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A Marseille, le Forum de la Méditerranée

Le Sommet des deux rives sera-t-il un coup d’épée dans la mer ?

19 juin 2019

Les 23 et 24 juin aura lieu à Marseille le Sommet des deux rives, forum de la Méditerranée, annoncé par Emmanuel Macron lors de la Conférence des ambassadeurs le 27 août 2018. Ce dernier emboîte ainsi le pas à Nicolas Sarkozy et à son projet d’Union pour la Méditerranée lancé en 2008 et qui peine à se concrétiser autrement que sur le papier.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Dialogue 5+5 Méditerranée auquel participent cinq Etats du sud de la Méditerranée - Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Mauritanie – et cinq Etats au nord de celle-ci - Portugal, Espagne, Italie, Malte et France.

S’ajoute d’autres acteurs dont l’Union européenne, l’Allemagne, mais aussi les organisations pan-méditerranéennes (Union pour la Méditerranée, Fondation Anna Lindh) et les principales organisations économiques internationales présentes dans la région (Banque Mondiale, la Banque européenne d’investissement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, l’Organisation pour la coopération et le développement économiques).

Elle entend également impliquer la société civile, chaque Etat proposant une personne censée représenter celle-ci, soit 10 personnes en tout.

Pour la France, ce sera Patricia Ricard, présidente de l’Institut océanographique Paul Ricard fondé en 1966 par son grand-père, l’industriel qui inventa le Pastis Ricard, aujourd’hui groupe Pernod Ricard.

Cinq forums thématiques ont déjà eu lieu en préparation au Sommet : « Les énergies », « Jeunesse, éducation, mobilité », « Economie et compétitivité », « Culture, médias, tourisme », « Environnement et Développement durable ».

Or, si tous ces préparatifs semblent illustrer le désir de d’un projet fédérateur, le choix des thématiques laisse entrevoir un grand vide indiquant que les vrais sujets ne seront pas abordés. Ceci concerne en premier lieu les Nouvelles Routes de la soie dont le bassin méditerranéen s’impose comme partenaire privilégié. Ce serait l’occasion idéale pour revitaliser l’économie des pays riverains et au delà en créant une communauté d’action pour accueillir et prendre avantage de leur formidable dynamique.

Or, rien ne semble avoir émergé des travaux préparatoires au sommet qui permettrait de se montrer optimiste sur la question. La France se veut certes chef d’orchestre de cette initiative, mais où sont les propositions concrètes (et chiffrées) pour mettre le port de Marseille à niveau à un moment où les ports de Tanger au Maroc et de Gènes en Italie mettent les bouchées doubles pour être au niveau de la nouvelle donne économique et physique créée par l’Initiative une Ceinture une Route. Où trouver trace d’un quelconque plan pour répondre au gigantesque besoin de développement de l’Afrique, de l’autre côté de la Méditerranée ? Où chercher l’ombre de la volonté d’une diplomatie autre que mercenaire dans nos relations avec nos voisins méditerranéens du Moyen-Orient ?

Si la Méditerranée est par excellence le lieu du dialogue des cultures, alors la crédibilité d’Emmanuel Macron sera jaugé à sa capacité de dialoguer avec ces cultures lointaines, qui comme toutes celles qui contribuèrent à l’émergence de la France par des apports fondamentaux, venaient à nous via « mare nostrum ».

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