« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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C’est dans une salle comble que douze intervenants, dont sept experts issus de laboratoires de réflexion et d’associations publiques et privées, ont pris la parole le 9 janvier devant un public passionné, comprenant des représentants d’ambassades de pays d’Asie centrale, d’Afrique et d’Amérique du sud. Tour à tour, tous ont montré comment l’eau, trop souvent instrumentalisée dans de nombreux conflits, est par excellence l’un des principaux vecteurs d’une politique de paix et de développement mutuel.
En effet, la situation particulièrement grave que connaît le monde aujourd’hui (à commencer par l’Ukraine et le Proche-Orient), où l’on ne peut exclure les risques d’une dérive vers une guerre mondiale, fait de la paix le sujet qui doit être au centre de toutes les préoccupations.
La conférence de l’Institut Schiller se situait dans cette perspective, en rappelant que, pour quiconque entend œuvrer sérieusement pour la paix, l’eau en est un levier majeur. Pour autant, elle ne deviendra instrument de paix que si l’on cesse de la considérer comme une ressource rare, allouée en fonction de critères nécessairement arbitraires.
Tel était donc l’objectif : apporter une vision positive sur un sujet qui se présente comme un concentré d’enjeux vitaux. Surtout, rassurer les gens : non, il n’est pas nécessaire de s’adapter à une supposée rareté ; oui, il est urgent de tout mettre en œuvre pour construire, partout où elles manquent, les infrastructures adéquates. Répétons-le : l’accès à l’eau, autant qu’à l’énergie ou à la nourriture, est une question éminemment stratégique ; sa dimension technique, pour importante qu’elle soit, n’est en définitive que secondaire.
Il était toutefois indispensable de replacer cet enjeu dans le contexte très concret que nous impose l’actualité tragique de la situation au Proche-Orient, tout en sachant que même si les causes de l’horreur qui se déroule sous nos yeux ne peuvent se ramener au seul problème de l’eau, il est indéniable qu’il y joue un rôle déterminant.
L’Asie du Sud-Ouest est l’une des régions du monde qui illustre combien les conditions naturelles peuvent poser des défis considérables, mais elle donne aussi l’exemple des catastrophes que peuvent entraîner l’incapacité d’agir ou le manque de volonté. C’est ce qu’a montré le premier exposé de la session sur le Moyen-Orient, en soulignant le rôle crucial que l’économiste américain Lyndon LaRouche (1922-2019) attribuait à l’eau dans tout processus authentique de paix, lorsqu’il présenta, dès 1975, son « Plan Oasis pour l’Asie du Sud-Ouest ». Il s’agissait de conjurer le danger de guerre que le manque d’eau ne pouvait qu’attiser dans un Orient déjà en proie à de sanglants conflits.
D’ailleurs, n’y a-t-il pas un certain paradoxe à ce que cette région du monde connue sous le beau nom de « Croissant fertile » soit aujourd’hui emblématique de sécheresse systémique ? Bien sûr, la géographie et les évolutions climatiques y ont joué un rôle déterminant. Pour autant, il est utile de se demander comment des sociétés anciennes, ne disposant que de moyens techniques rudimentaires, ont réussi à transformer des zones désertiques en jardins producteurs de fruits et légumes, comment nos ancêtres ont-ils su mettre l’eau au service de tous, comment des civilisations anciennes ont-elles réussi à développer des systèmes d’adduction de l’eau particulièrement performants ?
L’enjeu de l’eau se décline aussi sous l’angle de son transport et de son stockage. Les canaux ont depuis des temps immémoriaux façonné la géographie physique et économique de nos pays. Plus récemment, les barrages ont complété l’éventail des infrastructures hydrauliques sans lesquelles aucune civilisation ne peut s’épanouir. Là encore, la question de la volonté politique est absolument cruciale, comme l’illustre le cas, en Chine, du barrage des Trois Gorges, un projet ambitieux d’une réalisation difficile, se heurtant à de fortes résistances et critiques, mais qui s’avère aujourd’hui d’une telle importance que les autorités envisagent d’élargir les sas du gigantesque escalier d’écluses permettant le transit des navires.
Les barrages comme les canaux figurent, bien à tort, parmi les infrastructures décriées par les écologistes radicaux. Mais il faut savoir reconnaître que certaines infrastructures, si elles sont construites sans les penser dès le départ en relation vivante avec leur environnement, peuvent créer des problèmes qu’il faut ensuite corriger, comme dans le cas du nouveau tracé du Rhin qu’avait réalisé l’ingénieur allemand Johann Gottfried Tulla.
