de monnaies régionales qui soient soutenues par la production réelle ; de souveraineté dans la politique monétaire ; d’un contrôle des monnaies ; d’imprimer de l’argent seulement pour développer la croissance économique réelle ; de systèmes financiers régionaux, qui porteront la coopération entre pays à un nouveau niveau d’assistance mutuelle. Nous avons besoin d’avoir notre propre source d’approvisionnement en argent et en crédit à long terme, les marchés actuels étant absolument incapables de nous le fournir. On a aussi besoin de nos propres agences de notation pour procéder à une vraie évaluation des risques de crédit. Les hedge funds et les zones offshore doivent disparaitre. A la place, mettons en place des politiques fiscales promouvant l’intégration économique régionale et la création d’emplois dans le secteur réel.
Troisièmement, nous devons réformer le système financier et avoir une séparation des banques sur le modèle du Glass-Steagall Act, afin de passer par pertes et profits le capital spéculatif et de créer d’importantes ressources de crédit en faveur d’investissements intensifs en capital dans des projets d’infrastructures à long terme.
Nous avons besoin de nous débarrasser du secret bancaire et d’établir une totale transparence des activités des banques de chaque pays. Les pays doivent unir leurs efforts pour exercer une supervision des banques centrales relevant des alliances régionales. Nous avons besoin de banques régionales de développement pour financer des projets coopératifs à grande échelle.
Quatrièmement, nous devons nous souvenir de ce qu’enseignait [le premier secrétaire au Trésor américain] Alexander Hamilton sur la Banque nationale et un protectionnisme intelligent. C’est comme cela qu’on protégera le marché intérieur de n’importe quel pays ou région, où on lèvera les barrières douanières lorsque cette banque nationale permettra de promouvoir le développement des industries et des infrastructures de chaque pays.
Ainsi, nous devons développer une nouvelle qualité de coopération économique internationale, comme alternative au libre-échange, en respectant la souveraineté nationale. Cela ne peut être fait qu’en renforçant le rôle de l’Etat dans l’économie. Nous avions une discussion hier sur les Etats affaiblis. Des Etats affaiblis sont le rêve de la Reine d’Angleterre et de son chargé de clientèle Barack Obama. Si nous réalisons ces réformes pour la modernisation de la production et que nous introduisons des technologies nouvelles, cela impliquera une action forte de la part du gouvernement. M. Kotegawa a appelé cela « une guerre », et l’on doit gagner les guerres. Pouvez-vous imaginer qu’un pleurnichard, comme Gorbatchev par exemple, aurait pu gagner la Seconde Guerre mondiale ? Seul le gouvernement soviétique fort a garanti le tournant de la Seconde Guerre mondiale et a permis de sauver l’humanité du fascisme. C’est cela qu’on entend par un leadership fort, un gouvernement fort.
Voilà pour ce qui est de mon approche des changements radicaux dans le monde : par l’intégration régionale.
Enfin, j’aimerais parler de la perspective qui s’offre à l’Ukraine dans la Communauté économique eurasiatique, qui pour nous est l’unique chance de sauver le pays : rejoindre l’union douanière entre la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan et la nouvelle union eurasiatique. C’était une nécessité objective pour les dirigeants de ces trois pays de former un marché commun et d’unifier leurs capacités productives. Si cela n’est pas fait, alors la lutte mondiale pour s’accaparer les matières premières se déplacera du Moyen-Orient à l’Extrême-Orient, et affectera toute l’Eurasie. C’est une région où nous sommes unis par une culture commune. L’intégration avec la Russie, c’est la solution pour l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan. La Biélorussie a agi dans cette direction, organiquement, alors que l’Ukraine, pendant toutes ces années de soi-disant indépendance a été dirigée par Washington et Bruxelles. Et cela empêche le gouvernement et les politiciens ukrainiens d’adapter la décision de l’intégration, qui est la seule décision qui ait un sens, que ce soit du point de vue économique ou du point de vue de la civilisation ; c’est-à-dire de rejoindre l’union douanière et l’espace économique unique de la Russie, de la Biélorussie et du Kazakhstan. Au lieu de cela, les autorités ukrainiennes ont annoncé qu’elles avaient choisi la politique de l’intégration de l’euro, l’entrée dans la zone de libre-échange avec l’UE et l’adhésion à l’OTAN. Pour l’Ukraine, pour notre économie, notre science, notre culture et notre stabilité politique, c’est une impasse et la voie de la ruine.
