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La Terre s’éclipse, Chang’e 4 se pose sur la Lune

10 janvier 2019

Avec la réussite de la mission Chang’e 4, la Chine se joint aux puissances capables de relever le défi de l’exploration spatiale. Les perspectives offertes par le travail du rover Yutu 2 sont fascinantes à bien des égards.

L’alunissage de la sonde chinoise Chang’e 4 sur la face cachée de la Lune a suscité l’enthousiasme dans le monde entier. Jusqu’à présent, la face cachée de notre satellite, jamais visible depuis la Terre, n’avait été étudiée qu’à partir de vols orbitaux, habités comme avec Apollo,ou non.

Cette face est bien distincte de l’hémisphère visible depuis la Terre. Il reste cependant à comprendre pourquoi. La face cachée est caractérisée par des cratères, avec de nombreux autres petits cratères à l’intérieur, contrairement à la face visible, constituée pour l’essentiel de plaines, ou de maria, ces mers de lave volcanique. Chang’e 4 se situe maintenant dans le cratère Von Karman, dans le bassin Aitkin au Pôle Sud, qui est immense. Selon des mesures antérieures, il pourrait y avoir de vastes réserves d’eau glacée, vitale pour la vie humaine.

Les scientifiques espèrent que cette mission permettra de mieux comprendre l’origine de la Lune. Si des échantillons de la face visible indiquent une composition de la Lune très similaire à celle de la Terre, elle n’est toutefois pas exactement la même. Le rover est équipé d’un spectromètre imageur, qui fournira une analyse de la composition de la surface lunaire. Il est également équipé d’un radar permettant de pénétrer la surface, qui produira une image des couches de la Lune, révélant l’histoire et la géologie sous la surface.

Le rover Yutu 2 effectue ses premiers tours de roue sur la Lune
Rover Yutu 2
Xinhuanet.com

En 2015, alors que la mission Chang’e 4 était en cours de développement, la Chine a invité d’autres pays à contribuer aux expériences. Le détecteur d’atome neutre fourni par la Suède étudie l’interaction entre les vents solaires, les particules et le sol lunaires. Quant au détecteur allemand de neutrons et d’irradiation de la surface lunaire, il procédera à des mesures importantes de l’environnement radioactif à proximité du site d’alunissage. Les pôles de la Lune sont l’endroit idéal pour installer des bases lunaires, le seul risque potentiel venant des irradiations.

D’autre part, la mission apportera une troisième contribution scientifique, majeure, du fait que face cachée de la Lune n’est pas polluée par le bruit électromagnétique naturel et artificiel de la Terre. Grâce à cette protection, elle constitue donc un site parfait pour la radioastronomie. D’ores et déjà, un détecteur de basses fréquences radio (réalisé conjointement avec une équipe néerlandaise) permettant de capter les signaux de l’univers primitif, a été installé à bord du satellite relais lancé en mai dernier pour permettre la communication entre l’engin spatial et la Terre.

Enfin, des êtres vivants sont aussi de la partie. Le rover apporte avec lui un conteneur rempli de graines et d’œufs de ver à soie. L’objectif consiste à créer une mini-biosphère dans laquelle les plantes, en se développant, produiront l’oxygène consommé par les vers à soie tandis que les vers à soie généreront le dioxyde de carbone nécessaire pour les plantes. Cette expérience est le fruit d’une collaboration entre 28 universités chinoises.


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