En réalité, les technologies modernes dont nous disposons désormais nous permettent non seulement de faire des miracles mais aussi d’agir positivement sur l’environnement. Le cas du Xinjiang, une région particulièrement concernée par le manque d’eau et qui est aujourd’hui productrice de fruits et légumes gourmands en eau, en est un exemple éclatant. L’immense potentiel que représente la mise en valeur des terres par l’utilisation intelligente de l’eau, est porteur d’un optimisme qui renvoie l’éco-anxiété au rayon des peurs infantiles.
La deuxième session a présenté d’autres exemples concrets de projets : l’un en Afrique, l’autre en Afghanistan, deux régions bien différentes. Dans l’Afrique du Rift albertin, qui dispose d’eau douce en abondance, l’enjeu est celui de l’interconnexion des Grands Lacs. En Afghanistan, où le manque d’eau est endémique, le creusement du canal Qosh Tepa, dans un contexte politique difficile, apparaît comme la clef de la stabilisation et du développement de ce pays. Ce projet met cruellement en relief la différence entre l’Afghanistan et les pays du Croissant fertile. Dans le premier cas, en dépit de l’hostilité de la « communauté internationale », un accord politique a pu se faire autour de ce projet vital. Dans le second, la situation de guerre quasi permanente, entretenue par la même « communauté internationale », éloigne chaque jour toute perspective réelle de solution.
Dernier point à être abordé, et non des moindres : la dimension civilisationnelle de l’eau vient de ce qu’elle est intimement liée à la capacité d’accueil de nos sociétés, elle-même étroitement corrélée à la densité de flux énergétique dont dispose ladite société : c’est le principe, introduit par Lyndon LaRouche, du « potentiel de densité démographique relative ». Mais ne faudrait-il pas y ajouter l’eau ? Si l’accroissement de la consommation d’énergie (et une énergie plus dense) par individu est le marqueur d’une société plus développée, plus instruite et plus moderne, qu’en est-il de l’eau ?
A cette simple question, des voix s’élèveront sans doute pour prêcher l’adaptation à la « rareté », une rareté toute relative puisque l’eau est une ressource renouvelable, le principal problème étant l’inégalité de sa répartition à la surface de la Terre. Sans oublier l’état des connaissances les plus avancées, qui, grâce aux technologies de pointe, nous ont révélé la présence d’eau douce souterraine dans des proportions dépassant de loin les quantités recensées en surface.
Cette découverte, largement inconnue du grand public, change entièrement la donne et renvoie à l’enjeu politique et culturel. Certaines puissances chercheront-elles à instrumentaliser l’eau (par exemple en la privatisant), pour en faire une arme de domination idéale, ou, à l’inverse, parviendrons-nous à établir une entente, au nom de l’intérêt général, pour faire de l’eau l’instrument de paix privilégié pour le monde, car rien ne s’y oppose, nonobstant les authentiques défis techniques à relever ?
PREMIERE SESSION
• Mot de bienvenue du président Yves Paumier, président de l’Institut Schiller France
Si l’actualité, avec les inondations dans le Nord/Pas-de-Calais, souligne la nécessité de bien gérer une ressource qui peut faire des dégâts, il n’empêche que « l’eau, c’est la vie », a rappelé le président de l’Institut Schiller en France. Dans son allocution de bienvenue, Yves Paumier a rappelé que 63 % du corps humain est constitué d’eau, que chaque Français utilise chaque jour l’équivalent de deux fois son poids en eau et que l’Etat lui consacre 3,7 % de son budget national. « Si les projets de développement de l’eau et de l’électricité sont le plus court chemin vers la paix, leur absence a également entraîné la mort de nombreux empires, tels les Khmers, les Mayas ou les jardins de Babylone. » • Le Plan Oasis, clef d’une future paix israélo-palestinienne Odile Mojon, rédactrice-en-chef du site internet de l’Institut Schiller, responsable Moyen-Orient, Odile Mojon ouvrit la session en abordant le thème central du séminaire, « L’eau, enjeu majeur de la paix ».
Aujourd’hui, un tiers de la population mondiale souffre d’une réduction drastique des ressources en eau, et selon les institutions internationales chargées de la sécurité, bien plus que le pétrole, « l’eau est devenue la première source de conflit dans le monde ».
Avec le conflit israélo-palestinien, le Proche et le Moyen-Orient sont au cœur de ces risques. Mme Mojon rappela d’ailleurs qu’en 1992, Yitzhak Rabin affirmait déjà : « Si nous réglons tous nos problèmes au Proche-Orient, mais pas le partage de l’eau, notre région va exploser. » C’est en parvenant au même constat qu’en 1975, suite à des entretiens avec les dirigeants du parti Baas irakien et du parti travailliste israélien, l’économiste américain Lyndon LaRouche avait proposé son « Plan Oasis pour la paix et le développement du Moyen-Orient ». Mais à l’instar d’autres propositions s’inscrivant dans la même perspective, ce plan fut bloqué côté israélien et l’on ne sait que trop bien ce qu’il advint de Yitzak Rabin, assassiné après avoir signé les accords d’Oslo, puis de l’éviction de Shimon Peres et de la diabolisation de Yasser Arafat.