Des recherches réalisées par l’Institut de prévision nationale d’Ukraine a montré qu’une zone de libre-échange avec l’UE provoquerait une baisse du PIB de l’Ukraine, en conséquence de la sortie de notre production intérieure hors de notre marché. Nos coûts en énergie pour chaque point de PIB seraient quadruplés et nos entreprises feraient simplement faillite dans ces conditions. L’Ukraine aurait plus de problèmes en étant dans l’UE que n’en ont Chypre, la Grèce, l’Espagne, l’Italie et le Portugal.
En revanche, si elle adhérait à la Communauté économique eurasiatique, elle pourrait compter sur une hausse du PIB située entre 1,5 et 6 % ; c’est ce que le président Poutine a dit au président Ianoukovitch le mois dernier. L’Institut de prévision nationale de Russie estime que si l’Ukraine rejoignait cette union douanière, elle gagnerait 7 milliards de dollars annuels et verrait une augmentation de 60 % de ses exportations. Je pourrais annualiser, si j’en avais le temps, secteur par secteur, les avantages qui découleraient pour l’Ukraine de l’adhésion à cette Communauté économique eurasiatique. Des calculs ont été réalisés par le Comité sur les questions de coopération économique entre l’Ukraine et la Russie. Ils analysent l’impact direct et l’impact intermédiaire indirect qui découleraient d’une telle coopération. Tous les scénarios montrent que la production industrielle et le PIB augmenteraient. Dans le second scénario, qui prend en compte l’impact indirect, cela augmenterait encore plus. Surtout, ce qui augmenterait est la fabrication de machines, qui a toujours été le pivot du PIB ukrainien. Dans le passé, 31% de notre PIB dépendait de la fabrication de machines. Si nous rejoignions la Russie et les autres, cela signifierait pour nous une reprise des commandes auprès de notre industrie.
En 2012 a eu lieu une conférence sur les perspectives d’intégration eurasiatique de l’Ukraine, où Sergueï Glaziev, alors secrétaire de l’union douanière, s’est exprimé. Il a dit que les aspirations de l’Ukraine à rejoindre l’UE provoqueraient de sérieuses pertes dans la croissance du PIB, la détérioration de la structure de l’économie et transformerait le pays en réservoir de main d’œuvre bon marché, lui faisant ainsi perdre sa souveraineté économique, alors que, a dit Glaziev, l’adhésion à l’espace économique eurasiatique serait bénéfique sur le plan macroéconomique, cela ajouterait 200 milliards de dollars au PIB au cours des dix prochaines années, cela rendrait l’économie ukrainienne plus compétitive. Rejoindre la Communauté économique eurasiatique n’entrave en rien la souveraineté de ses membres.
Je veux insister que si l’Ukraine rejoint l’union douanière, elle aura accès à de vastes ressources en investissement pour la création de grands projets d’infrastructures, car il n’existe pas d’autre voie pour nous. Notre intégration au sein de l’union douanière créée par la Russie et les autres pays anciennement soviétiques est la seule façon pour l’Ukraine de conserver son indépendance, de voir un regain de son économie nationale à un nouveau niveau qualitatif, et de faire son choix de civilisation, de protéger le pays des déstabilisations et des coups d’Etat nazis.
Hier, au cours des questions, nous parlions de comment comprendre l’amour : l’amour de votre famille, l’amour de votre pays, l’amour de la planète. L’agression est mauvaise, la famine est mauvaise, la pyramide de dollars et la spéculation financière et la dictature de l’Empire britannique sont mauvaises. Nous devons utiliser l’amour pour nous défendre contre ces maux. Par conséquent, je souhaite à chacun d’entre nous la réussite dans ce combat noble pour l’amour. Je souhaite à Lyndon LaRouche encore de nombreuses années et à Helga Zepp-LaRouche de travailler avec l’amour de l’humanité pour ces solutions.