« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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Dans Le Figaro, un appel urgent à Donald Trump
13 septembre 2019
Le Figaro publie d’aujourd’hui, en page 7, deux prises de position de l’Institut Schiller France et International. Objectif ? Mettre fin à cette guerre commerciale qui, dans le contexte terriblement tendu d’aujourd’hui dans les bourses, les marchés financiers et l’économie en général, ne peux que fragiliser un système, prêt déjà à tomber comme un château de cartes.
Dans leurs prises de position, Helga Zepp-LaRouche, fondatrice et présidente de l’Institut Schiller international, et Christine Bierre pour l’Institut Schiller France dénoncent non seulement la guerre « commerciale » mais aussi la quête de supériorité militaire qui en est sous-jacente. Elles proposent des solutions pour un monde en croissance, qui permettrait aux deux géants, de coopérer et de prospérer côte à côte.
Helga Zepp-LaRouche, présidente et fondatrice de l’Institut Schiller international
Lorsque le Président Donald Trump a publié, le 23 aout dernier, un tweet disant « Nous n’avons pas besoin de la Chine, et franchement, nous serions bien mieux sans elle », Helga Zepp-Larouche, a immédiatement rétorqué « qu’il est objectivement erroné de penser que les États-Unis ou le monde peuvent résoudre leurs problèmes économiques sans la Chine et sans l’Initiative Une ceinture et une route. »
Depuis le début, l’Institut Schiller dénonce, aux États-Unis et à l’internationale, cette guerre commerciale destructrice. Le 5 août 2018, dans sa conférence internet hebdomadaire, elle remarquait « qu’une réflexion avait repris en Chine, sur une idée proposée par l’Institut au début de ce conflit : la possibilité de faire des investissements chinois dans la modernisation des infrastructures américaines. Des investissements de cette nature, changeraient complètement la dynamique ; ils créeraient beaucoup, beaucoup d’emplois productifs pour les Américains », elle notait.
Dans sa conférence internet hebdomadaire du 30 mai 2019, juste de retour de son intervention du Dialogue des Civilisations asiatiques organisé par le Président Xi Jinping à Beijing, elle s’est encore longuement expliquée sur les véritables enjeux de la guerre commerciale lancée par le Président Trump contre la Chine.
« Ceci a commencé comme des disputes secondaires concernant des taxes sur les importations dans le contexte du projet « Rendre sa grandeur à l’Amérique ». Certaines personnes avaient cru qu’il s’agissait de vraies politiques protectionnistes, Hamiltoniennes, soucieuses de l’intérêt national. Mais les milieux généralement bien informés se sont rendus compte qu’il ne s’agissait pas de cela. Trump avait peut être voulu une chose, mais la complexité de son administration et le fait que les forces de sécurité américaines avaient déclaré entretemps que la Chine était un ennemi, un adversaire, un rival, un compétiteur ou tout cela à la fois, on fait que cela a conduit à une escalade.
« Et bien qu’au début, il semblait qu’une solution serait possible, tout est sorti du contrôle. Principalement parce que le Représentant américain du commerce, Robert Lighthizer, et peut être d’autres, avait inclut dans l’accord des conditions qui auraient obligé la Chine a abandonner totalement son modèle de réussite économique. Il est devenu clair alors que la vraie question n’était pas la protection des emplois américains ; cette attaque, tout comme celle contre Huawei et d’autres technologies chinoises très avancées, était clairement une tentative de contenir la Chine, d’empêcher sa montée, les États-Unis y voyant à tort une menace.
« Je pense qu’il s’agit là d’un effort aussi futile que dangereux. Il est impossible de contenir un pays d’1,4 milliards de personnes, dont le gouvernement a choisi la bonne direction, car, autrement, la politique de 40 ans de Reforme et d’ouverture n’aurait pas connu un succès aussi retentissant que la sortie de 800 millions de gens de l’extrême pauvreté. Aujourd’hui, les pays en développement se tournent vers le modèle Chinois et les forums de l’Initiative une ceinture, une route, ont conduit a un partenariat avec 150 pays et organisations internationales, toutes acquises à l’esprit des Nouvelles routes de la soie. »
Par Christine Bierre, Institut Schiller France
Les mauvaises nouvelles tombent l’une après l’autre : chute des bourses, entrée en récession probable de l’Allemagne, ralentissement de l’économie mondiale. Pour l’ancien gouverneur de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, la cause ne fait aucun doute : « La guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis (…) est à l’origine du ralentissement du commerce mondial. » « Une récession est inéluctable, a-t-il annoncé au Journal du Dimanche. Elle viendra des Etats-Unis, mais elle frappera aussi durement l’Europe. »
On a tendance à l’oublier, mais l’un des principaux thèmes de la campagne présidentielle de Donald Trump avait été l’attaque contre la Chine. Pourtant, au tout début de son mandat, il avait eu une rencontre privilégiée avec le Président chinois à Mar-a-Lago. Le 8 novembre 2017, c’était au tour de Xi Jinping et de son épouse de recevoir le couple présidentiel américain, avec tous les honneurs, à Beijing, leur offrant même une visite exceptionnelle de la Cité interdite. Ces rencontres avaient alors suscité beaucoup d’espoir en Chine. Pourrait-on retrouver cette confiance ? Oui, à condition de revenir à une politique d’entente, de détente et de coopération avec ce grand pays.