Le plan Oasis de M. LaRouche comprenait trois axes majeurs : 1) la renonciation d’Israël à son contrôle exclusif sur les ressources en eau ; 2) le développement économique de la bande de Gaza ; 3) la construction des canaux golfe d’Aqaba-mer Morte et mer Morte-Méditerranée, allant au-delà du plan Peres qui combinait canaux et tunnels pour acheminer l’eau à travers les chaînes de montagnes, de la mer Rouge à la mer Morte.
Lyndon LaRouche proposa notamment d’utiliser l’énergie nucléaire pour produire l’électricité nécessaire au développement économique et dessaler l’eau de mer afin d’obtenir de l’eau potable en quantité nécessaire.
Pour lui, il ne s’agissait pas d’une proposition d’« experts » tombant d’en haut, mais de l’illustration de ce qu’on peut faire avec les technologies existantes, si la paix par le développement mutuel est bien l’objectif à atteindre. Il considérait que les négociations politiques ne pouvaient aboutir qu’en adoptant cette dynamique, opposée par principe aux considérations géopolitiques et aux préjugés religieux dominants.
Aujourd’hui plus que jamais, cette vision est indispensable pour réorienter le système financier et monétaire dominant, incapable d’assurer le développement mutuel, vers une économie physique produisant les ressources de la paix, notamment par la création de ressources en eau et leur gestion équilibrée.
Le développement spectaculaire de la Chine et de l’Inde montre que tout ce qu’on met en pratique en allant dans ce sens, devient facteur de succès. Bien sûr, le Plan Oasis ne pourrait à lui seul apporter la paix au Moyen-Orient, mais elle ne sera possible qu’en s’inspirant de cette perspective.
Utopique ? Non, car si nous ne changeons pas de politique pour donner à chaque être humain les moyens d’exercer ses capacités créatrices, nous condamnons l’humanité à la guerre par la fuite en avant du désordre financier oligarchique et du réarmement permanent.
Prenant acte des tensions croissantes dans le secteur de l’eau, la conférence de l’ONU sur l’eau, en mars 2023 à New York, a appelé à une plus grande coopération entre les États. Gestion de la circulation de l’eau (rivières, canaux, etc.), gestion des nappes phréatiques et des aquifères, techniques d’irrigation, dessalement, traitement des eaux usées, exploitation des ressources glaciaires (icebergs, etc.), ensemencement des nuages : tout cela relève de l’eau, à l’échelle de la planète. C’est ce dont nous allons parler ici, sous différents aspects.
« La gestion de l’eau, comme je l’ai montré en m’appuyant sur le cas décisif du Moyen-Orient pour lancer le débat, est un enjeu politique, économique et social, et finalement vital, qui doit être géré pour le bien public et dans l’intérêt général, en reconnaissant le droit de tous les pays du monde au progrès technologique et au développement. Le Sud collectif le réclame et il appartient à nos pays européens d’y répondre et de retrouver ainsi leur raison d’être. » • La science ancestrale des oasis Karel Vereycken , journaliste, expert en géoéconomie
Reprenant les exemples de la vallée de l’Indus et des Qanats perses, Karel Vereycken présenta à l’auditoire la « science des oasis ».
C’est dans la vallée de l’Indus et dans le « Croissant fertile », allant de l’Egypte jusqu’à Sumer en passant par la Mésopotamie, que se situent les sites archéologiques témoignant d’une activité agricole. Les premières techniques d’irrigation consistaient à capter l’eau de pluie pour l’acheminer vers les terres à irriguer.
Le cas de Mehrgarh (Baloutchistan pakistanais) est particulièrement intéressant. On y a trouvé des traces, remontant à 7000 ans avant J.-C., attestant d’une agriculture déjà très avancée, avec des lacs de retenues et des canaux de drainage rudimentaires qui démontrent une compréhension des principes à mettre en œuvre. Suite à cela, toujours dans la vallée de l’Indus, ces connaissances ont permis d’ériger de grandes cités comme Harappa et surtout Mohenjo Daro, une ville de 40 000 habitants, avec en son centre, non pas un palais mais un « grand bain » public. On y a découvert pas moins de 700 puits en briques et des maisons, toutes équipées de salles d’eau et de latrines.
De nombreux bâtiments de la ville comportent au moins deux étages. L’eau descendait des citernes installées sur les toits par des tuyaux d’argile fermés qui se déversaient dans des égouts couverts situés sous la rue. Pour élever l’eau à un niveau d’où elle puisse s’écouler, l’homme inventa des machines telles que le chadouf, la roue persane puis la vis d’Archimède.
