« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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Conférence internationale de l’Institut Schiller - 13 avril 2024
24 avril 2024
Après avoir posé l’eau comme élément essentiel à toute perspective sérieuse de paix lors de la conférence « L’eau pour la paix » - le 9 janvier à Paris - l’Institut Schiller a approfondi cet enjeu dans le cadre immédiat du Moyen-Orient et, tout particulièrement, dans la perspective d’une résolution de crise à Gaza.
par Stewart Battle
En réponse à la politique d’épuration ethnique lancée par le gouvernement Netanyahou en représailles à l’attaque du 7 octobre dernier, Helga Zepp-LaRouche, fondatrice de l’Institut Schiller, a appelé à intensifier la mobilisation en faveur d’un « Plan Oasis » pour l’ensemble de l’Asie du Sud-Ouest.
Selon elle, la perspective de développement économique que représente ce plan est le seul moyen d’instaurer une paix durable dans la région. Le 13 avril dernier, la conférence de l’Institut Schiller, « Le Plan Oasis : la solution LaRouche pour la paix par le développement entre Israël et la Palestine et pour toute l’Asie du Sud-Ouest », a mis ce sujet sur la table pour la première fois depuis que ce conflit a éclaté il y a plus de six mois.
Cet événement international en ligne (avec une traduction simultanée en quatre langues) a rassemblé des orateurs des cinq continents et un public du monde entier. Organisé en deux sessions, il comportait d’importantes périodes de discussion. L’Institut Schiller prépare la diffusion rapide d’une vidéo d’une heure reprenant les points forts de cette conférence, afin de poursuivre la mobilisation pour mettre fin au génocide à Gaza, désamorcer le danger de guerre et lancer un débat international sur une nouvelle architecture économique et de sécurité mondiale.
Dennis Speed, de l’Institut Schiller de New York, qui animait la première session, a commencé par présenter un court extrait vidéo de l’intervention de Lyndon LaRouche (1922-2019) au Centre Zayed d’Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, en 2002. (Voir transcription ci-dessous)
LaRouche incitait les gens à concevoir cette région que nous appelons le Moyen-Orient comme s’ils l’observaient depuis l’espace, en la considérant comme le carrefour naturel reliant l’Eurasie et l’Afrique, avec sa caractéristique singulière : le manque d’eau douce.
Helga Zepp-LaRouche a repris ce thème dans son discours d’ouverture de la première table ronde, intitulée « Créer les conditions du dialogue, de la sécurité, de la paix et du développement en Asie du Sud-Ouest ». Elle a insisté sur le fait que si le monde veut éviter la menace à court terme d’un conflit régional pouvant rapidement déboucher sur une guerre mondiale, il nous faut faire un « saut cognitif » vers une approche radicalement différente, en considérant les questions d’économie et de sécurité entre les nations comme un tout.
Après avoir décrit les dangers auxquels la région est confrontée (rendus plus évidents encore par l’annonce de la riposte iranienne contre Israël), Mme Zepp-LaRouche a pointé du doigt « l’éléphant dans la pièce » : non seulement il y a une pénurie d’eau dans cette région, mais les exigences d’un niveau de vie moderne ne peuvent être satisfaites à partir des seules ressources naturelles. En fait, de nombreux conflits militaires dans cette région résultent de ce manque d’eau. Il faut donc trouver des solutions, en mobilisant l’ingéniosité humaine pour augmenter les ressources existantes afin de fournir ce qui est nécessaire à une société humaine florissante et tournée vers l’avenir.
Elle a cité de nombreux exemples où cette approche avait été adoptée au profit de la population, comme récemment en Chine, où des millions d’hectares ont été regagnés sur le désert. En revanche, la majeure partie de l’Asie du Sud-Ouest a été privée de cette possibilité, à cause d’intérêts géopolitiques pour qui cette région constitue avant tout un échiquier stratégique, plutôt qu’un espace où les sociétés humaines devraient être autorisées à vivre. Cela doit maintenant cesser, a insisté Mme Zepp-LaRouche.
