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La solution pour la Grèce et l’Europe : rejoindre les BRICS

21 février 2015

Alors que les médias regorgent de commentaires sur un possible « GREXIT » (sortie de la Grèce de la zone euro), la véritable option qui s’impose, comme l’a fait remarquer un observateur grec, est celle d’un BRICSIT (adhésion de la Grèce et de toute l’Europe à la dynamique des BRICS). Le gouvernement grec doit être un pont entre l’Europe et les BRICS, a-t-il ajouté.

En appelant à un « plan B » (B pour BRICS) le 10 février, le ministre de la Défense Panos Kammenos a déclaré que «  s’il n’y a aucune entente et que nous voyons que l’Allemagne campe sur ses positions et souhaite faire exploser l’Europe, alors nous serons obligés d’avoir recours au plan B. Le plan B consiste à obtenir du financement auprès d’une autre source. » Dans ce contexte, Kammenos a dit avoir « d’excellentes relations avec la Russie ». Les Russes, a-t-il déclaré, envisagent de lever l’embargo sur les produits grecs, et la Grèce veut coopérer dans la construction du gazoduc russe.

Dans un entretien accordé au Spiegel, le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Kotzias a souligné l’importance stratégique de la Grèce pour la stabilité de l’Europe. Elle se situe au centre d’un triangle formé par l’Ukraine au nord, la Libye à l’ouest et le Moyen-Orient à l’Est, «  à une distance de seulement 300 kilomètres de chez nous. Toutes ces régions sont déstabilisées. » Si la Grèce aussi devait être déstabilisée, ceci créerait un immense arc pouvant provoquer la migration de millions de gens vers l’Europe.

A l’issue de sa rencontre avec son homologue Sergueï Lavrov le 11 février à Moscou, Kotzias a souligné que la Grèce expliquerait à ses partenaires européens que tous les problèmes doivent être résolus par des moyens diplomatiques et la négociation. Lavrov a pour sa part déclaré que la Russie examinerait toute demande que la Grèce pourrait lui soumettre.

Il faut souligner, dans ce contexte, que le Premier ministre Alexis Tsipras sera en Russie en mai prochain, invité par le président Poutine à assister aux célébrations de la victoire sur le nazisme.

Par ailleurs, le 11 février, le jour où l’Eurogroupe s’est ligué contre la délégation grecque à Bruxelles, le Premier ministre chinois Li Keqiang téléphonait à son homologue grec pour le féliciter de sa prise de fonctions officielle. Ils ont évoqué le rôle de la société de transport maritime chinoise COSCO et du contrat de location du terminal de traitement des containers du Port de Pirée, qui pourrait servir de passerelle importante pour l’acheminement rapide de marchandises entre la Chine et l’Europe, et accroître de manière significative la connectivité de l’Eurasie.

Le ministre de la Reconstruction productive, de l’environnement et de l’énergie Panagiotis Lafazanis se rendra ce mois-ci en Chine, à la tête d’une délégation grecque. Lafazanis est connu à Bruxelles comme le loup blanc, en raison de sa volonté exprimée de réviser, et si nécessaire d’annuler toutes les privatisations du gouvernement précédent dans les secteurs de l’énergie et des transports.

Rappelons que depuis le sommet historique à Fortaleza, en juillet dernier, l’approche « gagnant-gagnant » prônée par les BRICS s’est traduite par des dizaines d’accords de coopération, alors que la concrétisation de la solidarité prétendument portée par l’UE se fait toujours attendre.

​L’exemple de l’Argentine est également très révélateur. Sans ce type de partenariat ​avec les BRICS ​et sans le soutien financier de la Chine, l’Argentine n’aurait sans doute pas pu résister à l’attaque des fonds vautours en 2013, ces fonds spéculatifs qui, avec l’aval de la justice américaine et d’Obama, exigent le remboursement à 100 % de sa dette, alors qu’ils l’avaient achetée à quelques pour-cents de sa valeur initiale.

Le gouvernement grec sait donc qu’il existe une alternative, et aussi que cette alternative ne peut être que collective. Comme l’​a ​clairement exprimé le ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis, à la TV italienne RAI3 le 8 février, soulignant que le problème de la dette grecque ne pourrait être résolu qu’en mettant fin aux politiques d’austérité dans l’ensemble de la zone euro. C’est pourquoi il propose une conférence sur la dette pour tous les pays européens, ainsi qu’un New Deal pour l’Europe, financé par la Banque d’investissement européenne en décuplant ses fonds.

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