« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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17 mai 2018
La nouvelle coalition d’opposition, conduite par l’ex-Premier ministre Mahathir Mohamad, a remporté une victoire aussi spectaculaire qu’écrasante lors de l’élection du 9 mai en Malaisie.
Aujourd’hui âgé de 92 ans, Mahathir Mohamad fut Premier ministre de son pays de 1981 à 2003. Il avait tenu tête à Georges Soros et au FMI au moment de la « crise asiatique » en 1997-1998, rejetant leurs diktats d’austérité et imposant des contrôles de change sur le ringgit pour sortir la Malaisie de la crise. Il avait ainsi qualifié les activités spéculatives de Soros et comparses d’« inutiles, improductives et immorales ». Lorsque son vice-premier ministre Anwar Ibrahim se rangea du côté du FMI, contre son propre gouvernement, il le congédia. A cette époque, les rapports publiés par la revue EIR (Executive Intelligence Review ) sur la crise financière et les crimes de George Soros étaient suivis attentivement au sein du gouvernement malaisien et cette publication (avec laquelle l’Insitut Schiller collabore) avait décidé de briser la loi du silence médiatique autour des enjeux en Malaisie en publiant les prises de position de Mahathir à l’échelle internationale, notamment dans d’autres pays victimes des conditionnalités du FMI.
Après avoir volontairement quitté ses fonctions en 2003, Mahathir décida en 2015 de se lancer dans une lutte contre le Premier ministre Najib Razak et son propre parti, jugés responsables du déclin économique et de l’extension de la corruption, qui a atteint son apogée avec le scandale autour du 1MDB, un fonds public d’investissement dont des milliards ont « disparu ».
Formant alors un nouveau parti, Mahathir a rejoint une coalition (Pakatan Harapan, Alliance de l’espoir), qui regroupe nombre de ses anciens ennemis politiques, y compris Anwar, et qui, à la surprise de nombreux experts, remporta l’élection, le mettant à nouveau au poste de Premier ministre.
Lors de sa conférence de presse du 10 mai, la première question posée concernait la participation de la Malaisie à l’Initiative une ceinture, une route (ICR) promue par la Chine. Bien que critiquant certains accords conclus dans ce cadre, qu’il considère comme étant peu favorables à la Malaisie, Mahathir précisa qu’il soutenait entièrement l’initiative chinoise, mais qu’il fallait revoir certains contrats. Il a rappelé qu’il avait lui-même écrit au président Xi Jinping pour souligner « la nécessité d’établir une liaison ferroviaire vers l’Europe, plus rapide qu’une liaison maritime ». C’est la Chine qui dispose de « la technologie nécessaire pour construire de gros trains de marchandise, capables d’assurer la liaison avec l’Europe et de faciliter l’accès à l’Asie centrale pour la Chine, le Japon et l’Asie du Sud-est. C’est ça, notre politique. »
Comme le vote en faveur du Brexit, l’élection de Duterte aux Philippines et l’élection de Trump aux Etats-Unis, le retour au pouvoir de Mahathir reflète le changement de paradigme en cours, qui pourrait faciliter la résolution de la crise au Moyen-Orient et ailleurs dans le monde. Le nouveau dirigeant malaisien est très respecté, surtout dans les pays musulmans, pour sa défense du développement et de la souveraineté contre toute ingérence impériale.