Pour conclure, elle a repris cette citation de la trilogie Wallenstein de Friedrich Schiller : « Si l’on n’arrête pas la guerre tant qu’on est en guerre, d’où viendra alors la paix ? » Inspirer confiance à l’ennemi, c’est le seul moyen de parvenir à la paix ! Au bord du gouffre de ce qui pourrait devenir la fin de toute vie sur la planète, ne sommes-nous pas, nous les hommes, l’espèce créatrice, capables de trouver une solution pour sortir de ce danger ? Mettons donc le Plan Oasis dans les mains de tous les gouvernements du monde !
La conférence a vu la participation de nombreux représentants de gouvernements et experts de haut niveau du monde entier. Trois orateurs palestiniens sont intervenus : S.E. Manuel Hassassian, ambassadeur de Palestine au Danemark, S.E. Mounir Anastas, ambassadeur de Palestine auprès de l’UNESCO, et le Dr Izzeldin Abuelaish, médecin, auteur et militant pour la paix.
Parmi les autres dignitaires figuraient notamment l’ambassadrice d’Afrique du Sud au Mexique, Beryl Rose Sisulu, le chargé d’affaires de Biélorussie aux États-Unis, Pavel Shidlovsky, et le premier secrétaire aux affaires humanitaires de la mission de la Fédération de Russie auprès des Nations unies à New York, Ilya Andreev.
L’ambassadeur Hassassian donna un bref historique de la Palestine, montrant comment la « Déclaration Balfour » avait déclenché un siècle d’agression et de nettoyage ethnique à l’égard de son peuple. On peut dire ainsi que les Palestiniens paient le prix de l’Holocauste en Europe, une réalité que les dirigeants occidentaux choisissent commodément d’ignorer, même s’ils prétendent se préoccuper des « droits de l’homme ». Après avoir approuvé l’analyse de son compatriote sur l’origine du conflit actuel et le caractère génocidaire des actions d’Israël, l’ambassadeur Anastas ajouta que l’UNESCO reconnaît également la valeur du développement de l’eau et promeut depuis 1975 un programme intergouvernemental en ce sens.
Bien que réticents à voir dans le plan Oasis le socle de la paix, affirmant qu’il ne peut y avoir de paix sans solution politique préalable, les ambassadeurs palestiniens ont néanmoins exprimé leur soutien au concept en tant qu’élément essentiel pour garantir une paix durable. M. Anastas a reconnu que l’esprit et l’intention sur lesquels est basé le plan - à savoir un véritable développement économique et social - seront en fin de compte le fondement de la paix dans toute la région, et M. Hassassian en a parlé comme d’une « fenêtre d’opportunité » pour les deux peuples afin d’assurer un avenir commun.
Helga Zepp-LaRouche allait revenir sur ce point dans le débat ultérieur, en alléguant qu’une politique de développement économique pour toutes les parties est en fait « la condition préalable » à tout plan de paix viable. Elle rappela que lors des accords d’Oslo, dans les années 1990, Lyndon LaRouche martelait que les chantiers devaient démarrer immédiatement, afin que la vision du développement futur de la région prenne le pas sur l’agitation politique du moment. Ce volet figurait bien dans l’accord conclu à Oslo, mais il a été saboté par la Banque mondiale, qui n’a pas accordé le financement nécessaire.
Nous devons utiliser cette conférence du 13 avril et le concept du Plan Oasis pour obtenir le soutien des gouvernements et d’autres institutions en faveur d’une conférence internationale d’urgence sur le Moyen-Orient. En mettant à l’ordre du jour quelque chose comme le Plan Oasis, inspiré par l’exemple de la paix de Westphalie, cette conférence mondiale pourrait être l’antidote permettant de briser enfin le cycle de la violence et du désespoir dans cette région.
Mme Connie Rahakundini Bakrie, analyste stratégique et conférencière indonésienne, a enrichi le débat d’un vaste aperçu historique, rappelant les 500 ans de domination musulmane sous l’Empire ottoman, puis la Déclaration Balfour et le nettoyage ethnique après l’instauration des frontières de 1948 dans la région de Transjordanie, mettant l’accent sur la responsabilité britannique et française à cet égard. Elle a souligné que l’Indonésie, en tant que nation islamique de premier plan, a un rôle important à jouer pour surmonter cette crise et fera pression pour que cela aboutisse.
