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La Chine promeut la « Route de la Soie », le « pivot asiatique » d’Obama mis à mal

17 octobre 2013

Le fait que Barack Obama a jugé plus important de rester à Washington pour négocier le plafond de la dette avec les grands banquiers et les élus qui suivent leurs ordres, au lieu d’assister à d’importants sommets prévus depuis longtemps en Asie, a convaincu le monde que son « pivot asiatique » avait avant tout pour objet de confronter la Chine, en termes économique et stratégique.

Est-ce pour cela que le président américain a annulé sa participation à la conférence de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC) à Bali du 5 au 7 octobre, puis au Sommet de l’Asie orientale (EAS) et à celui des pays du sud-est asiatique (ASEAN) les 9 et 10 octobre ?

Les Chinois étaient très actifs à ces conférences et même avant. Comme le savent nos lecteurs, un objectif prioritaire du président chinois Xi Jinping est de faire revivre les anciennes « routes de la soie » pour le développement économique et la coopération dans toute la région. Il en avait fait un thème prioritaire pour l’Asie centrale lors de la réunion de l’Organisation de coopération de Shanghai à la mi-septembre au Tadjikistan.

Puis, devant le Parlement indonésien le 3 octobre, Xi a appelé à la création d’une nouvelle « Route de la soie maritime du XXIème siècle » pour l’Asie orientale et du sud-est. Il a proposé la création d’une banque d’investissement dans l’infrastructure donnant la priorité aux besoins des pays membres de l’ASEAN, notamment au niveau du transport. En novembre 2011, le gouvernement chinois avait déjà mis en place le Fonds Chine-ASEAN de coopération maritime.

Ces initiatives sont d’autant plus importantes dans la mesure où elles ont lieu de le contexte des nombreux efforts menés par l’Administration Obama ces dernières années pour bâtir une alliance militaire en Asie, dont un système de défense antimissiles, pour endiguer la Chine. Jusqu’à présent, le soutien a été plutôt tiède, exception faite du Japon, de Singapour, des Philippines et, bien entendu, de l’Australie.

Le président Xi s’est également rendu en Malaysie où il a rencontré le premier ministre Najib Tun Razak et l’ancien premier ministre Mahathir Mohamad, où ils ont élevé les relations bilatérales au niveau d’Alliance stratégique compréhensive. Le Dr. Mahathir, qui est célèbre pour avoir fermement résisté au FMI et qui connaît bien les idées du mouvement larouchiste, n’a pas perdu son esprit combatif. C’est lui qui a dirigé l’opposition au Partenariat transpacifique poussé par la Maison Blanche.

Lors des sommets en Asie, le président Obama devait employer toutes les qualités sophistes qu’on lui connaît pour convaincre les autres pays de créer cette immense zone de libre-échange. Son absence lui a peut-être donné le coup de grâce. En effet, après la réunion à Bali des douze pays impliqués dans la création du TPP, Najib Razak a laissé entendre au New Straits Times que l’opposition était forte dans presque tous les pays. « Nous ne respecterons pas aveuglement, a-t-il dit, les exigences d’autres pays », s’entend les Etats-Unis.

Par ailleurs, le Vietnam a fait savoir qu’il n’accepterait pas l’interdiction d’importer des matières premières de Chine pour des produits destinés au marché américain. Le Japon pourra difficilement supprimer les subventions à l’agriculture et à d’autres secteurs, et la Malaysie n’abandonnera pas les industries nationalisées et le soutien public aux entreprises nationales.

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