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Le « Great reset » de l’OTAN

13 avril 2022

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré dans une interview au quotidien britannique The Telegraph que l’OTAN se prépare à rendre permanent son déploiement à l’Est, ou, plus précisément, à un « renforcement » destiné à se transformer en une « réinitialisation » fondamentale de l’alliance. Cette remise à zéro, dit-il, doit s’accompagner d’une augmentation des dépenses de défense nationale pour chacun des membres de l’OTAN, dont beaucoup sont encore sous le seuil minimal fixé par l’alliance, à savoir 2 % des dépenses en pourcentage de leur PIB. « La ligne directrice de 2 % est une ligne directrice minimale et, bien entendu, j’accueille favorablement toute augmentation des dépenses de défense de tous les alliés - ainsi que, bien sûr, des alliés qui dépensent déjà plus de 2 %, comme le Royaume-Uni », a déclaré M. Stoltenberg. « Mais bien sûr, mon objectif principal est de veiller à ce que ceux qui sont en dessous de 2% respectent cette ligne directrice minimale. »

Après avoir repris la ligne habituelle sur la « légitime défense » de l’Ukraine et fait l’éloge du rôle britannique dans ce domaine, il a poursuivi : « Ce que nous voyons maintenant est une nouvelle réalité, une nouvelle normalité pour la sécurité européenne. C’est pourquoi nous avons demandé à nos commandants militaires de proposer des options pour ce que nous appelons une réinitialisation, une adaptation de l’OTAN à plus long terme. Je m’attends à ce que les dirigeants de l’OTAN prennent des décisions à ce sujet lorsqu’ils se réuniront à Madrid lors du sommet de l’OTAN en juin. » L’OTAN, dit-il, est « au milieu d’une transformation fondamentale » qui reflétera « les conséquences à long terme » des actions de Poutine. « Peu importe quand, comment, la guerre en Ukraine se termine, la guerre a déjà eu des conséquences à long terme pour notre sécurité. L’OTAN doit s’adapter à cette nouvelle réalité. Et c’est exactement ce que nous faisons ».

Selon les plans élaborés par les commandants militaires de l’OTAN, le déploiement de l’OTAN à l’est se fera sur le scénario d’une force majeure censée être capable d’affronter une armée envahissante. « Puisque nous avons mis en œuvre tant de mesures immédiates, nous avons maintenant le temps, jusqu’au sommet, de prendre des décisions à plus long terme », a déclaré Stoltenberg. « Cela fait partie de la réinitialisation que nous devons faire, qui consiste à passer d’une dissuasion par fil-piège à quelque chose qui relève davantage de la dissuasion par déni ou de la défense. Ce processus est déjà en cours. Nous devons nous assurer que nous continuons à être capables, dans un monde plus dangereux, de protéger et de défendre tous les alliés de l’OTAN. »

Stoltenberg prévoit également d’inscrire pour la première fois la menace croissante de la Chine dans le « concept stratégique » de l’OTAN, son document stratégique officiel. « Parce que la montée en puissance de la Chine, le changement de l’équilibre mondial des forces, a des conséquences directes pour l’OTAN. » Pékin, explique Stoltenberg, « a le deuxième plus gros budget de défense du monde » et investit massivement dans « de nouvelles capacités nucléaires modernes, des missiles à longue portée qui peuvent atteindre tout le territoire de l’OTAN. » Il poursuit : « Il est également préoccupant de constater que la Russie et la Chine travaillent de plus en plus étroitement ensemble. C’est quelque chose qui compte pour notre sécurité. » En d’autres termes, au sommet de Madrid, il ne s’agira plus d’une alliance nord-atlantique mais d’une vision impériale à l’échelle planétaire.
Entre-temps, la Suède et la Finlande se prépareraient à demander officiellement leur adhésion à l’OTAN dès cet été. Selon le Times of London, la Finlande devrait demander à rejoindre l’alliance en juin, suivie par la Suède voisine, malgré les avertissements de la Russie selon lesquels l’adhésion conduirait à « la destruction de leur pays ». Cette décision intervient après que le Premier ministre finlandais, Sanna Marin, a déclaré qu’il était temps pour le pays de reconsidérer sa position vis-à-vis de l’OTAN, tandis que la dirigeante suédoise, Magdalena Andersson, a refusé d’exclure une candidature. La Suède procède actuellement à un réexamen de sa sécurité, qui devrait s’achever à la fin du mois, à l’instar du calendrier de la Finlande, rapporte le Times.


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