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La politique du « bail-in » accélère la désintégration du système

18 janvier 2016

La désintégration du système financier, provoquée par l’éclatement des bulles spéculatives sur les matières premières et le pétrole, et aggravée depuis le 1er janvier par l’entrée en vigueur du régime du « renflouement interne » dans l’UE, s’est accélérée dès les premiers jours de 2016. Suite à la panique provoquée par le « bail-in », sans foi ni loi, des détenteurs d’obligations de la Novo Banco, ordonné par la Banque centrale du Portugal, le marché des obligations se trouve quasiment paralysé.

La comparaison avec les années précédentes est assez révélatrice : pendant la première semaine de l’année 2015, les banques avaient levé 16,5 milliards de dollars de fonds en diverses devises, et presque 18 milliards durant la même période en 2014. Mais cette année pour la même période et pour la première fois depuis 2008, ce chiffre est nul.

Les obligations bancaires ont toutes, des plus sûres aux plus risquées, perdu en valeur. Santander UK Group Holdings Plc est l’une des banques qui, faute d’acheteurs ou sinon à un prix trop bas, a dû la semaine dernière retirer de la vente ses obligations. Le marché des obligations sera encore plus affaibli par les efforts que font les banques pour vendre leurs « bail-in bonds », les obligations censées être saisies en cas de crise.

Un trader cité par Reuters commentait que :
Ce qui est arrivé à Novo Banco devrait rappeler aux investisseurs que les régulateurs agiront en fonction de leurs intérêts en période d’adversité.
Autrement dit, les règles sont faites pour être transgressées.

L’économiste Paolo Savona, ancien directeur pendant des années du Fonds interbancaire de garantie des dépôts italien (FITD), a dénoncé dans une série d’articles la nature extrajudiciaire de la nouvelle régulation sur le renflouement interne. Dans le quotidien Milano Finanza du 5 janvier, il expliquait que :
La directive sur la résolution de crises bancaires possède les caractéristiques typiques des traités et règlements européens, qui prévoient tout sauf les éventualités vraiment importantes en cas de crise majeure. Quand elle éclate, on commence à discuter, avec les dégâts engendrés par le retard dans les décisions et la pagaille des compromis intergouvernementaux.

Pour Savona, la définition de ce qui constitue un « dépôt garanti » est « imprécise, sujette à des manipulations et des fraudes. ». Elle ne correspond pas à la réelle capacité d’intervention qu’ont les banques. « Le fonds censé être créé est insuffisant par rapport aux risques ; de plus, une fois épuisé, sa reconstitution devient un puits sans fond. »

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