A l’époque achéménide (500 ans av. JC) apparaissent en Perse les qanats ou « galeries drainantes » souterraines, permettant d’éviter que les eaux de pluie ne se perdent dans les sables et de les acheminer là où l’on veut irriguer et habiter. Les oasis, symboles par excellence des zones désertiques, ne constituent pas un phénomène naturel. Derrière chacune d’elles, un qanat bâti par l’homme assure ce qui nous paraît magique. En Afrique du nord et en d’autres régions arides, les zones urbaines se sont étendues en suivant les qanats. Aujourd’hui encore, si l’on considère que la longueur moyenne de chaque structure est de 6 km, la longueur totale des 30 000 systèmes de qanat dans le monde est d’environ 180 000 km ! La concentration démographique et le creusement erratique de puits ont déstabilisé un système qui jusqu’à récemment, rendaient encore d’excellents services et qui se trouve désormais condamné.
Ce que nous ont appris les anciens, c’est que pour relever les défis de l’eau, seules les solutions collectives sont efficaces. Ce savoir-faire fut transmis à la civilisation minoenne en Crète, puis à la Grèce, avant d’être mis en œuvre à grande échelle par les hydrologues étrusques au service des Romains. Il tomba dans l’oubli avec l’effondrement de l’Empire romain, avant de faire son retour à la Renaissance. La gestion responsable de l’eau est donc une vieille science. Sommes-nous assez vieux pour la pratiquer et la mettre au service de tous ? • L’importance des canaux navigables Jean-Marc Deplaix, professeur en infrastructures, membre de Association mondiale pour des infrastructures de transport maritimes et fluviales (AIPCN) , expert auprès de la Commission économique et sociale de l’ONU pour l’Asie et le Pacifique (ESCAP)
Jean-Marc Deplaix a souligné l’importance des voies navigables pour le développement et la paix. « La navigation fluviale ne peut exister que si la paix règne et si un accord de paix a été signé », a-t-il rappelé, en citant l’accord signé en 1804 pour la création de la Commission centrale de la navigation sur le Rhin.
M. Deplaix a fait appel à des exemples chinois pour montrer comment les investissements massifs dans les voies navigables, notamment le barrage des Trois Gorges, ont conduit à une augmentation massive du trafic et de la croissance économique en Chine. Les investissements sont passés de 5,33 milliards de yuans en 1999 à 86,7 milliards en 2022. Dans le même temps, le trafic global est passé de 739 millions de tonnes en 1999 à 4402 millions en 2022. Et aujourd’hui, le barrage des Trois Gorges, inauguré en 2003, est tellement saturé que l’on envisage de construire d’ici 2030 de nouvelles écluses beaucoup plus grandes, doublant les capacités de ce bassin fluvial. Le bassin du Yang-Tseu représente 40 % de la population chinoise, 46 % du PIB et 50 % des exportations de la Chine !
Il a également donné l’exemple du canal Qosh-Tepa en Afghanistan. Bien que conçu pour être un canal d’irrigation, il se rapproche par sa taille d’une rivière et pourrait être navigable par des bateaux de 3000 tonnes. C’est un chantier colossal : 100 mètres de large, 8 mètres de profondeur, avec un débit nominal de 668 m3, pour ce canal de 285 km, traversant un semi-désert qu’il pourrait transformer en grenier à céréales pour l’Afghanistan ! Les 108 premiers kilomètres viennent d’être achevés. • Le défi que nous lance la nature Brice Lalonde, ancien ministre de l’Environnement, ancien sous-secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, coordonnateur exécutif de la Conférence des Nations unies sur le développement durable, président de l’EdEn
Brice Lalonde a donné un bref aperçu des défis qu’il a dû relever lorsqu’il était en fonctions. Le 1er novembre 1986, un gigantesque incendie ravage une usine chimique à Bâle, en Suisse. L’incendie est éteint mais les déchets toxiques ont contaminé toute la vallée du Rhin, tuant quasiment toute forme de vie dans le fleuve. Se pose alors la question : comment lui redonner vie ? M. Lalonde étudia alors l’histoire de la création du cours du Rhin. Avant l’intervention de l’homme, sa vallée ressemblait davantage à une succession de marécages, changeant selon les saisons et rendant la navigation presque impossible.
C’est à cette époque que l’ingénieur Johann Gottfried Tulla (1770-1828) entreprend de rectifier le cours du Rhin pour le raccourcir de 80 km, éliminant ainsi 120 km2 de terres inondables. Mais, contrairement à ses prévisions, le redressement du Rhin supérieur augmente la vitesse du courant, jusqu’à rendre certaines parties du fleuve impraticables ! Pour inverser la situation, la France, en charge du Rhin après la Première Guerre mondiale, construit le « grand canal d’Alsace », long de 50 km, parallèle au Rhin de Tulla et permettant la navigation et la production d’électricité pour les centres industriels des deux pays.