Donald Ramotar, ancien président du Guyana, a exprimé son soutien au plan Oasis, non seulement comme solution à la crise en Asie du Sud-Ouest, mais aussi en tant que réflexion nécessaire pour résoudre la crise mondiale. « Le monde n’a jamais été aussi proche d’une guerre nucléaire », a-t-il reconnu, mais il existe néanmoins des possibilités d’échapper à la pauvreté et à la guerre. La paix et le développement sont tous deux nécessaires, et l’un ne va pas sans l’autre.
Le professeur Georgy Toloraya, directeur du Comité national russe pour la recherche sur les BRICS, a présenté un concept audacieux pour résoudre le désastre de Gaza. Les BRICS pourraient reprendre – mais de manière positive – l’ancienne idée du protectorat de Hong Kong, et « louer » pour 50 à 100 ans, avec l’Arabie saoudite et l’Égypte (nouveaux membres des BRICS) la zone concernée pour en assurer la gestion, faisant appel à la Nouvelle Banque de développement des BRICS pour organiser l’infrastructure. Israël n’aurait aucun rôle à jouer dans ce contexte.
Graham Fuller, ancien vice-président de l’Agence nationale du renseignement des États-Unis, qui a travaillé de nombreuses années pour la CIA dans le monde islamique, a adressé un message à la conférence. Décrivant le plan Oasis comme « l’élément le plus enthousiasmant proposé depuis longtemps » pour le Moyen-Orient, il l’a rapproché de l’esprit général de l’initiative « la Ceinture et la Route ». Fuller a évoqué l’impact négatif de « décennies de géopolitique hideuse » dans la région, marquées par des opérations colonialistes remontant aux Croisades, et « qui n’ont jamais vraiment cessé ».
Les représentants de l’Afrique du Sud, de Biélorussie et de la Russie ont salué tour à tour l’approche du Plan Oasis. Pour S.E. Beryl Rose Sisulu, ambassadrice de la République d’Afrique du Sud au Mexique, l’expérience de son pays met en lumière « le lien intrinsèque entre le développement et la paix, reconnaissant qu’une paix durable ne peut s’épanouir que dans les sociétés qui encouragent le développement et favorisent la croissance inclusive ». « Le plan Oasis suscitera un grand intérêt », a-t-elle ajouté, et peut être « un outil pour entamer des négociations de paix entre la Palestine et Israël ». Mme Sisulu a également expliqué que l’histoire de l’Afrique du Sud en matière d’apartheid et son expérience dans la résolution des divisions raciales et ethniques lui confèrent un rôle important, pour aider non seulement la Palestine mais aussi le reste du monde.
Le chargé d’affaires de Biélorussie aux États-Unis, S.E. Pavel Shidlovsky, a qualifié le plan Oasis d’« ambitieux et bénéfique pour tous », et qui « prend de l’ampleur au fur et à mesure qu’on l’étudie ». Tout en espérant que d’autres s’y joindraient, il a déclaré : « Je suis tout à fait d’accord avec les organisateurs de la conférence, qu’il nous incombe de veiller à ce que chaque vie dans le monde soit sacrée, que le droit international prévale pour empêcher les génocides et que le développement économique soit le moteur de la paix. En Biélorussie, nous adhérons à la même approche. »
Saluant l’émergence d’un monde multipolaire, M. Shidlovsky a fait l’éloge du rôle croissant des BRICS, du mouvement des non-alignés, de l’OCS, de l’ANASE et du Sud global dans son ensemble. Il a également souligné que la Biélorussie était elle-même un important carrefour entre l’Europe et l’Asie, ce qui contribue fortement à l’économie du pays.
