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Le président de la Banque nationale suisse confirme son soutien pour la séparation des banques

3 mars 2016

En 2010, au summum de la crise financière, Thomas Jordan, alors vice-président de la banque centrale suisse, avait fait grincer des dents en appelant à la séparation des banques commerciales des banques d’affaires, en cas de faillite :

Au cours d’une crise dans une banque, les parties vitales pour le fonctionnement de l’économie nationale devraient être séparées du reste qui serait vendu ou liquidé.

Entre-temps, Jordan a été nommé président de la BNS.

Qu’en pense-t-il aujourd’hui ?

Lors de son discours le 23 février à la House of Finance de l’université Goethe à Francfort, faisant abstraction du fait que le système financier transatlantique est au bord du gouffre, il a surtout insisté sur les restrictions imposées à la Suisse et aux autres neuf membres de l’Union européenne ne faisant pas partie de la zone euro, en raison de l’assouplissement quantitatif pratiquée par la Réserve fédérale américaine et, encore plus, par la Banque centrale européenne.

C’est tout juste s’il a évoqué les conséquences potentiellement désastreuses pour la Suisse qu’impliquerait une décision de la BCE d’introduire dans la zone des taux d’intérêt négatifs.

Or, si une telle décision pourrait à court terme profiter aux banques casino comme la Deutsche Bank ou Crédit Suisse, elle provoquerait la fuite des capitaux hors d’une zone euro en crise vers le « refuge  » du franc suisse – dont la valeur augmenterait en conséquence.

Dans ce cas-là, a affimé Jordan, la BNS pourrait ne pas baisser ses taux d’intérêt, bien que le franc suisse est déjà fortement surévalué, créant de grandes difficultés pour les exportateurs suisses.

Pendant la période de discussion, un représentant de l’institut Schiller a interpellé Jordan. Après lui avoir rappeler, citation ci-dessus à l’appui, son précédent soutien à la séparation des banques, et les récentes déclarations de Neel Kashkari, le président de la Réserve fédérale de Minneapolis, en faveur de « couper des banques en deux », il lui a demandé s’il maintenait toujours sa déclaration de 2010 et s’il allait introduire les mesures d’urgence nécessaires pour protéger l’économie réelle de la Suisse.

D’abord surpris que l’on se souvienne de ses propos de 2010, Thomas Jordan a répondu « oui » à la question.

La bataille au parlement

Les parlementaires suisses devraient aussitôt prendre acte des propos de Thomas Jordan. La Chambre basse du parlement avait adopté, en 2013 puis en 2015, deux « motions » en faveur d’une séparation des banques suivant les critères du Glass-Steagall. Aujourd’hui, ils devraient plus que jamais exiger cette mesure.

Pour approfondir avec notre dossier « Le Glass-Steagall Act : garant d’une Suisse souveraine » , cliquez ici.

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