« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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2 octobre 2017
Face à l’avalanche de mises en garde contre un nouveau krach, venant de grandes banques et d’institutions financières, on peut se demander si celles-ci vont enfin se décider à prendre des mesures pour l’éviter cette fois-ci. Mais la seule approche raisonnable – séparer la bulle spéculative de l’économie réelle à travers une réforme bancaire de type Glass-Steagall – ne figure pas dans leur programme. Par contre, on parle de plus en plus de bail-in, ce qui veut dire qu’une fois de plus, c’est le contribuable qui sera appelé à renflouer le système.
Pour commencer, à l’occasion du dixième anniversaire de la faillite de la banque Northern Rock, l’Adam Smith Institute a publié un rapport affirmant que les stress tests n’ont fait que cacher le déplorable état des banques, dont l’effet de levier est bien plus fort aujourd’hui qu’il y a dix ans. Le prochain krach est « un accident voué à se produire ».
Quant à la Banque des Règlements internationaux, elle consacre un chapitre de son Rapport trimestriel à la dette « cachée », qui représenterait jusqu’à 13 000 milliards de dollars de produits dérivés sur les marchés de change. Cela peut sembler un montant dérisoire par rapport à la valeur nominale totale des produits dérivés, estimée à plus de 1,2 million de milliards, mais la BRI souligne que ces 13 000 milliards ne correspondent pas à la valeur nominale mais à des prêts réels, déguisés en produits dérivés. La dette est comptabilisée comme produit dérivé nominal, « même s’il s’agit en réalité d’un prêt garanti dont le capital doit être entièrement remboursé à l’échéance ». Claudio Borio, l’économiste en chef de la BRI qui présentait le rapport, parle du « risque d’un piège de la dette ».
Ambrose Evans-Pritchard estime quant à lui dans le Telegraph :
les banques centrales n’osent pas relever les taux d’intérêt par crainte de ce que cela pourrait déclencher.
Une éventuelle hausse des taux est l’un des douze facteurs cités dans un rapport de la Deutsche Bank comme susceptibles de déclencher un effondrement du système. On est face à un « voyage vers l’inconnu », estiment Jim Reid, Nick Burns, Sukanto Chanda et Craig Nicol, stratégistes de la DB, qui craignent des « conséquences substantielles » en cas de hausse en raison du « niveau élevé des prix de bon nombre d’actifs globaux ».
Pendant ce temps, le prochain bail-in se négocie en Italie, en pleine crise des caisses d’épargne de Gêne (Carige). Felix Hufeld, chef des régulateurs allemands de la BAFIN, a déclaré à Francfort le 22 septembre que l’Allemagne est en deuxième place, après l’Italie, du point de vue du montant des actifs éligibles à un bail-in au détriment des déposants. Sans donner de chiffres, Hufeld a tout de même indiqué que cela concerne des certificats et des obligations subordonnées qui, comme en Italie, ont sans doute été vendus à tort aux clients comme des investissements « sûrs ».