« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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26 septembre 2022
Plus que jamais la liberté d’expression, au cœur de toute démocratie réelle et garante de la pérennité de notre République, est bafouée. Les deux lettres suivantes dénoncent cette situation inquiétante et en appellent au Haut Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme d’agir pour faire respecter les textes et engagements internationaux sur ce point crucial.
Le 20 septembre 2022, l’Institut Schiller et la Fondation pour la Lutte contre l’Injustice (Foundation to Battle Injustice) ont adressé deux lettres ouvertes aux Nations unies.
La première, écrite par la Fondation pour la lutte contre l’Injustice et soutenue par l’Institut Schiller, exige la fermeture du site de la plateforme ukrainienne Myrotvorets, qui cible des milliers de personnes, y compris des mineurs et des enfants, ainsi des personnalités politiques du monde entier, en vue de leur assassinat (« liquidation »). Plus de 4000 journalistes figurent sur cette liste pour la simple raison que leur couverture sur le conflit en Ukraine n’est pas conforme au « récit officiel » de l’OTAN. D’autres y figurent parce qu’ils exigent tout simplement une solution diplomatique avant que le conflit ne dégénère en affrontement général.
Palais Wilson 52 rue des Pâquis CH-1201 Genève, Suisse ohchr-InfoDesk@un.org
Haut Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme Michelle Bachelet Jeria
Le journaliste britannique Barry James a déclaré : « Chaque journaliste tué ou neutralisé par terreur est un observateur de moins de la condition humaine. Chaque attaque entraîne une déformation de la réalité en créant un climat de peur et d’autocensure. » Malheureusement, depuis presque neuf ans maintenant, la situation décrite par Barry se produit en Ukraine et dans le Donbass.
Depuis 2014, le site ukrainien Myrotvorets publie les données personnelles de journalistes du monde entier qui couvrent le conflit armé en Ukraine ou qui expriment un point de vue différent de la position officielle de Kiev.
En raison des activités du site Myrotvorets, des centaines de journalistes sont exposés chaque jour à un danger de violence physique. Les professionnels des médias figurant sur sa liste ont signalé à plusieurs reprises des menaces à leur encontre, et certains d’entre eux ont été tués.
Douze journalistes inscrits sur la liste Myrotvorets sont morts. Après leur décès, la mention « Liquidés » est apparue sur la page les concernant sur ce site. La même chose est arrivée à la page sur Myrotvorets de la journaliste russe Daria Douguine, morte dans une attaque terroriste à Moscou.
L’existence et le fonctionnement du site Myrotvorets violent de nombreuses résolutions des Nations unies sur les droits de l’homme et la sécurité des journalistes.
La Déclaration universelle des droits de l’homme, résolutions S/RES/2222 et S/RES/1738 du Conseil de sécurité, les résolutions de l’Assemblée Générale A/RES/74/157, A/RES/72/175, A/RES/70/162, A/ RES/69/185, A/RES/68/163 et les résolutions du Conseil des droits de l’homme A/HRC/RES/45/18, A/HRC/RES/39/6, A/HRC/RES/33/2, A /HRC/RES/27/5, A/HRC/RES/21/12, tous ces documents visent à protéger les journalistes contre le harcèlement, l’intimidation et la violence.
Or, les administrateurs du Myrotvorets violent délibérément toutes ces résolutions et mettent en danger la vie de centaines de journalistes ainsi que la liberté de la presse.
Bloquer le site Myrotvorets est donc non seulement une question de sauver des vies humaines, mais aussi de défendre les valeurs et les principes fondamentaux de la société civilisée.
Extrait :
Le monde s’achemine vers un point de non-retour. La dernière réunion de contact concernant l’aide à apporter à l’Ukraine, organisée sur la base allemande de Ramstein, a fait passer la guerre à une vitesse supérieure, les pays membres de l’OTAN actant la décision d’envoyer des armes de précision et de longue portée toujours plus sophistiquées à l’Ukraine. Il apparaît désormais clairement qu’il s’agit d’une guerre par procuration entre l’OTAN et la Russie. Après avoir affirmé que la Russie est sur le point d’utiliser des armes nucléaires tactiques, le chef de la défense ukrainienne, Valery Zaluzhnyi, a demandé que l’Occident utilise préventivement « tout l’arsenal dont il dispose » contre Moscou. Avant même de faire partie de l’OTAN, Kiev lui demande une protection en vertu de son « Article 5 », ce que le chef adjoint du Conseil de sécurité russe Medvedev a qualifié de « prologue à la Troisième Guerre mondiale ».
La véritable cause de cette escalade provient de l’effondrement hyperinflationniste du système financier transatlantique, à l’instar des renflouements bancaires ayant conduit l’Allemagne de Weimar à l’hyperinflation incontrôlée de 1923. La crise actuelle, avec l’explosion des prix de l’alimentation et de l’énergie, affecte le monde entier et surtout les pays en voie de développement. L’unique façon d’y remédier consisterait à remplacer le système en vigueur par un nouveau système de crédit, c’est-à-dire un « Nouveau Bretton Woods » capable de relancer l’économie mondiale et de fournir du crédit à long terme et à bon marché pour le développement économique réel de l’hémisphère Sud.
Alors que le monde entier est confronté à la fois à la menace de guerre et à celle d’un effondrement financier, l’Assemblée générale de l’ONU reste l’enceinte la plus appropriée pour évoquer et initier la mise en place d’une telle alternative. L’AGNU [Assemblée générale des Nations Unies] est l’endroit par excellence pour débattre et accompagner la création d’un nouvel ordre économique mondial plus juste.
Les auteurs de cette lettre ouverte demandent donc à l’AGNU : — d’exiger la fermeture immédiate de la plateforme et du site Myrotvorets, ainsi que de toute « liste noire » ou propagande du même type visant à intimider et à museler toute contestation ; — d’ouvrir un débat sur la nécessité d’une nouvelle architecture internationale de sécurité et de développement dans l’intérêt de tous, c’est-à-dire un « Nouveau Bretton Woods » ; — de convoquer de toute urgence une session spéciale sur cette question majeure et d’adopter une résolution à cet effet.