Depuis 1987, les membres de la Commission internationale pour la protection du Rhin ( Suisse, France, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas et Commission européenne) mènent une coopération fructueuse avec l’Autriche, le Liechtenstein, la Wallonie belge et l’Italie, afin d’harmoniser les divers intérêts d’utilisation et de protection dans la région du Rhin, dans l’intérêt de tous.
Les choses ne sont donc pas toujours aussi simples, les hommes peuvent faire des erreurs mais ils peuvent aussi les corriger. • Le rôle des barrages dans le développement économique Emmanuel Grenier, chargé des relations publiques et institutionnelles à la Commission internationale des grands barrages (CIGB), a évoqué le rôle économique et social crucial joué par les grands barrages dans le monde
Citons quelques domaines : assurer un approvisionnement en eau fiable pour tous, une électricité bon marché, la maîtrise des crues, le développement du tourisme et de l’aquaculture. Et, bien sûr, la santé ! Il existe un lien direct entre un approvisionnement en eau fiable, assuré par le secteur public, et la santé, comme l’illustre un graphique montrant qu’au Japon, entre 1870 et 1990, l’augmentation de la quantité d’eau fournie par les services publics a entraîné une baisse considérable du nombre de personnes souffrant de maladies infectieuses, ainsi que de la mortalité infantile. La CIGB encourage également la construction de barrages dans les pays en développement.
Que représentent les barrages dans le monde aujourd’hui ? Il existe 60 000 grands barrages et un million de petits, pour une capacité totale de 4000 km³. Fondée en 1928, la CIGB est une organisation professionnelle qui compte 106 pays membres et 10 000 membres individuels, regroupant bureaux d’études, constructeurs, exploitants, scientifiques, chercheurs, ingénieurs, universitaires, gouvernements, institutions financières et associations.
Son objectif ? Faire progresser les connaissances mondiales en matière de conception, de construction, d’exploitation et de sécurité des barrages. Le CIGB soutient, valide et diffuse les innovations dans le domaine des barrages. Elle publie des règles et des normes de construction pour s’assurer que les barrages soient construits dans le respect de la sécurité, de l’environnement et d’autres aspects sociaux et économiques. Elle est également un forum d’échange de connaissances et d’expériences, avec 26 comités techniques et 500 experts. • Les secrets de la réussite agricole du Xinjiang Bai Yungang, Expert en eau, vice-président de l’Académie des sciences de l’eau du Xinjiang, Chine.
Bai Yungang a présenté un rapport détaillé sur la manière dont la Chine a fait de l’agriculture du Xinjiang une réussite. Cette région, qui représente un sixième de la superficie de la Chine, est composée du bassin du Tarim, une région désertique endoréique (zone intérieure où l’eau ne peut s’écouler vers l’océan) qui est une zone d’« agriculture sèche » (dépendant uniquement des précipitations naturelles), sans aucune chance de prospérer. « Le Xinjiang est l’une des régions où les pénuries structurelles d’eau et de ressources sont les plus aiguës. Par conséquent, le développement d’une économie d’eau agricole efficace est devenu un choix inévitable. »
Depuis plusieurs décennies, la Chine a amélioré ses techniques d’irrigation. « À la fin des années 1970, de nombreux districts ont introduit et promu des technologies d’irrigation de surface améliorées. (...) Parallèlement, des technologies d’irrigation encore plus efficaces et économes en eau, telles que l’irrigation par aspersion et la micro-irrigation (au goutte-à-goutte), ont été introduites. Enfin, à la fin des années 1980, des techniciens locaux ont proposé pour la première fois de pratiquer l’irrigation au goutte-à-goutte sous films plastiques, une technique appelée « irrigation par membrane », qui constituait une avancée majeure par rapport à la technologie traditionnelle d’irrigation de surface. »
Elle a d’abord permis au Xinjiang de produire, avec très peu d’eau, 30 % de la production chinoise de coton. Ensuite, cette technique « s’est étendue, de quelques cultures comme le coton, le raisin et les arbres fruitiers, à presque toutes les productions, les cultures économiques spécialisées comme les poivrons, les tomates, les pommes de terre, le maïs, les betteraves à sucre et les melons pour les semences, ainsi que les cultures céréalières comme le blé et le riz ».
