« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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12 juin 2017
Suite au Forum pour l’Initiative une Ceinture, une Route (FCR) historique de Beijing, le Forum économique de Saint-Pétersbourg (SPIEF), qui s’est déroulé du 1er au 3 juin, a fourni une nouvelle occasion pour discuter de l’avenir des relations économiques mondiales. L’édition de cette année a été la plus réussie du point de vue du nombre de participants, avec plus de 12 000 au total, et du nombre de fonds souverains. Les Etats-Unis ont envoyé la plus importante délégation avec plus de 350 personnes.
L’échec des « monopolistes »
Le président russe Vladimir Poutine a fait remarquer dans ses propos que la politique d’endiguement de la Russie, poursuivie en particulier par l’ancien président Barack Obama, avait échoué, et qu’il en va de même pour les sanctions. Aujourd’hui, les relations américano-russes sont « à leur plus bas historique depuis la Guerre froide », à cause de l’obstruction menée par ceux qu’il a appelés les « monopolistes », qui refusent de reconnaître l’« émergence d’un monde multipolaire ». La campagne russophobe menée dans certains pays, a-t-il déclaré, « dépasse toutes les limites ». Lors d’un échange avec des journalistes occidentaux, Poutine a souligné que cette campagne, conjuguée à l’installation en masse d’armes le long des frontières russes, est une menace à la paix mondiale, dans laquelle les médias occidentaux sont complices en raison de leur mutisme sur le sujet.
Pour ce qui concerne les sanctions, nombre de participants américains et européens ont reconnu que ces dernières se sont avérées non seulement inefficaces d’un point du vue politique, mais aussi punitives pour les économies occidentales.
Les perspectives du développement eurasiatique
Invoquant les progrès accomplis lors du FCR, Poutine a annoncé sa volonté d’intensifier la coopération et la coordination avec la Chine autour des projets de la Nouvelle Route de la soie, en s’appuyant sur des institutions auxquelles appartient son pays, telles que l’Union économique eurasiatique et l’Organisation de coopération de Shanghai. Pour le Président russe, la Chine est « l’une des plus grandes économies du monde, avec un potentiel colossal », et le développement d’infrastructures ferroviaires, routières et maritimes le long de la Nouvelle Route de la soie revêt « une importance véritablement mondiale ».
Du côté russe, deux grandes zones de développement conjoint ont été présentées au SPIEF : la région arctique entourant la péninsule de Jamal, et l’extrême orient avec ses couloirs de développement Primorié 1 et 2. Des accords ont été par ailleurs signés entre le Japon et la Russie pour le développement conjoint des Iles Kouriles à partir de 2018.
Le SPIEF a également permis d’inclure dans la perspective du développement eurasiatique l’Inde, qui s’est montrée jusqu’ici réservée à l’égard de l’ICR. Les rencontres entre Poutine et le Premier Ministre Narendra Modi en marge du Forum ont conduit à de nombreux accords portant sur l’infrastructure ferroviaire en Inde, sur l’engagement russe à construire 12 nouveaux réacteurs nucléaires, ainsi que sur la vente d’équipements militaires russes. La Russie promeut activement l’adhésion à part entière de l’Inde, ainsi que celle du Pakistan, à l’Organisation de coopération de Shanghai, qui tient son sommet les 8 et 9 juin à Astana, Kazakhstan.