Peu à peu cependant, les choses se sont gâtées. En décembre 2017, Donald Trump signait sa « Stratégie de sécurité nationale des Etats-Unis », annonçant la remise en cause de la politique suivie vis-à-vis de la Chine depuis une vingtaine d’années. Impossible de comprendre la « guerre » commerciale d’aujourd’hui sans ce revirement.
« La Chine et la Russie défient la puissance américaine, son influence et ses intérêts, et tentent d’éroder sa sécurité et sa prospérité, lit-on dans ce document. Ces compétitions exigent que les Etats-Unis repensent les politiques des deux dernières décennies, fondées sur l’a priori que l’engagement avec des rivaux et leur inclusion dans les institutions internationales et le commerce mondial, les transformeraient en acteurs bienveillants et en partenaires fiables. Cette prémisse s’est généralement révélée fausse. (…) Notre mission est de garantir que notre supériorité militaire perdure. »
Le mot ennemi n’est pas encore prononcé, mais le message est limpide : les Etats-Unis feront tout pour essayer de rattraper le temps et les capacités stratégiques perdus.
La guerre commerciale est lancée en mars 2018. Si l’objectif invoqué au départ est d’éponger le déficit abyssal de 375 milliards de dollars accumulé en faveur de la Chine, en lui imposant des taxes douanières, rapidement les visées ultérieures deviennent évidentes. S’il s’agissait uniquement de réduire un déficit, il aurait suffi d’augmenter les achats de produits américains ou d’accroître la richesse des Etats-Unis par d’autres moyens, comme nous le proposons ci-dessous. En réalité, sous couvert de guerre commerciale, Washington cherche à enrayer l’ascension fulgurante de la Chine et son projet Made in China 2025.
Aujourd’hui, comme l’a dit le négociateur spécial de la Chine, M. Liu He, les négociations achoppent sur des « questions de principes » qu’aucune nation indépendante ne pourrait accepter. Les Etats-Unis exigent de Beijing des de mettre fin aux « transferts forcés de technologie » - 30% des investissements étrangers concernent des secteurs où la Chine exige la formation de coentreprises - et aux subventions de l’Etat aux entreprises publiques. Ils exigent une ouverture totale de secteurs encore protégés (automobile et télécommunications). Mais Washington ne s’arrête pas là. Il exige que la Chine introduise ces « changements » dans sa Constitution et accepte des procédures permettant de vérifier son application de l’accord.
LES SOLUTIONS A CETTE CRISE
1) UN SOMMET D’URGENCE TRUMP-XI JINPING Face à la très réelle menace d’effondrement de l’économie mondiale, les principaux dirigeants des pays européens, d’anciens banquiers ainsi que des centaines d’entreprises américaines demandent « urgemment » aux Etats-Unis de mettre un terme à la guerre commerciale. Une rencontre Trump-Xi Jinping devrait avoir lieu sans délai pour lancer le processus visant à créer un nouveau système monétaire et économique international.
2) LE MONDE PEUT ACCUEILLIR DEUX GEANTS
L’interconnexion entre les économies chinoise et américaine est une source de richesse potentielle et non de problèmes. Le monde peut accueillir ces deux géants côte à côte, à condition d’éliminer les concepts géopolitiques et d’accepter de faire du gagnant-gagnant un concept universel.
3) EN FINIR AVEC LES FAUSSES ACCUSATIONS
Accuser la Chine d’avoir « volé » les technologies américaines est un mensonge. La délocalisation des entreprises américaines vers des pays à bas salaires fut la politique adoptée par les prédécesseurs de Trump. Les opérations américaines en Chine représentent un intérêt commercial de 400 milliards de dollars et 40 % des exportations chinoises sont liées aux multinationales opérant en Chine. Parmi les 20 principaux exportateurs de ce pays, la majorité sont des sous-traitants (OEM) de corporations américaines ou d’entreprises américaines elles-mêmes.
4) PRODUIRE ENSEMBLE DES RICHESSES NOUVELLES
La Chine et les Etats-Unis doivent produire les emplois et les équipements de demain pour tous. Il n’y a pas de retour possible au passé, mais l’avenir nous est totalement ouvert. L’industrialisation de l’Afrique est un chantier immense et la Chine a signé de nombreux accords avec différents pays pour la réaliser ensemble. Il faut l’entreprendre immédiatement, et pas seulement en Afrique.
6) UNE CONTRIBUTION UNIQUE DE LA CHINE AUX ETATS-UNIS
La Chine est la mieux placée pour moderniser les infrastructures américaines, un chantier potentiellement de 2 000 milliards de dollars. L’endettement des Etats-Unis les empêche de le faire. Or, la Chine dispose de plus de 3 000 milliards de réserves en dollars, déposées à la Banque de Chine aux Etats-Unis et ailleurs qui pourraient contribuer à créer un fonds de financement d’une rénovation qui rallumerait la croissance, et pourrait être conduite par les entreprises des deux pays.
Nombre d’experts demandent aujourd’hui une politique budgétaire d’investissement dans les infrastructures pour relancer la croissance. C’est le principe même de l’Initiative une ceinture, une route (ICR), qui pourrait servir de modèle à cette modernisation.