« De 0,506 en 2018, le coefficient d’utilisation de l’eau d’irrigation est passé à 0,573 à la fin de 2022, améliorant encore l’efficacité de l’utilisation des ressources en eau et atténuant les graves conflits entre l’eau agricole et les ressources du sol. »
Les engrais sont venus s’ajouter à l’équation. En intégrant des technologies telles que la culture à haute densité et le couplage eau-engrais, un mode d’application de la technologie de gestion fine de l’eau et de l’engrais s’est créé. « Comparée aux technologies traditionnelles, cette technologie permet d’économiser l’eau et d’augmenter le rendement de manière significative. »
DEUXIEME SESSION
• Un grand projet pour montrer le « visage de la paix » en Afrique José Mulenda, écrivain, juriste et économiste, José Mulenda Zangela est un chercheur indépendant. Depuis plusieurs années, il se bat pour un projet baptisé « Sula ya amani » (en swahili, « visage de la paix »).
Il commença son exposé en rappelant les injustices subies par cette région des Grands Lacs, les morts dans la production de caoutchouc au XIXe siècle, dans la production d’armes pour la Première et la Deuxième Guerre mondiale, jusqu’au génocide de 1994.
Face à cela, le CSP-REGLA (Comité de soutien et de plaidoyer pour la région des Grands Lacs africains, l’association française qu’il préside, agréée en République démocratique du Congo) se bat pour l’aménagement des grands lacs du Rift albertin, à l’est de la RDC, comme alternative pour amener la paix, le développement et la sécurité dans cette partie du pays et dans la sous-région.
Dans ce monde où l’eau se fait de plus en plus rare, Mulenda rappelle que les grands lacs du Rift est-africain – lacs Victoria, Albert, Edouard, Kivu, Tanganyika, Rukwa, Malawi, etc. – figurent parmi les plus grandes étendues d’eau douce du monde. Ils représentent aussi un immense potentiel économique pour l’agriculture, la pêche, le transport, l’hydroélectricité et le tourisme, dans cette région dont le sous-sol regorge de richesses naturelles. Relier ces lacs par étape jusqu’à l’océan Indien dont ils furent, selon d’autres sources, une anse à l’ère quaternaire, est une option fondamentale pour libérer le potentiel culturel et économique de cet espace, afin de garantir l’intégration économique régionale, rétablir l’indispensable préalable de la paix et promouvoir des politiques efficientes.
Ce projet d’innovation infrastructurelle suscite une résilience écologique pour l’aménagement territorial national, articulé, prenant en compte l’urbanisation et l’industrialisation de la République démocratique du Congo. Dans ce contexte, le canal de la Lukuga reliera ce projet au fleuve Congo par le Lualaba à partir du lac Tanganyika.
L’aménagement et l’interconnexion de ces lacs, à l’instar de la région des Grands Lacs au Canada ou de la Rhénanie et du Danube en Europe, à travers respectivement le canal du fleuve Saint-Laurent et le canal de jonction Rhin-Main-Danube, est une option fondamentale pour en libérer le potentiel économique. La RDC est, dans ce contexte, le pivot de cette frontière de développement. • Reconstruire l’Afghanistan et développer tout le bassin de la mer d’Aral Karel Vereycken, journaliste, expert en géoéconomie
Quoi qu’on puisse penser du régime en place à Kaboul, explique M. Vereycken, qui s’est rendu sur place début novembre, les Afghans sont aujourd’hui pleinement déterminés à reconstruire un pays ravagé par 40 ans de guerres et de corruption. C’est dans cette optique que s’inscrit la construction du canal Qosh Tepa, long de 285 km, un effort héroïque de toute une nation pour irriguer près d’un demi-million d’hectares de terres agricoles afin de doubler la production de blé et de devenir un pays exportateur de céréales.
Comment le monde a-t-il réagi ? Le 9 novembre, l’agence de presse Khaama rapportait qu’« Abdul Haq Hamad, ancien chef de la supervision des médias, a déclaré lors d’un débat télévisé que les autorités pakistanaises avaient demandé aux chefs de l’administration talibane, lors d’une réunion officielle, de ‘cesser leurs opérations sur le canal Qosh Tepa’ ». Les autorités pakistanaises s’inquiètent du fait que « grâce à ce canal, l’Afghanistan gagne en autonomie dans la gestion de ses eaux ».
En France aussi, le 7 novembre, Cédric Gras, correspondant du Figaro à Tachkent, a accusé les talibans de creuser « le canal de la discorde (…) un gigantesque canal d’irrigation (...) au détriment des pays en aval et de la mer d’Aral, dont l’approvisionnement en eau et les cultures agricoles sont menacés ».