Prenant la parole à son tour, le premier secrétaire aux Affaires humanitaires de la mission russe auprès des Nations unies, Ilya Andreev, a déclaré : « Nous soutenons le message principal, qui implique la mise en œuvre du Plan Oasis à grande échelle pour approvisionner la région en eau, y compris pour les besoins d’irrigation. C’est précisément ce grand projet d’infrastructure international qui pourrait servir de stimulant pour les économies de la Palestine, de la Syrie, du Yémen et d’autres pays. Son lancement aurait à coup sûr un impact positif sur l’offre d’emplois aux jeunes, notamment d’emplois qualifiés, sur la création de conditions propices au retour des réfugiés et sur la stabilité économique de l’ensemble de la région. Il s’agit certainement d’une idée très séduisante. (...) Nous sommes heureux qu’un tel travail soit en cours (...) sous les auspices de l’Institut Schiller. »
Pour M. Andreev, cependant, l’obtention d’un cessez-le-feu dans ce conflit et l’arrêt de la catastrophe humanitaire restent la priorité absolue aujourd’hui.
La deuxième session de la conférence, qui se proposait d’aborder « les fondements physiques du développement économique de l’Asie du Sud-Ouest », a clairement montré comment on pourrait obtenir une paix durable en Asie du Sud-Ouest en utilisant les technologies et les méthodes d’ingénierie les plus avancées pour reverdir les déserts.
Jason Ross, conseiller scientifique de l’Institut Schiller et principal orateur de cette session (dont le modérateur était Stephan Ossenkopp, de l’IS Allemagne), a commencé par cette citation d’Albert Einstein : « L’éternel mystère du monde est qu’il soit compréhensible… »
Il a développé trois concepts fondamentaux, préparant le terrain au dialogue captivant qui allait s’instaurer entre les participants :
1) L’homme, doté du pouvoir de créativité, est fondamentalement bon. Et grâce à sa créativité, il a le pouvoir d’améliorer la nature par la découverte scientifique et le développement de nouvelles technologies. Jason Ross a cité cet article de Lyndon LaRouche publié en 1995, Qu’est-ce que Dieu :
« Chaque individu est doté d’un potentiel intellectuel dont aucun animal ne dispose. L’homme a le pouvoir non seulement d’imaginer des états de la nature qui n’ont jamais existé auparavant dans l’univers, mais, avec certaines restrictions, d’imposer ces idées de manière efficace à l’univers en général. »
2) L’idéologie « verte » et malthusienne est fondamentalement erronée, car elle affirme que tout ce que l’homme fait pour transformer la nature est, d’office, néfaste pour celle-ci et pour lui-même.
3) Le concept du Plan Oasis, en tant que base de la paix par le développement économique, prend sa source dans le traité de Westphalie de 1648, qui mit fin à la sanglante guerre de Trente Ans en Europe. Ce traité a été conçu de façon à instaurer une paix durable en promouvant « l’avantage d’autrui » et en renonçant à toute vengeance. M. Ross, qui a utilisé de nombreuses illustrations tout au long de son discours, a montré à l’aide d’une carte comment les différends frontaliers dans l’Europe du XVIIe siècle étaient beaucoup plus compliqués que ceux opposant la Palestine et Israël aujourd’hui.
Les autres experts de cette session étaient Pierre Berthelot, chercheur associé à l’IPSE, directeur de la revue Orients Stratégiques et membre de l’Académie de l’Eau en France, William DeOreo, hydrologue, président d’AquaCraft et partisan du dessalement nucléaire, basé au Colorado, aux États-Unis, et Kelvin Kemm, physicien nucléaire et ancien président de la Société sud-africaine d’énergie nucléaire.
Leurs interventions ont toutes fait preuve d’optimisme quant à la possibilité de résoudre les problèmes de cette région grâce aux solutions, existantes et potentielles, que peut nous offrir la science. Comme l’a dit le Dr Kemm : « Au fil des siècles, s’il est un sujet qui a transcendé les conflits politiques, c’est bien la science. »
Une discussion particulièrement intéressante se développa alors sur le type de réacteurs nucléaires avancés en cours de développement - les petits réacteurs modulaires (SMR) et les réacteurs à sels fondus utilisant le thorium - offrant la capacité de production d’énergie, la rentabilité et la flexibilité nécessaires pour dessaler efficacement l’eau de mer.
