« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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27 février 2019
La faction néo-conservatrice au sein de l’administration Trump met tout en œuvre pour accélérer la crise au Venezuela. Sa fuite en avant risque même de déclencher un conflit militaire en Amérique du Sud, le chef du Commandement américain pour l’Amérique du Sud s’étant déclaré être prêt à y intervenir si nécessaire. Si on en arrive là, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo, le Vice Président Mike Pence et le Conseiller à la Sécurité Nationale John Bolton, parmi d’autres, auront non seulement réussi à démolir les relations des Etats-Unis avec l’Amérique-Latine, mais aussi à faire tomber Donald Trump dans un piège qui serait fatal pour sa présidence, laissant ainsi un boulevard aux instigateurs du « Russiagate ».
En effet, l’épreuve de force orchestrée autour de la livraison d’aide humanitaire étrangère – utilisée comme prétexte – se produit au moment précis où le président Trump sera au Vietnam pour un nouveau et décisif sommet avec le leader nord-coréen Kim Jong-Un, à Hanoï les 27 et 28 février. La situation est devenue explosive samedi 23 février, le jour J imposé unilatéralement par le « président par intérim autoproclamé » Juan Guaido pour faire entrer l’aide aux points de chute le long de la frontière entre le Venezuela, le Brésil et la Colombie. Des camions transportant toutes sortes de produits ont tenté de forcer et des violences des deux côtés de la frontière. Plus tard dans la journée, le président Maduro a rompu les relations diplomatiques avec la Colombie, dont le Président, selon lui, a « prêté son territoire pour une agression contre le Venezuela ». Au moment où nous écrivons ces lignes, la situation demeure extrêmement tendue et dangereuse.
Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador, quant à lui, maintient que le dialogue et la négociation sont les seules options pour résoudre cette crise. Le président Trump par contre a prononcé le 18 février à Miami un discours qui aurait très bien pu être rédigé par John Bolton. Il a répété la ligne néo-conservatrice selon laquelle la « dictature socialiste » de Maduro est responsable de tous les maux du Venezuela, et qu’il doit partir le plus tôt possible, tout comme les gouvernements de Cuba et du Nicaragua. Depuis quelques jours, la ville frontalière de Cucuta en Colombie a vu défiler des néo-conservateurs américains, dont le sénateur Marco Rubio de Floride et l’Envoyé spécial pour le Venezuela Elliott Abrams (connu pour ses machinations dans l’affaire Iran-Contra). Le 25 février, le Vice-Président Pence s’est rendu à Bogota pour exiger « liberté et démocratie » pour le Venezuela.
Face à l’absence d’une approche raisonnable de la part des Etats-Unis, la Russie s’élève contre cette énième tentative de changement de régime. Le 22 février, des représentants de 50 nations se sont réunis aux Nations-Unies à New-York afin de former un groupe international de défense du droit et de la Charte des Nations-Unies. Objectif : s’opposer à une intervention militaire au Venezuela. L’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, a précisé que la rencontre ne concernait pas seulement le Venezuela, mais « toute une approche pour résoudre les problèmes internationaux et les différentes crises. »
Mais tant que la tentative de coup d’état à froid contre Trump, auquel participent activement Bolton, Pence et Pompeo, n’aura pas été défaite, le Président américain restera l’otage de cette clique et n’aura pas les coudées franches pour mener une politique véritablement constructive.