Quel est l’enjeu réel ? Certes, le nouveau canal va capter une partie de l’eau de l’Amou-Daria qui, avec le Syr Daria, alimente non plus la mer d’Aral mais les vastes cultures de coton d’Ouzbékistan et du Turkménistan. Le bassin de la mer d’Aral capte les pluies de cinq pays d’Asie centrale : Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Ouzbékistan et Turkménistan. Le grand oublié, l’Afghanistan, fait, d’un point de vue géologique, partie de ce bassin. Sur le plan hydrique, ces pays voient leur sort lié car il s’agit d’un « bassin endoréique », où toutes les ressources en eau finissent dans le sous-sol ou dans une sorte de mer intérieure, sans exutoire vers les océans. Devant une ressource relativement finie, une concertation s’impose. Sous le régime soviétique, un système de quotas fut adopté, fixant un pourcentage d’eau pour chacun. Mais les pays « en amont » (Kirghizstan et Tadjikistan, qui tirent 90 % de leur électricité d’une eau abondante en hiver, actionnant les turbines de leurs barrages) rechignent à relâcher leur eau au printemps et en été lorsque les pays voisins « en aval » (Ouzbékistan et Turkménistan) en ont besoin pour irriguer les cultures. Pour compenser leurs pertes pendant ces saisons, l’URSS leur offrait un équivalent en énergie (pétrole). Faute de mieux, ce système a d’ailleurs été maintenu après l’effondrement de l’URSS. En incluant l’énergie dans l’équation du partage de l’eau, l’Asie centrale a su jusqu’à ce jour éviter les conflits liés à l’eau.
Aujourd’hui, plutôt que de déclarer la guerre pour une ressource fixe, l’Afghanistan, qui a légitimement droit de tirer profit de l’eau qu’il apporte à l’Amou-Daria, s’est engagé dans un processus de partage mutuel et met ses partenaires le dos au mur. Cette nouvelle donne exige de tous les pays d’Asie centrale qu’ils investissent dans leurs structures hydroélectriques, et surtout qu’ils adoptent des techniques d’irrigation plus efficaces et moins consommatrices d’eau, telles que celles que l’orateur chinois du Xinjiang a présentées dans la précédente table ronde. • Dans le Croissant fertile, le développement mutuel autour de l’eau est-il possible ? Pierre Berthelot, chercheur associé à l’IPSE, membre de l’Académie de l’eau et directeur de la revue Orients Stratégiques
Après avoir examiné l’intérêt du projet du « Croissant fertile », Pierre Berthelot s’est penché dans un deuxième temps sur les difficultés posées par sa mise en œuvre.
Le projet est évidemment bénéfique. Tous les pays ont intérêt à travailler ensemble pour maximiser les ressources en eau de la région et les projets de développement économique. D’autant plus que les populations augmentent rapidement et qu’il est nécessaire de fournir de l’eau en quantité et en qualité suffisantes aux populations urbaines.
Bon nombre de ces pays se trouvent en situation de pénurie d’eau, ce qui provoque également des tensions internes. Des projets de coopération ont bien été lancés dans le passé, notamment celui entrepris par la Turquie en 1990/91, baptisé « Peace Pipelines ». Riche en eau, la Turquie en offrait aux pays de la région en échange d’une énergie bon marché. Mais cela n’a pas vraiment fonctionné. Les transferts d’eau sont largement critiqués par les experts. On ne peut pas les exclure, disent-ils, mais il faut être prudent : le coût est colossal et l’impact écologique aussi. Il faut aussi une zone de paix... et on sait ce qu’il est advenu des accords d’Oslo. Pierre Berthelot a également mentionné les propositions faites en ce sens par le président égyptien Anouar el-Sadate à Camp David, et par Eisenhower en 1950.
Mais tous ces projets ont été abandonnés, non pas pour des raisons techniques mais pour des raisons politiques. Quelles sont les difficultés de mise en œuvre aujourd’hui ?
M. Berthelot cite l’hydro-hégémonisme des deux puissances concernées : –La Turquie, en position hégémonique parce que les eaux du Tigre et de l’Euphrate prennent leur source dans ses montagnes et qu’elle peut fermer le robinet à sa guise. –Israël, dont les différentes conquêtes en ont fait d’un pays d’aval, un pays d’amont.
Pour pouvoir envisager un projet de coopération, il faudrait que les relations entre ces deux Etats et les autres pays de la région soient apaisées. Cependant, les tensions géopolitiques actuelles empêchent la mise en place du Croissant fertile, tandis qu’un autre concept émerge sur le terrain, celui du « Croissant chiite » : une zone d’influence où le chiisme politique iranien s’étendrait jusqu’au Liban. Pour certains, cette alliance, née de l’intervention américaine, doit être rompue.
Conclusion de l’orateur : « Si nous voulons réaliser ce projet de coopération, parfaitement faisable d’un point de vue technique, cela ne sera possible que par une réconciliation ou un accord minimum entre les Etats-Unis et l’Iran. » • Eau, énergie et principe de densité, au fondement de l’économie physique Sébastien Drochon, responsable questions scientifiques
En tant que responsable des questions scientifiques à l’Institut Schiller, Sébastien Drochon présenta certains des fondements et principes de l’économie physique telle qu’elle a été élaborée par l’économiste américain Lyndon LaRouche, rapportant ces réflexions à la question de l’eau dans l’économie humaine.