William DeOreo a évoqué le potentiel prometteur du dessalement de l’eau à grande échelle pour résoudre l’extrême pénurie d’eau dans la région, à condition d’avoir à disposition de grandes quantités d’énergie, ce qui est tout à fait possible avec l’énergie nucléaire.
Il a parlé de son propre travail au Royaume de Jordanie, consistant à concevoir des projets pour dessaler l’eau de mer du golfe d’Aqaba et l’acheminer vers le nord. Il s’est dit frustré qu’on lui demande de concevoir des solutions d’approvisionnement en eau qui n’aboutiraient qu’à l’austérité dans ce domaine pour la population.
« Non, non et non !« a-t-il répondu. »Ce qu’il faut faire, en réalité, c’est augmenter l’approvisionnement, fournir à la Jordanie l’eau dont elle a besoin pour en faire une société moderne. »
Tous les participants ont convenu qu’il ne fallait pas laisser ces problèmes devenir les germes de conflits actuels et futurs. L’événement s’est achevé par une discussion honnête sur la question suivante : « Où allons-nous maintenant ? Comment mettre en œuvre ces idées ? »
M. Ross reprit cette idée en rappelant combien de gens, dans le monde entier, exigent un cessez-le-feu, une aide humanitaire et des solutions fondamentales. La mesure cruciale du succès consistera à faire en sorte qu’ils soient de plus en plus nombreux à dire : nous avons besoin du Plan Oasis ! Pourquoi nous battons-nous ? C’est là que se trouve l’avenir de la région ! En imposant de plus en plus cette discussion dans le débat public, en amenant ce type d’orientation future, on peut modifier radicalement le terrain politique, rendant possibles des résolutions autrement impossibles.
Kevin Gribbroek et Michael Billington ont contribué à cet article.
Lyndon LaRouche le 2 juin 2002 au Centre Zayed d’Abu Dhabi, EAU (publié par Executive Intelligence Review, Vol. 29, No. 23).
Le monde est arrivé à un carrefour de l’histoire moderne. S’il devait continuer sur la voie actuellement choisie par mon gouvernement et certains autres, la civilisation serait plongée, pour au moins une génération, dans un âge des ténèbres planétaire, comparable à la grande peste qui a frappé l’Europe au milieu du XIVe siècle. On ne peut pas prétendre que le danger n’existe pas, mais nous devons nous engager dans cette alternative pleine d’espoir que les gouvernements avisés préféreront adopter. C’est pourquoi je parlerai avec franchise, mais aussi avec optimisme, d’un deuxième carrefour, le Moyen-Orient.... Aussi loin que remonte l’histoire connue de la civilisation, bien avant la découverte du pétrole, le Moyen-Orient fut le carrefour stratégique de l’Eurasie et de l’Afrique réunies, et il l’est encore aujourd’hui. Avec ou sans pétrole, l’importance stratégique historique du Moyen-Orient est un fait (…) Compte tenu de la situation désespérée dans laquelle se trouve le monde, nous ne pouvons pas être naïfs au point de supposer que des puissances, qui peuvent être grandes ou même simplement importantes, vont réagir de manière sensée aux faits stratégiques touchant à cette situation....
Faisons un gros plan, comme depuis une station spatiale en orbite, sur l’écologie passée et présente de cette région de la biosphère mondiale. Dans notre imagination, observons le processus historique à long terme de la fonte du grand glacier eurasien, il y a environ 19 000 ans, lorsque le niveau des océans était inférieur d’environ 122 mètres (400 pieds) à celui d’aujourd’hui. Observez l’évolution de la région méditerranéenne au cours des millénaires suivants, puis la phase ultérieure de grande désertification des régions, autrefois riches, du Sahara, du Golfe et de l’Asie centrale. Ce panorama du temps écoulé nous rappelle fort à propos un fait que nous connaissons déjà : le facteur économique stratégique le plus important dans l’ensemble de la région du Moyen-Orient aujourd’hui n’est pas le pétrole, mais l’eau douce…