« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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Visio-conférence internationale 25-26 avril 2020
Session 4
5 mai 2020
discours de Daisuke Kotegawa, directeur de recherche au Canon Institute, ancien fonctionnaire du ministère des Finances du Japon, ancien directeur exécutif du Japon FMI
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L’absence de réponse à la cause de l’effondrement financier de 2008 a provoqué un effondrement de la santé publique. Cette tragédie causée par le Covid-19, en particulier en Italie et en Espagne, trouve son origine dans l’échec de la politique mise en place après le choc Lehman Brothers de 2008 dans les pays occidentaux. Afin d’améliorer l’économie et de sauver les banques d’affaires après ce choc, les banques centrales mirent à la disposition des marchés de grandes quantités d’argent, mais sans parvenir à stimuler l’économie en raison du manque de demande réelle. En conséquence, on se retrouva avec une énorme quantité de liquidités excédentaires sur le marché.
Les banques d’investissement, principalement britanniques et américaines, et les fonds spéculatifs qu’elles soutiennent, s’attaquèrent aux pays européens qui affichaient des déficits budgétaires, tels que la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne, l’Italie, dans le but d’obtenir des rendements élevés dans un court laps de temps, pour échapper au risque d’insolvabilité. Ces attaques déclenchèrent la politique austéritaire de l’UE, axée entre autres sur la réduction des dépenses de santé, qui se traduisit par une diminution du nombre de lits d’hôpitaux. Ce qui s’est passé, c’est le sauvetage des banquiers qui avaient joué sur le marché, au détriment du système de santé des peuples.
Le monde a été gouverné et déstabilisé par les spéculateurs des banques d’investissement, en particulier après l’abrogation complète par Larry Summers, en 1999, du Glass-Steagall Act, qui séparait les banques d’investissement des banques commerciales. Les banquiers d’affaires ont privatisé les profits, nationalisé les pertes et socialisé les risques. Rappelons qu’il est essentiel que le gouvernement protège les dépôts des déposants honnêtes dans les banques commerciales. Il n’a pas à protéger les spéculateurs dans les banques d’investissement, mais si elles sont légalement liées aux banques commerciales dans une structure commune, le gouvernement se retrouve dans l’impossibilité de laisser tomber les banques d’investissement. Le système bancaire commercial doit être protégé, c’est pourquoi les banquiers d’affaires doivent être poursuivis pour leurs activités illicites et expulsés du secteur financier.
Lors de la crise asiatique de la fin des années 1990, les banquiers et les fonctionnaires des différents gouvernements, dont la responsabilité avait été démontrée, furent poursuivis en justice. Cela permit d’instaurer un système bancaire sain en Asie. Cela ne fut pas le cas aux États-Unis et en Europe : dans ce cas, les contribuables en furent les victimes. L’argent des impôts fut utilisé pour sauver les banquiers et les grandes entreprises telles que General Motors, tandis que les travailleurs étaient licenciés. Or, aujourd’hui, avec l’offensive de la pandémie, les travailleurs subissent les conséquences de la dégradation des systèmes de santé, résultat de l’austérité imposée pour sauver les grandes banques.
Je vous remercie.