Il entreprit d’expliquer ce que signifie accroître la capacité d’accueil d’un territoire donné. Selon ce qu’offre tel ou tel territoire comme conditions de départ, comment assurer l’accès à des logements décents, à la nourriture, à l’eau, et donc, aux infrastructures de base économiques et sociales ?
Il montra comment cet objectif a pour conséquence l’augmentation simultanée de la densité de population, de l’espérance de vie en bonne santé et de la consommation annuelle moyenne d’énergie par habitant, insistant sur l’importance de cette dernière qui, pour beaucoup, peut effrayer ou paraître contre nature. Alors qu’en réalité, l’augmentation de la consommation annuelle énergétique par habitant est permise par l’économie de travail obtenue dans le processus de production, elle-même générée par les sauts successifs de progrès technologiques impliquant une augmentation de la densité de flux d’énergie au sein des processus de production.
Drochon posa alors la question : « Si notre principe s’applique à l’énergie, comment ne pourrait-il pas s’appliquer à la consommation d’eau, qui est intimement liée à l’énergie ? Ne devrions-nous pas rechercher à augmenter aussi la consommation annuelle moyenne d’eau dans notre société pour que son économie soit en bonne santé ? Cette consommation sera permise par les progrès technologiques et scientifiques futurs, où l’eau ne sera plus une ressource ponctionnée, mais sera de plus en plus produite et générée directement par l’action humaine. Qu’il s’agisse du dessalement de l’eau de mer ou de la détection d’aquifères souterrains par la technologie développée par Alain Gachet, cette eau sera le fruit direct d’une plus grande capacité de travail de la société tout entière, assurant ainsi une véritable justice sociale et économique. »
Pour conclure son propos sur la nécessité d’établir une culture du progrès, authentiquement humaine et au service du bien-être général, Sébastien Drochon reprit deux citations particulièrement évocatrices : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » (François Rabelais dans Gargantua) et « Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre » (Marie Curie). • De l’eau en abondance Alain Gachet, Ingénieur des Mines, docteur en physique nucléaire et quantique, et fondateur de la société RTI Exploration
La science peut apporter des solutions, comme l’a démontré très concrètement Alain Gachet.
« On parle beaucoup de l’eau en ce moment, plus que jamais, mais on parle de l’eau de surface, celle qu’on voit ; moi je veux parler de l’eau qu’on ne voit pas ! Il y a vingt ans, en m’intéressant aux propriétés moléculaires de l’eau, j’ai découvert un algorithme qui permet de révéler la danse vibratoire de l’eau sous l’excitation des micro-ondes. Ces micro-ondes sont émises par des satellites radar à 800 km d’altitude et sur des pays entiers.
« Le reste est une affaire de géoscience pétrolière (je suis un ancien pétrolier), ce qui m’a permis d’établir les cartes nécessaires pour pouvoir aider les foreurs. Cet algorithme, que j’ai baptisé ’Watex’ (Water Exploration), me permet de visualiser très concrètement ce que la NASA annonce déjà depuis 30 ans : qu’il y a 100 fois plus d’eau sous la terre que tous les lacs et rivières réunis à sa surface ! L’objectif ? La sécurité hydrique, mais aussi alimentaire, car les cultures traditionnelles dans quasiment le monde entier sont aujourd’hui condamnées par la dérégulation des saisons.
« La pluie n’arrive pas au bon moment et les plantations meurent. Il faut donc irriguer, et une fois qu’on a ces cartographies de l’eau souterraine, ça permet d’élaborer des plans directeurs de développement agricole et industriel pour toutes les institutions qui le demandent et pour les gouvernements, comme j’ai eu l’honneur de le faire au Niger avec le président Bazoum avant le coup d’Etat.
« Sitôt que j’avais inventé cet algorithme, la crise du Darfour a éclaté. J’ai été sollicité et j’ai fait mes premières armes sur l’eau dans les camps de réfugiés du Darfour en 2004-2005, il y a bientôt 20 ans. En Afrique, comme dans le reste du monde, se prépare le pire des drames du XXIe siècle. L’ONU redoute de façon très officielle « un ouragan de famines, dans les semaines et les mois qui viennent », aggravées par les guerres en cours.
« L’Europe n’a pas pris la mesure de ce drame en gestation depuis 30 ans, et l’on voit, depuis près de 15 ans, déferler sur l’Europe des milliers de réfugiés climatiques. C’est cela qui m’indigne. Je le démens personnellement depuis 20 ans en faisant jaillir l’eau dans les zones les plus hostiles de la planète, ce qui m’a valu les honneurs de la NASA en 2016. La tâche qui nous attend est immense et urgente. Arrêtons donc de nous lamenter sur le changement climatique et construisons un avenir ensemble car les solutions existent. »